« Travailler pour demain avec l'enthousiasme contagieux »

« Travailler pour demain avec l’enthousiasme contagieux »

20 ans après son entrée chez Schroeder & Associés, Martine Schummer siège désormais au comité de direction du bureau d’ingénieurs-conseils. Regard lucide sur un secteur qui se féminise peu à peu, coup d’œil dans le rétro et projection vers le futur durable.

Martine Schummer, vous êtes la première femme à accéder au comité de direction de Schroeder & Associés. Est-ce le symbole d’une carrière ?

Cette nouvelle fonction est évidemment importante pour moi : on me confie une responsabilité supplémentaire et j’en suis très honorée. J’ai commencé chez Schroeder en 2003 en tant que jeune ingénieure civile dans le service « Bâtiments », j’y ai grandi avec mes projets de construction et je suis associée et administratrice depuis 2016. J’étais alors la première femme au conseil d’administration du bureau. Aujourd’hui, parmi les 15 associés-administrateurs, nous sommes deux, Nathalie Muller et moi.

Et je suis désormais au comité de direction, jusqu’ici composé de quatre hommes. Robert Jeworowski partant en retraite, je reprends son siège pour représenter le Département Structure.

Est-ce une percée dans un monde que l’on dit souvent très masculin ?

Quand j’ai commencé mes études en génie civil à l’Université (à Karlsruhe-Allemagne), nous étions déjà un tiers de femmes. Au Luxembourg, les femmes étaient encore rares dans la profession. Quand j’ai été engagée par Schroeder & Associés, j’étais la deuxième femme ingénieure employée par la société. Nous sommes une cinquantaine aujourd’hui.

En fait, je n’ai jamais ressenti un problème dans le fait d’évoluer avec des hommes… ou d’être en concurrence avec eux. Je trouve que la féminisation de la profession est bien engagée depuis des années et qu’elle représente une plus-value pour le secteur. Et j’ai l’impression que l’orientation vers le développement durable va encore l’amplifier. En tout cas, moi, mère de famille et ingénieure, je m’engage vraiment pour l’avenir de nos enfants, qui se bâtit tous les jours.

Il faut plus de femmes dans ces métiers alors ?

Je ne suis pas fan des quotas. Mais je crois dans les compétences, le travail en commun, la diversité des approches et l’engagement. Les spécialités réputées plus techniques ont certes mis plus de temps à attirer les candidates, notamment dans le secteur de la construction. Mais il y a de plus en plus de femmes en génie civil et, chez les architectes, les femmes sont déjà majoritaires.

Il faut encourager les futures ingénieures potentielles, leur montrer ce qui existe, la variété des disciplines et des besoins. C’est un métier technique, intellectuel et très social. Il faut pouvoir discuter avec les clients, les architectes, les entrepreneurs… , aller sur le terrain et convaincre, être capable de s’imposer dans ce qui est également très valorisant sur un plan sociétal : nous participons à des projets d’envergure qui changent le quotidien de milliers de gens, et on peut toucher du doigt ces réalisations.

Un regard vers demain ?

Je prends mes nouvelles fonctions à cœur et avec cœur, dans ce comité de direction qui m’accueille avec ma vision personnelle. Comme dans tout ce que j’entreprends, j’espère avoir un impact, apporter ma touche, une sensibilité, une réflexion, un prolongement naturel de notre stratégie d’entreprise socialement responsable et durablement engagée. Ce sont des sujets qui me motivent et que j’encourage, notamment dans les différents comités - développement durable, RSE, communication…

J’ai toujours bien aimé cette phrase de Baden-Powell, le père du scoutisme : « Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que vous l’avez trouvé ». C’est un peu ma devise et la source de mon engagement que j’essaie de transmettre dans nos projets et dans nos initiatives ; j’espère avoir l’enthousiasme contagieux.

Ces dernières années, avec mes collaboratrices et collaborateurs, nous avons développé les unités de compétence « transformations, revalorisations », « constructions en bois », « conseil en construction durable » et « ressources durables et biodiversité » dans le département « Structure » du bureau. Ces unités sont toutes en relation avec la construction durable. Et il y a des pistes de diversification à prolonger ou à lancer, des opportunités dans l’économie circulaire, la construction saine, les techniques, le conseil, les matériaux, les chaînes de valeur…

Je suis convaincue que les ingénieurs doivent contribuer énergiquement à négocier le virage environnemental et sociétal. En proposant des solutions innovantes, nous travaillons pour demain. Cette mission-là ne peut être accomplie qu’en équipe, voire en famille, dans la coopération et le partage des expériences. C’est la « Schwarmintelligenz » – littéralement l’intelligence de l’essaim- , une forme d’intelligence collective qui est aussi un moteur d’action organisée. Les femmes talentueuses et impliquées au travers de leur métier et de leurs projets y ont évidemment un beau rôle à jouer.

Texte et photo de Schroeder & Associés
Article tiré du dossier du mois « Regards de femmes »

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Publié le mardi 20 février 2024
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