De l'UE à Troisvierges, sur tous les terrains

De l’UE à Troisvierges, sur tous les terrains

Après un marathon européen préparant de nouvelles dispositions pour décarboner le continent et l’économie mondiale, Joëlle Welfring a accompagné le Grand-Duc dans les prairies humides gérées par la « Fondation Hëllef fir d’Natur ».

Depuis qu’elle a repris les fonctions ministérielles de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Joëlle Welfring a un agenda chargé. On la voit partout, sur des fronts divers et néanmoins cohérents par rapport à ses missions…

Elle a ainsi, notamment, participé à un véritable marathon européen, 17 heures de débats et interventions à Luxembourg, au Conseil « Environnement ». Et pas en vain : avec ses homologues en charge des politiques climatiques et environnementales des 27 États membres de l’Union européenne, une orientation générale s’est dégagée sur les propositions du paquet législatif dit « Ajustement à l’objectif 55 ».

L’accord englobe de nouvelles dispositions sur le marché du carbone, les puits de carbone, la répartition de l’effort entre les États membres, les normes de performance en matière d’émissions de CO2 pour les véhicules légers, ainsi que sur le Fonds social pour le climat.

« Ces 5 propositions législatives sont les pierres angulaires de la mise en œuvre des objectifs de réduction dans la loi européenne sur le climat », précise le ministère luxembourgeois.

Dans le même élan, les ministres européens se sont également accordés sur une proposition visant à réduire le risque de déforestation et de dégradation des forêts associé à des produits mis à disposition sur le marché de l’Union.

Une voix qui se fait entendre

Si les débats ont été longs, c’est que, derrière les consensus de bon ton obtenus vers 2h du matin, il y a régulièrement eu des divergences de vues.

Et la « team Welfring » a déjà la réputation, dans les couloirs des hémicycles européens, d’avoir des positions dignes d’un état ambitieux dans sa politique climatique, portées par une ministre qui, en provenance directe de l’administration, maîtrise les dossiers... et sait les défendre.

Par exemple, sur les normes d’émissions de CO2 des voitures et des camionnettes, Joëlle Welfring a commencé par regretter que « l’ambition du texte n’ait pas pu être relevée, laissant ainsi le potentiel du règlement sous-utilisé, à un moment où les émissions du secteur automobile continuent d’augmenter. Ce manque d’ambition risque d’écarter davantage les économies européennes d’une trajectoire compatible avec l’objectif des 1.5°C de l’accord de Paris ».

Quant au système d’échange de quotas d’émissions (ETS), elle a souligné l’importance de maintenir ce mécanisme dans les paramètres proposés par la Commission, pour s’assurer qu’il reste « l’instrument phare de réduction des émissions dans le secteur des grandes industries » Et, là où certains voulaient modifier le mécanisme de stabilité des prix, elle a plaidé pour la plus grande prudence : « Il a fallu plus de 10 ans avant que l’ETS fonctionne de manière efficace ».

Son compromis ? Élargir l’ETS aux secteurs des bâtiments et transports, pour autant que ce soit accompagné par le Fonds social pour le climat, afin d’amortir les impacts négatifs du système sur les ménages les plus vulnérables.

Autre « pique » : « la ministre a fortement regretté que le risque d’utiliser des instruments climatiques européens pour financer des énergies fossiles n’ait pas été complètement écarté », explique son cabinet. À titre d’exemple, Joëlle Welfring s’est référée à la possibilité de financer du gaz fossile sous le Fonds de modernisation ou des certificats gratuits pour certains réseaux de chaleur urbains fonctionnant aux énergies fossiles.

Zéro déforestation

Les ministres ont aussi délibéré sur la proposition de règlement pour réguler l’import-export de certains produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts (bois exotiques, huile de palme, bovidés, soja, cacao…). Joëlle Welfring a rappelé que le Luxembourg s’est activement engagé pour un renforcement du texte, allant parfois au-delà de la proposition de la Commission, pour éviter le risque d’une relocalisation de la déforestation vers d’autres écosystèmes, inclure d’autres produits (comme le caoutchouc) dans la liste réglementée ou renforcer les dispositions applicables au droit international, notamment en matière de droits humains et en faveur des peuples indigènes.

La « voix du Luxembourg » souhaite aussi que l’on revoit à la hausse les ambitions au moment des négociations entre le Parlement européen et les pays tiers. Plus précisément, Joëlle Welfring défend l’idée qu’il faut parvenir à une définition de la « dégradation forestière » englobant aussi les forêts secondaires (on évoque aujourd’hui les seules forêts primaires) et fixer des mesures de contrôle, des seuils chiffrés pour tous les pays, afin d’éviter un « contournement » du commerce des produits visés, en passant « par des pays à bas risque de déforestation et de dégradation forestière ».

Observations au cœur du pays

Après ses préoccupations européennes dans le grand concert global, Joëlle Welfring s’est immédiatement replongée dans les réalités du Luxembourg. Sur le terrain.

En effet, à l’occasion des 40 ans de la « Fondation Hëllef fir d’Natur », la ministre a accompagné S.A.R. le Grand-Duc pour une visite, bottes aux pieds, de la réserve naturelle Cornelysmillen que natur&ëmwelt gère, au nord de Troisvierges.

L’aréopage grand-ducal a ainsi pu observer la faune et la flore dans les prairies humides classées « Natura 2000 » (plus d’informations dans notre édition de ce lundi 4 juillet). Au plus près des réalités, et donc loin des agitations bureaucratiques ou lobbyistes qu’affectionnent peut-être certains homologues européens...

Alain Ducat
Photos. © Claude Piscitelli / Cour Grand-Ducale / MECDD

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Publié le vendredi 1er juillet 2022
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