Du label au vêtement : visite des sites de production GOTS

Du label au vêtement : visite des sites de production GOTS

Fin 2018, Karel Lambert (Akabo) s’est rendu en Inde pour un périple intense de 9 jours afin de s’assurer que les vêtements bio et équitables certifiés GOTS sont produits selon les critères promus par le label.

Pour Karel Lambert, fondateur de l’Akabobuttek (magasin de mode bio et équitable, voir présentation ici) à Luxembourg-ville, obtenir des certitudes quant à la bonne mise en pratique des critères d’obtention de labels, c’est primordial. Dans la sélection déjà, il a pris le temps d’analyser en détail les paramètres de chaque certification, ce qui lui a permis de relever les labels GOTS, Fairtrade, Fairwear et kbA comme étant les plus pointus. GOTS semble par ailleurs être le plus complet, puisqu’il s’intéresse à l’ensemble de la chaîne de production textile, contrairement aux autres qui se penchent plus précisément sur certaines étapes.

Mais puisque des mots sur papier ou sur écran ne donnent finalement aucune garantie, Karel a ressenti le besoin de se rendre sur place pour vérifier de lui-même que les conditions, matériaux et techniques sont conformes aux exigences des labels.

Du champ de coton aux dernières coutures des vêtements

Fin 2018, il s’est rendu dans le centre de l’Inde à Indore. C’est là qu’on trouve le know-how, c’est là que pousse le coton, mais c’est aussi là que de nombreux abus sont souvent décriés. Il a pu rencontrer des producteurs avec qui il entretenait déjà de bons contacts et a visité les lieux de création des vêtements qu’il reçoit et vend. Entre la commande et la livraison, les étapes sont nombreuses.

Photo 1 : Une plantation de coton dans la région d’Indore

Dans les fermes qui cultivent le coton, quelques employés semblaient très jeunes, mais difficile d’en savoir davantage. Le père de famille a admis qu’il était possible qu’un ou deux mineurs travaillent : cela fait partie de leur culture, de la même manière qu’un fils d’agriculteur de nos régions va aider ses parents dans les champs. On est tout de même loin de l’exploitation d’enfants telle qu’on pourrait l’imaginer, telle qu’elle existe certainement à quelques kilomètres de là.

Une fois récolté, le coton est nettoyé. Cette tâche demande un travail répétitif dans un milieu poussiéreux en raison du traitement des fibres. Un travail pointilleux aussi pour extraire les graines encore fixées sur le coton, sans abîmer la fibre - sa longueur définit la qualité du coton.

Le nettoyage effectué, les bottes de coton sont livrées à une entreprise pour être transformées en tissu. Le périple de Karel l’a mené à la fabrique Maral Overseas Limited. Son activité est dédiée à 90 % environ à du conventionnel, 10 % à du GOTS et seulement 0,5 % à du Fairtrade.

Photo 2 : Production de fil de coton chez Maral Overseas Limited

Sur place, il a pu constater que les ateliers de Maral sont équipés de technologie dernier cri. Les lieux sont aérés, clairs, on aurait pu se croire en France ou ailleurs. Les collaborateurs ont droit à des congés, à des pauses de midi, à du thé dans l’après-midi… Autant d’éléments qui semblent acquis dans nos pays européens, mais qui sont loin d’être légion dans les usines textiles d’Inde ou du Bangladesh.

Photo 3 : Coloration des bobines chez Maral Overseas Limited

Pour le coton certifié GOTS, le fil sur bobine est trempé dans un grand tonneau et est teint à chaud. De cette manière, la teinture est de meilleure qualité et tient plus longtemps. La méthode traditionnelle consiste à teindre le vêtement (ou la partie du vêtement) en bout de chaîne.

Photo 4 : Production de vêtements pour enfants chez Purecotz à Surate

Après avoir visité les lieux de culture et de préparation du coton, le voyage s’est poursuivi en train de nuit en direction de la ville de Surate dans la région de Gujarat. Karel a eu l’opportunité d’y rencontrer Amit Narek, directeur de Purecotz, une grande usine de fabrication de vêtements entièrement certifiée GOTS. Le directeur lui a montré toutes les différentes phases de la production d’un t-shirt. Et il y en a beaucoup. Pour Amit Narek, rencontrer des visiteurs européens ou américains est important afin de les sensibiliser aux problèmes de l’industrie du textile.

Photo 5 : Production de prints GOTS au sein de la firme Purecotz à Surate

Le gérant de l’Akabobuttek s’estime très chanceux d’avoir pu effectuer ce voyage : « Pour moi, ce voyage était une expérience de vie. J’en retiens que mon travail a du sens, que ce que je fais va dans la bonne direction. J’espère qu’un jour la quantité de coton Fairtrade et de vêtements GOTS représentera 90 % du marché mondial, que cette production sera tout simplement normale ! »

Photo 6 : Production de t-shirts de sport de manière conventionnelle au sein du plus grand bidonville du monde, Dharavi, à Mumbai. Ici, le travail est enfants est courant.

Pour aller plus loin…

Akabo propose également des accessoires et bijoux, dont certains sont fournis par People Tree, une marque anglaise. Ils sont réalisés dans des ateliers protégés. Le réalisateur du documentaire « The True Cost » (disponible sur Netflix, voir bande-annonce ci-dessous), Andrew Morgan, a suivi la fondatrice de People Tree, Safia Minney, dans son travail quotidien de valorisation des ouvriers de l’industrie textile.

Légende Photo principale :
Karel Lambert, gérant de Akabobuttek.

Dossier du mois Infogreen « Les dessous du textile »

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Publié le vendredi 22 février 2019
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