Pour l’agriculture : consolider, promouvoir, innover
Le plan de relance, doté de 5 millions d’euros, prévoit une enveloppe budgétaire conséquente pour la diversification et la promotion des circuits courts et des produits agricoles locaux de qualité.
Relancer le secteur agricole, avec les mesures de soutien les plus appropriées au terrain et à la politique qualitative voulue par le gouvernement... C’est le leitmotiv avancé par le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, Romain Schneider, qui vient de présenter un plan de relance pour l’agriculture doté d’une enveloppe globale de 5 millions d’euros.
Symbolique, du déconfinement, des enjeux et de la vision : la conférence de presse s’est tenue à la ferme pédagogique « A-Schmatten », de Schuttrange. De fait, les fermes pédagogiques, outils de diversification, font partie des secteurs d’activité agricole qui ont particulièrement été affectés par la crise, puisque, entre autres, l’enseignement fondamental était mis en sourdine.
Dans cet esprit, le plan de relance prévoit des mesures ciblées pour contrer les problèmes de trésorerie encourus par les activités qui se sont trouvées dans l’impossibilité d’accueillir le public.
Mais la consolidation n’est qu’un volet du plan. Un deuxième volet, jugé élémentaire, de cette relance sera axé sur la promotion de la production locale.
Les vertus de l’autonomie
Si l’activité essentielle du secteur n’a pas été interrompue durant la crise sanitaire afin d’assurer la chaîne d’approvisionnement, il a fallu faire face aux pertes de marchés, dues par exemple à la fermeture des restaurants ou de la restauration collective. D’ailleurs, Romain Schneider a tenu à remercier chacun pour son engagement et pour avoir su garantir la continuité du processus de production et d’approvisionnement des denrées alimentaires.
« La pandémie aura eu un effet positif : celui de faire prendre conscience du travail des agriculteurs dans la chaîne d’alimentation, de la vraie valeur qualitative de leurs produits, et des dangers d’une trop grande dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger. »
C’est ainsi que le plan prévoit une enveloppe budgétaire substantielle en faveur de la diversification et de la promotion des circuits courts et des produits agricoles locaux de qualité. « Privilégier la production nationale, c’est participer à l’élan de solidarité envers le secteur agricole », souligne le ministre.
Enfin, le troisième volet vise à appuyer l’innovation pour permettre au secteur de contrer les défis alimentaires, environnementaux et climatiques avec les moyens et technologies adaptés.
Producteurs et consommateurs, des partenaires
Romain Schneider a également présenté les adaptations de la loi agraire arrêtées par le Conseil de gouvernement le vendredi 29 mai 2020 et qui s’inscrivent également dans un contexte de relance. De fait, les négociations de la « PAC post 2020 » ayant pris du retard au niveau européen, les nouvelles orientations ne pourront pas être mises en œuvre comme prévu le 1er janvier 2021. Mais il est important de garantir la continuité et la prévisibilité dans la gestion des exploitations agricoles. Les modifications législatives - soit un soutien financier supplémentaire de 4.3 millions d’euros - évitent le vide juridique, assurent le bon fonctionnement de l’activité agricole, et incluent quelques jalons innovants.
Il est ainsi appuyé sur l’aspect qualitatif plutôt que quantitatif lors des aides à l’investissement. Le paquet entend soutenir les équipements innovants et écologiques. Et promouvoir les circuits courts en subventionnant l’agriculture solidaire.
Pour Romain Schneider, il est essentiel de soutenir ces nouvelles formes de partenariat entre producteur et consommateur, qui s’inscrivent dans la politique de promotion des produits locaux, de saison et biologiques. « Ce type de partenariat garantit un revenu stable annuel au producteur et fournit au consommateur toutes les informations sur le mode de production des aliments achetés. Ces nouvelles formes d’agriculture permettent, en outre, aux profils atypiques “Quereinsteiger” de se lancer dans le domaine de la production agricole. La promotion des circuits courts constitue un pas supplémentaire vers diversification de l’agriculture luxembourgeoise. »
Rendez-vous en automne
Romain Schneider a apporté une précision supplémentaire : comme les répercussions économiques de la crise, tant à moyen qu’à long termes, ne sont que difficilement chiffrables à l’heure actuelle, une analyse détaillée du secteur agricole et des changements structurels sur l’année sera faite pour fournir, le cas échéant, des solutions supplémentaires.
Le ministre a encore annoncé que, sur base de cette analyse détaillée, des assises agricoles, en présence du Premier ministre, seront organisées en automne. Il y sera question des problèmes spécifiques, notamment du secteur horticole, ainsi que de l’orientation future de la politique agricole commune (PAC) après 2020.
Alain Ducat
Photo : M.A.