12% de dépenses dans les produits bio
La dernière enquête sur le budget des ménages, menées par le STATEC, révèle notamment que 12% de leurs dépenses alimentaires vont aux produits bio. C’est bien, mais on n’observe pas vraiment (encore ?) le boom escompté et pressenti aux débuts de la crise sanitaire. Des études prochaines le confirmeront peut-être.
« Les ménages octroient 12% de leurs dépenses alimentaires aux produits bio ». C’est l’exergue choisie par le STATEC, en haut de la dernière livraison de son « Regards », n°12, d’août 2020. C’est de fait un des enseignements tirés des résultats de l’enquête sur le budget des ménages (EBM) organisé par l’institut luxembourgeois de statistiques et d’étude socioéconomiques.
D’emblée, le STATEC observe cependant que cette proportion d’achats alimentaires bénéficiant au créneau bio n’a rien d’exceptionnel. « Depuis 2011, la part des dépenses alimentaires privées consacrée aux produits biologiques varie entre 10% et 14% selon les années. On n’observe donc pas vraiment de boom », note l’organe.
Aliments pour bébés, miel, œufs, farines et céréales, lait, fruits et légumes...
Selon l’enquête, les produits biologiques préférés des consommateurs sont l’alimentation pour bébés (38%), le miel (22%), les œufs (20%), les farines et céréales (15%), le lait 12% et les fruits et légumes (10%).
Elle révèle aussi que 81% des produits alimentaires bio sont achetés en grandes surfaces, 9% dans des magasins « discount » et 8% en épicerie. Environ 10% des dépenses de consommation courante sont effectuées hors des frontières luxembourgeoises, dont environ une part de 10% pour l’alimentaire.
Autre précision : si l’achat de produits bio n’est pas significativement différent selon l’âge des consommateurs, il dépend manifestement du revenu du ménage. La part du revenu « alimentation » dans le bio est de 7% pour les revenus modestes et monte jusqu’à 21% pour les ménages disposant d’un revenu mensuel de 6500 euros et plus.
Bien évidemment, il faut observer en parallèle plusieurs phénomènes. Plus le revenu disponible est important, moins la part consacrée aux produits alimentaires diminue. On ne parle pas ici de valeur absolue dépensée (le volume d’euros) mais bien du poids que cela représente dans le budget.
Dans cet écart entre valeur absolue et pourcentage, on doit aussi noter que les dépenses de consommation augmentent de 1,4% en moyenne annuelle depuis 2012. Le graphique ci-dessous permet de visualiser les fortes disparités intervenues en 40 ans dans la manière de consommer les biens et les services.
Les augmentations des parts consacrées par les ménages au logement (pratiquement le double par rapport à 1977) ou aux transports (3,2% en 1977, 8,5% en 2017), par exemple, frappent aussi les esprits.
Un regain à confirmer ?
Dans l’absolu, 12% des dépenses dans le bio, c’est bien. Mais ce n’est donc pas mieux. Attention toutefois, car on parle ici, au travers de l’enquête considérée par le STATEC, des données de 2017 et 2018. Car la rigueur des chiffres et des analyses statistiques a besoin d’un peu de recul.
Nous ne sommes donc pas encore dans une photographie de l’instant.
On sait que, au début de la crise sanitaire au printemps 2020, les commerces agroalimentaires ont connu une mutation des comportements d’achat. Et les produits bio et locaux, le circuit-court en général, semblaient tirer leur épingle du jeu, en se présentant comme une belle alternative, durable.
Ce regain d’intérêt pour les produits bio va-t-il se manifester tout aussi durablement ? De prochaines études sur le budget des ménages le confirmeront peut-être.
Alain Ducat
Photo : Licence Creative Commons
Graphiques : STATEC