Agroforesterie et alimentation
Un bref aperçu de comment les arbres régénèrent l’agriculture nourricière.
Les pratiques de l’agroforesterie réintègrent les arbres aux grandes cultures, aux parcelles maraîchères et aux élevages divers. Les prés-vergers sont probablement l’association la plus connue car ils restent, ici et là, des reliques d’une période où cette pratique était très courante. Pourquoi se contenter de faire paître deux vaches sur un hectare de prairie, alors que cette même parcelle pourrait voir fructifier une centaine d’arbres fruitiers en présence des bovins ? Pour résumer l’agroforesterie, elle augmente la production d’une surface agricole en diversifiant les produits à l’aide des arbres.
Par quel cheminement notre alimentation deviendra-t-elle plus saine en présence d’arbres ? Prenons comme premier exemple les produits issus de l’élevage. Associer des arbres et des haies aux pâturages augmente le confort des animaux. Les arbres font parasol sous la canicule et parapluie... Les haies mettent le bétail à l’abri des bourrasques de vent. Nous pouvons aisément imaginer qu’il s’agit de pâtures agréables à vivre. Un autre avantage concerne le fourrage des animaux (vaches, moutons, cochons, etc.) qui, il y a longtemps, étaient des animaux forestiers. La présence de haies leur permet de brouter une nourriture ligneuse parfaitement bénéfique. L’éleveur peut, lors de sécheresses, couper des branches pour alimenter les bêtes quand l’herbe se fait rare. Par ailleurs, ce régime alimentaire augmente les oméga 3 dans la viande et fait baisser les oméga 6. Ces derniers se retrouvent à fortes doses dans les viandes rouges issues d’animaux nourris au maïs, aux graines... C’est d’ailleurs cette viande, fruit d’élevages industriels, qui est responsable de la classification des viandes rouges comme « probablement cancérigènes » par l’OMS en 2015.
Nous faisons face à deux extrêmes : des vaches qui pâturent sous les arbres, au milieu du bocage, en présence d’herbe verte et, à l’opposé, des bovins passant une grande partie de l’année en stabulation, consommant une nourriture mal appropriée. Une bonne alimentation humaine ne peut être obtenue que par des éleveurs qui permettent au bétail de vivre dans un environnement qui lui est naturel, loin des conditions de torture que connaissent grand nombre d’animaux. Aux esprits chagrins qui vont nous opposer le coût au goût de cette viande de qualité, la réponse est simple : mangez en moins !
Intéressons-nous aux apports de l’agroforesterie dans les productions végétales. L’échelle de ces productions peut s’avérer de dimensions très différentes, mais les logiques agroforestières à l’œuvre sont de même nature. Commençons par les haies, elles sont le couvert et le logis d’innombrables insectes, un véritable biotope au service des cultures. Les arbres alignés entre les cultures procurent l’ombre nécessaire durant les canicules, en automne la chute des feuilles nourrit la faune, qui à son tour enrichit le sol. Une agriculture d’avenir honore et protège ses terres vivantes, riches en matière organique, stockant du carbone, grâce à l’aide des arbres qui mettent fin à l’érosion des sols nourriciers.
Dans de tels sols équilibrés, les intrants chimiques sont voués à disparaître. Produire des fruits, des légumes et des céréales dans de telles conditions engendre une alimentation saine pour l’humain, pas seulement exempte de pesticides, mais véritablement nourrissante.
L’agroforesterie est une fabuleuse réponse à la « malbouffe », tout en prenant soin de notre planète !
Carte verte à Luc Koedinger, chargé du projet Giono de Canopée, coopérative en agroforesterie
Extrait du dossier du mois « Thoughts for food »