6305 ha Natura 2000 en « zone Sûre »
Le comité de pilotage « Uewersauer » fait collaborer 8 zones Natura 2000 à la biodiversité extraordinaire, autour de la Sûre et de ses nombreux affluents
Avec la récente signature de la charte de collaboration du Comité de pilotage (CoPil) Natura 2000 « Uewersauer » à Bavigne, au bord du « Béiweneraarm » (une partie du lac de la Haute-Sûre), c’est le 7e comité du genre mis en place dans le pays, après ceux des « Anciens sites miniers », « Éislek », « Atert-Warkdall », « Mëllerdall », « Mamer-Äischdall-Gréngewald » et du « Guttland Musel ».
La création des COPIL est une mise en œuvre concrète de la loi modifiée sur la protection de la nature (18 juillet 2018), prévoyant la création de 8 comités de pilotage Natura 2000 au Luxembourg. L’objectif principal de ces CoPil est de créer une plateforme régionale permettant une meilleure implication des acteurs locaux, communaux et régionaux, « afin de favoriser le maintien de la biodiversité tout en tenant compte des exigences écologiques, économiques, sociales, culturelles et régionales », de façon dynamique et proactive.
Des sites, des mesures et des financements
Le CoPil « Uewersauer » veille sur 8 zones Natura 2000, pour une superficie totale de 6305 ha :
- Vallée supérieure de la Wiltz/Derenbach-Weischent
- Vallée de la Sûre, de la Wiltz, de la Clerve et de la Lellgerbaach (partiel)
- Vallée supérieure de la Sûre/lac du barrage
- Vallée de la Sûre moyenne de Esch/Sûre à Dirbach
- Schimpach-Carrières de Schimpach
- Perlé-Anciennes Ardoisières
- Vallée supérieure de la Sûre et affluents de la frontière belge à Esch-sur-Sûre
- Région Kiischpelt (partiel)
Ce comité de pilotage est présidé par Philippe Lutty, responsable de la Région Nord de l’Administration de la gestion de l’eau. Un animateur-gestionnaire spécifique, Patrick Thommes, est engagé depuis 2 ans au sein du Naturpark Uewersauer, avec pour rôle d’être la personne de contact et l’intermédiaire régional pour tous les acteurs concernés ou intéressés par Natura 2000 (propriétaires, exploitants, communes, administrations, associations, ONG, grand public, etc.) ; avec le CoPil, il sera la « plaque tournante » pour la mise en œuvre et le suivi des mesures planifiées, pour l’information et l’assistance des différents acteurs sur les divers financements possibles.
En effet, une série de mesures pourront être appuyées par le Fonds pour la protection de l’environnement qui permet de financer des mesures des plans de gestion jusqu’à 100%. Des mesures de renaturation des cours d’eau en zone Natura 2000 sont aussi finançables jusqu’à 100% par le Fonds pour la gestion de l’eau. Et certaines solutions basées sur la nature permettant la prévention d’inondations et autres événements climatiques peuvent également être prises en charge par le Fonds Climat.
Un écosystème unique
Concrètement, le site « Vallée supérieure de la Sûre et affluents » constitue « un des sites nationaux et européens Natura 2000 les plus exceptionnels grâce à son écosystème unique constitué de surfaces d’eau, petits cours d’eau et zones humides et de nombreux biotopes très variés » et il est par conséquent le site phare du nouveau CoPil. Les deux anciennes carrières à Schimpach et Perlé sont aussi deux sites importants d’hivernation pour des colonies de chauves-souris.
Dans la vallée, les espèces-phares sont le castor d’Europe, la gélinotte des bois, la cigogne noire (qui pêche le long des nombreux cours d’eau et nidifie dans les forêts anciennes), le cuivré de la bistorte, la mulette épaisse (Petite moule d’eau douce) ou encore le chat sauvage.
Pour les oiseaux, la Haute Sûre et affluents représentent également une zone du réseau international RAMSAR ; c’est un site extrêmement important pour de très nombreuses espèces, pour la nidification, l’hivernage, la chasse ou simplement comme aire de repos lors des migrations. Outre la cigogne, on y retrouve le balbuzard pêcheur, le cincle plongeur, le martin pêcheur ou le pic noir.
Une gestion durable
Le CoPil veut s’attacher aux mesures principales, à mettre en œuvre ou à perpétuer, comme la restauration des prairies et des zones humides (en particulier le long des nombreux petits affluents de la Sûre, notamment par la protection des berges et l’aménagement de bandes enherbées), la restauration de forêts alluviales et la conversion de résineux en forêts mixtes, le maintien, l’aménagement et la restauration de couloirs écologiques et d’une mosaïque paysagère (haies, arbres solitaires, bandes fleuries, jachères) sur les plateaux agricoles, la lutte contre les espèces invasives, la sécurisation des galeries souterraines comme sites d’hivernation importants de nombreuses colonies de chauves-souris, le marquage d’arbres biotopes et la désignation d’îlots de vieillissement en forêt, ou encore la restauration de biotopes rares (comme la nardaie à Mecher).
Pour le ministère de l’Environnement, qui encadre le processus, « la gestion des flux de visiteurs, la création de zones de quiétude ou la lutte contre la pollution lumineuse ainsi que l’information et la sensibilisation des exploitants, propriétaires et du grand public, seront d’autres mesures importantes à mettre en œuvre par le CoPil. Pour assurer une gestion durable de ces espaces multifonctionnels, avec le développement d’activités très diverses et hétéroclites telles que l’agriculture, la sylviculture, la production d’eau potable, le tourisme ou les activités récréatives et sportives, il est essentiel d’impliquer tous les acteurs principaux dans la gestion durable de ces sites ».
Pour rappel, Natura 2000 est un réseau communautaire de zones de protection de la nature créé en vertu de la directive « Habitats » de 1992. Ce réseau inclut également des zones désignées en vertu de la directive « Oiseaux » et vise à assurer la survie à long terme des espèces et des habitats les plus précieux et les plus menacés en Europe. Natura 2000 est le plus grand réseau de zones protégées au monde.
Au Luxembourg, le réseau Natura 2000 recouvre actuellement 27% de la surface du pays et s’étend sur 70.171 ha. Il comprend 41.588 ha de zones « Habitats », en 48 zones, et 18 zones « Oiseaux » (41.893 ha) qui se superposent à certains endroits.
Alain Ducat
Photos : VisitArdenne / Cigogne Noire / MECDD /
Photo ©MECDD : Patrick Thommes, animateur COPIL Uewersauer, Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable et Philippe Lutty, président COPIL Uewersauer