Adoptons une consommation responsable !
Saviez-vous que l’équivalent de 95 t-shirts sont jetés, chaque minute, au Luxembourg ? Un chiffre interpellant qui peut nous faire réfléchir à notre façon de consommer et de gérer nos vêtements. Chez Caritas, formations et ateliers sont au programme pour interpeller.
Nous sommes tous concernés pour améliorer les conditions de vie dans le monde. Nos comportements ont toujours des conséquences, positives ou non, sur d’autres personnes. En achetant nos smartphones, nos vêtements ou encore nos aliments, nous oublions souvent que des personnes, habitant de l’autre côté de la planète, ne vivent pas dans des conditions décentes. Mais pourtant, ce sont elles qui nous permettent d’assouvir nos envies d’acquérir de nombreux produits.
Caritas Luxembourg est évidemment impliquée pour conscientiser la population à ce constat. Notamment via le programme « Plaidons Responsable. » Basé sur une double dimension politique et citoyenne, il s’agit du programme de sensibilisation de la Coopération Internationale. Il vise à compléter le travail de terrain mené par cette coopération en thématisant les causes et les conséquences des situations d’injustices et d’inégalités sociales. Mais aussi, en analysant les rapports de force qui sont à l’origine de ces dysfonctionnements (ou qui sont perpétrés par eux), pour les comprendre et proposer des alternatives adaptées.
« En tant que citoyen, nous avons tous un pouvoir d’agir sur les situations de pauvreté et d’injustice », souligne Ana Luisa Teixeira, coordinatrice du programme “Plaidons Responsable”. « Nous souhaitons que les progrès écologiques et sociaux s’améliorent conjointement. Afin de sensibiliser l’opinion publique, nous offrons de nombreuses conférences. Nous animons également des ateliers où de nombreux jeunes sont sensibilisés. Ils représentent la génération qui peut améliorer notre société. »
En effet, outre interpeller via des campagnes fortes sur les réseaux sociaux ou des actions, Caritas souhaite également donner des outils pour que le monde bouge. « Beaucoup se posent des questions et nous devons leur proposer des réponses solides. L’urgence climatique existe réellement et je ne suis pas certaine que la population soit prête à accepter les défis qui se présentent. Dans un premier temps, il faut tenter d’éradiquer la surconsommation. Nos comportements ont un impact au cœur des pays défavorisés, au Bangladesh par exemple, qui est dépendant à 80% des produits de l’exportation. Ce sont des chiffres à peine croyables mais si on arrête aujourd’hui de produire du textile, on en aura encore pour les six générations à venir. Cela démontre à quel point la surproduction est omniprésente dans une économie qui a pour seul objectif la maximisation des profits. »
Et cette surproduction entraîne une surconsommation. D’après les estimations, chaque citoyen au Grand-Duché jette 12,26 kg de textiles et vêtements par an, alors que seulement 0,02% sont réutilisés au Luxembourg dans des activités d’upcycling vestimentaire. L’évolution des déchets textiles est en hausse permanente, tandis que le budget consacré par les ménages pour les habits et les chaussures est en baisse. Comment ? Car les prix baissent suite à une grande production.
« Ce sont des chiffres assez interpellants. Chaque minute, l’équivalent de 95 tee-shirts est jeté. Et ce, rien qu’au Luxembourg ! Une solution simple existe pourtant. Pour s’habiller durablement, il suffit de conserver ses vêtements le plus longtemps possible. »
Consommer intelligemment
« Au niveau mondial, 40 millions de personnes vivent dans des conditions d’esclavage moderne. Maintenant, je ne suis pas contre la délocalisation de la production de vêtements, comme au Bangladesh. Si tout est fait dans le respect des droits humains, il n’y a aucun souci. Malheureusement, nous sommes encore loin du compte. Et pourtant, je suis persuadée que les gens ne seraient pas contre de payer plus cher si cette différence allait dans les poches des travailleurs et pourraient ainsi contribuer à un vrai développement global. »
C’est évidemment simple sur papier, mais encore faut-il que cela se retrouve dans nos comportements quotidiens. Et les chiffres ne mentent pas. D’après une étude réalisée ensemble avec le Ministère de la protection des Consommateurs, on estime que 7 454 tonnes de déchets textiles sont produites au Luxembourg ! Heureusement, certaines organisations sont toujours sur le terrain pour valoriser les textiles de seconde main. Toujours selon cette étude, 36 tonnes de vêtements ont été distribuées par Stëmm vun der Stross et 96,5 tonnes par la Caritas et Croix-Rouge (Spëndchen) aux personnes dans le besoin au Luxembourg. BENU a, de son côté, upcyclé 1,3 tonnes de textiles et vêtements usagés.
Sébastien Yernaux avec Caritas Luxembourg
Portrait photo : ©Fanny Krackenberger
Photo intérieure : ©Caritas
Chiffres tirés du document « Les flux de textiles au Luxembourg » (https://www.caritas.lu/sites/default/files/publication_flux_de_textiles_2022.pdf)
Article paru dans le dossier du mois « Transmission en mouvement »