« Beaucoup de citoyens sont prêts ! »
Blanche Weber, présidente du Mouvement écologique, nous livre la vision du Mouvement écologique sur la consommation responsable au Luxembourg et propose des pistes d’amélioration.
Comment définiriez-vous une consommation responsable ?
D’abord peut-être, consommer moins et jouir d’autres aspects de la vie, comme les relations humaines. Pour le reste, c’est consommer des produits dont on sait que des conditions écologiques et sociales essentielles ont été respectées lors de leur production et peuvent l’être, le cas échéant, lors de leur élimination. Dans ce contexte, il faut relever les nouvelles initiatives telles que le carsharing, les repair cafés et d’autres. Une consommation basée sur l’échange est assurément la meilleure.
Quelle est la situation au Luxembourg ? Est-ce que nous sommes des acheteurs responsables ?
En réalité, nous sommes encore loin du compte, mais nous constatons une sensibilité croissante : nous sommes plus en plus nombreux à exprimer notre volonté d’adopter un comportement de consommation plus durable. Au Luxembourg, on prône une croissance matérielle de 3 à 4 % chaque année, alors qu’au-delà d’un certain niveau de vie, ce que les gens recherchent, ce n’est pas un t-shirt supplémentaire ou un nouveau smartphone, mais davantage de choses immatérielles : du lien social ou des conditions de travail agréables, par exemple. J’en veux pour preuve les jardins collectifs et les repair cafés qui fleurissent un peu partout et qui trouvent de plus en plus de support de la part des citoyens. Ce sont ces nouveaux modèles que l’on doit encourager.
Quelles sont les barrières à un tel comportement ?
En tant que consommateur, il est difficile d’y voir clair. Dans certains domaines, comme l’alimentation, on a des labels définis. Dans d’autres domaines, on a parfois l’impression qu’il faut avoir lu une bibliothèque entière pour comprendre ce qui est responsable et ce qui ne l’est pas. Là, la politique devait assumer davantage son rôle. Nul n’est parfait mais chacun peut faire de son mieux et c’est ce qui importe.
Qui est responsable de notre manque de responsabilité selon vous ?
Il y a une interaction entre la responsabilité politique et celle de tout un chacun. La politique exige des citoyens qu’ils fournissent davantage d’efforts et à l’inverse les citoyens attendent que la politique prenne les devants. Chacun montre l’autre du doigt, mais il est évident que les deux ont leur rôle à jouer.
Il est du ressort des politiques d’interdire ou de pénaliser la vente de certains produits comme le glyphosate ou, à défaut, de signaliser explicitement leur toxicité afin de donner un message clair aux consommateurs.
Il leur appartient également d’encourager les modes de production raisonnés, à travers leurs propres achats et de favoriser ainsi le marché en ayant un rôle de précurseur. Mais l’État doit aussi, d’une part, utiliser l’instrument des taxes écologiques en laissant jouer les prix justes et en rendant moins attractif l’achat de certains produits et, d’autre part, soutenir et subventionner davantage certains produits et modes de production tels que l’agriculture bio, où les agriculteurs doivent être davantage soutenus lors de la phase de transition.
D’un autre côté, l’agriculture, la restauration et l’industrie du textile ne suivent pas encore assez la demande qui est, dans beaucoup de domaines, plus importante que l’offre. Beaucoup de citoyens sont prêts, ils mangent et s’habillent de plus en plus bio, régional, végane et ils réclament un changement et une offre accrue. Les acteurs économiques devraient entendre le message et changer de mode de production.
Quelles sont les actions du Mouvement écologique en faveur d’une consommation plus responsable ?
Nous sommes actifs à de multiples niveaux, à commencer par l’Oekofoire que nous organisons pour permettre aux consommateurs d’avoir, une fois par an au moins, la garantie de ne trouver que des produits strictement contrôlés sur une seule et même plateforme et pour offrir un marché aux producteurs et aux vendeurs responsables.
Nous menons également des actions en faveur de l’agriculture biologique. Nous avons notamment formulé des propositions concrètes lors l’établissement du nouveau plan de développement rural dans le cadre duquel l’État investit des centaines de millions dans l’agriculture avec un succès limité, malheureusement.
Nous organisons régulièrement des conférences ou des séminaires sur des thématiques liées à la consommation, entre autres, et nous avons ouvert le bistro Oekosoph pour en discuter dans un cadre plus informel. Nous y proposons aussi des produits bio, locaux, végétariens ou végane ainsi que des cours de cuisine végétarienne.
Enfin, la consommation est étroitement liée à la mobilité et nous sommes aussi très actifs sur le plan de la mobilité douce.
Mélanie Trélat