2020-2035 : une culture en mouvance

2020-2035 : une culture en mouvance

Objectif 2035 : bye-bye le moteur diesel/essence, hello electric cars et autres solutions alternatives. Le temps presse, les gens sont d’ailleurs eux aussi toujours autant pressés. Il faut trouver comment bouger autrement, sans perdre de temps…

Léger flashback : 2020, pandémie, confinement, télétravail. Par la force des choses, il a fallu repenser les habitudes à bien des égards, et la mobilité en fait partie. La culture du télétravail – dans les limites frontalières qu’on lui connaît –, pour laquelle de nombreux employeurs étaient réticents, a fait ses preuves. Et a libéré les routes. Un soulagement pour la planète. Elle a libéré des places de parking aussi, des places coûteuses pour les employeurs. Que faire de ces places rendues vacantes ? Ouvrir leur accès à plus de collaborateurs, les mutualiser, monitorer leur occupation à l’aide de plateformes de réservation… voire se séparer de quelques emplacements qui seront bien vite accueillis par une entreprise voisine. Une gestion un peu casse-tête et pas forcément dans les cordes du fleet manager.

C’est une des raisons pour lesquelles un nouveau profil s’insère en entreprise : le mobility manager. Au-delà de la flotte de véhicules de société, c’est toute la mobilité qu’il prend en charge. L’occasion de proposer des alternatives plus durables et/ou plus confortables, notamment dans une capitale bien saturée aux heures de pointe.

La gestion de la mobilité, c’est aussi le secteur d’activités de LuxMobility. Depuis 2013, les consultants, pilotés par Patrick van Egmond, accompagnent les entreprises pour faciliter les déplacements domicile-travail des employés. Et clairement, le télétravail a apporté son lot de bouleversements. Manon Pellas, consultante en mobilité urbaine, témoigne : « Pour nous, le télétravail a été un véritable levier en matière de mobilité et d’immobilité. La gestion est complexe car c’est un phénomène récent ».

Le leasing de la trottinette

Et de poursuivre : « Pour une institution européenne installée au Luxembourg, nous avons mis en place un questionnaire destiné à quelque 3.000 collaborateurs afin d’analyser leurs habitudes de déplacement domicile-travail, en comparant l’avant et l’après-pandémie ». Un constat ? « Le covid a disrupté notre quotidien à tant de niveaux qu’il donne finalement aussi l’occasion de changer d’autres habitudes ». Ils sont donc nombreux à vouloir envisager d’autres modes de transport pour le(s) dernier(s) kilomètre(s) et ainsi élargir les possibilités de leasing dans les entreprises : vélos, trottinettes, électriques ou non. Des modes de transports doux, actifs, qui poussent plus à la détente qu’une voiture en plein bouchon.

Au-delà du point de vue matériel, celui de l’accompagnement se pose aussi : « un des freins à la transition de la voiture au vélo ou à la trottinette, c’est la méconnaissance du parcours. Nous proposons donc un coach qui, après avoir analysé les meilleurs itinéraires (sécurité, trafic, pistes cyclables…), va accompagner les collaborateurs dans leur premier trajet et, ainsi, les rassurer. »

Du social au pratique

Pour ces last miles, en ville principalement, les transports en commun sont également une belle option. Gratuits, bien fournis, ils sont l’objet ces dernières années d’investissements conséquents. Train, tram, bus (de plus en plus électrifiés), rares sont les quartiers de la capitale difficiles à rejoindre depuis un P+R. Les navettes autonomes arrivent également au compte-gouttes depuis quelques années pour relier des zones d’activités aux gares, notamment.

Délaisser la voiture n’est pour autant pas à la portée de tous. Ou pas de la volonté de chacun. Au Luxembourg, la voiture (de société) reste un marqueur social fort. Côté pratique, elle est indispensable pour quiconque effectue un crochet sur le trajet domicile-travail : « Un des principaux problèmes est en effet la double destination : les parents qui déposent leurs enfants à l’école ou à la crèche, tous ceux qui profitent du trajet pour s’arrêter afin d’effectuer quelques achats, etc. »

Chez LuxMobility, on n’essaye pas de bannir la voiture à tout prix : « Elle reste un moyen sûr et efficace de se déplacer. Cela ne nous empêche pas d’inciter à la réflexion pour découvrir, peut-être, une manière plus efficace ou plus agréable d’effectuer le même trajet ». Dans un objectif de sensibilisation, l’entreprise prépare actuellement une série de vidéos pour faire connaître d’autres moyens de bouger, tels que l’autopartage, le covoiturage ou la navette autonome.

Une réflexion qui est par ailleurs encouragée par la décision européenne d’interdire la vente de moteurs thermiques à partir de 2035. « Suite à l’annonce, beaucoup de clients ont fait appel à nous pour s’inscrire dans ces nouvelles normes à l’horizon 2035, non seulement pour les émissions zéro carbone, mais aussi pour tout ce qui est lié au bâtiment. Ils souhaitent connaître plus précisément l’impact de la mobilité dans les émissions de l’entreprise ».

Reste que le passage à la mobilité électrique (et/ou à l’hydrogène par exemple) requiert un apport énergétique (vert) colossal, des infrastructures conséquentes et une gestion délicate. Et la culture – les mentalités – va devoir faire son petit bonhomme de chemin, pour accepter une toute nouvelle approche de la mobilité.

Marie-Astrid Heyde
Portrait Manon Pellas : Fanny Krackenberger
Extrait du dossier du mois « 2035 : Lëtz go ! »

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Publié le vendredi 16 septembre 2022
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