Approche européenne de la résistance antimicrobienne dans la santé publique et le secteur vétérinaire
Les pays européens vont unir leurs efforts pour combattre la résistance antimicrobienne dans la santé publique et le secteur vétérinaire.
Tel est le résultat de la conférence ministérielle qui s’est tenue le 10 février 2016 à Amsterdam dans le cadre de la présidence néerlandaise de l’UE. Edith Schippers, ministre de la Santé, du Bien-être et des Sports, et Martijn van Dam, ministre de l’Agriculture, ont accueilli leurs homologues et des experts des 28 États membres.
Pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, les ministres de la Santé et de l’Agriculture se sont rassemblés pour discuter de la menace de la résistance antimicrobienne. Cette approche dénommée Une seule santé souligne l’importance de la coopération entre les secteurs concernés.
Étaient présents, outre les représentants des États membres, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Vytenis Andriukaitis, commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, et Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La Suisse et la Norvège étaient également représentées.
Edith Schippers a averti que le monde courait le risque de perdre le bénéfice de l’un des plus précieux médicaments dont l’humanité n’ait jamais disposé : Passons des paroles à l’action. Évitons de devoir nous retrouver dans dix ans pour constater que nous avons échoué. La ministre a insisté pour accorder une attention accrue à la prévention des infections et à un usage plus prudent des antibiotiques. Elle a également souligné la nécessité de développer de nouveaux antibiotiques et des traitements alternatifs, d’améliorer les diagnostics de façon à utiliser les antibiotiques aussi efficacement et modérément que possible, et de faire un meilleur usage des possibilités de coopération européenne en cas de menace sanitaire transfrontalière.
Martijn van Dam a appelé la conférence à réduire drastiquement l’usage dans l’élevage d’antibiotiques revêtant une importance critique pour les hommes, et a lui aussi indiqué qu’une approche conjointe est capitale : La coopération ne doit pas se limiter aux secteurs de la santé humaine et animale. Elle doit également s’appliquer aux pays, car les bactéries ne se laissent pas arrêter par les frontières. Il y a 70 ans, Alexander Fleming, le découvreur de la pénicilline, nous signalait déjà le risque que les bactéries deviennent résistantes. Un avertissement que nous avons largement ignoré au cours des décennies passées. Il est capital de le prendre enfin en compte. Pour nous, aujourd’hui, mais aussi pour nos enfants. L’appel à agir lancé par les ministres néerlandais a reçu l’aval des autres pays. Le développement de la résistance antimicrobienne est un des défis majeurs de la santé publique et du secteur vétérinaire.
L’usage inapproprié des antimicrobiens fait qu’un nombre croissant de bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. Une simple infection peut à nouveau prendre un caractère mortel. Si les antibiotiques ne sont plus efficaces, même l’opération la plus courante peut comporter un risque inacceptable. La résistance antimicrobienne tue chaque année plus de 25.000 Européens. À cela s’ajoute 1,5 milliard de coûts, pour les journées d’hospitalisation supplémentaires et les mesures de quarantaine. Cette conférence, en grande partie réservée à une assemblée restreinte, ouvre une série de réunions officielles et informelles du Conseil européen qui rassembleront au printemps prochain les ministres de la Santé et de l’Agriculture, et qui devraient permettre d’aboutir à des conclusions. La discussion se poursuivra au cours des prochains mois au niveau européen.
Communiqué de la Présidence néerlandaise de l’UE - http://francais.eu2016.nl