Bilans environnementaux et Rapports ESG : agir intelligemment pour la Terre

Bilans environnementaux et Rapports ESG : agir intelligemment pour la Terre

La transition vers une économie neutre pour le climat et durable d’ici à 2050 ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises. Nombreuses sont celles qui se sont déjà engagées sur la voie de la durabilité, comme en témoigne le volume croissant des investissements durables. Rencontre avec Samuel Majerus, directeur de LSC Environmental Engineering.

Cette transition verte représente un défi pour les entreprises, notamment lorsqu’il s’agit de se conformer aux nouvelles obligations de déclaration et de publication (selon la Directive européenne sur la publication d’informations extra-financières pour les grandes entreprises). Chez LSC Engineering Group, on met tout en œuvre pour que cette transition se fasse en douceur chez leurs clients.

« Actuellement, les entreprises peuvent réaliser leur bilan carbone tout en bénéficiant de certains subsides », souligne Samuel Majerus. « Des aides qui disparaîtront une fois que ce reporting sera devenu obligatoire à cause de la directive européenne liée à la taxonomie européenne (à partir de 2024 pour les grandes entreprises). Il porte notamment sur les émissions de gaz à effets de serre, de consommations d’eau, d’énergie, sur l’efficacité énergétique, mais également sur la gouvernance de l’entreprise, sur les aspects sociaux et d’autres aspects environnementaux. Les entreprises doivent également définir leur stratégie et objectifs à court et moyen terme (par exemple, une flotte 100% électrique d’ici 2025). Bref, tout ce qui rentre en compte pour l’environnement et la durabilité. »

Une analyse qui n’intéresse pas que la planète. « Les banques et les assurances demandent ce rapport environnemental pour les grands investissements. Il existe également plusieurs normes pour la rédaction. Récemment la commission européenne a publié le European Sustainability Reporting Standards. Ce dernier, qui vient de sortir, explique comment le rapport doit être structuré. Une entreprise devra présenter des rapports sur l’incidence de ses activités et de sa chaîne de valeur sur l’environnement et les individus, ainsi que sur la manière dont les questions liées à la durabilité influencent ses flux de trésorerie, sa situation financière et sa performance financière. Notre rôle est donc de conseiller nos clients pour que leur démarche soit complète du début à la fin. Nous les aidons à définir leurs stratégies et leurs objectifs, à récolter les données et à collaborer sur ce rapport selon la méthodologie normée. À l’avenir, il deviendra impératif de produire ce rapport, et il ne faut en aucun cas sous-estimer son importance et sa complexité, surtout lorsqu’il s’agit de démontrer sa conformité avec la taxonomie de l’Union européenne. Notre gamme de services est extrêmement complète, ce qui permet d’éviter de recourir à des tiers pour aborder tous les domaines couverts par ce rapport. »

Même si la protection de la planète est sur toutes les lèvres, s’y lancer concrètement en analysant son impact n’est pas encore la norme. « Depuis 2016, certaines entreprises sont tenues de réaliser un audit énergétique, cependant, il faut constater qu’il n’est pas encore largement adopté. Pourtant, avoir une connaissance approfondie de sa consommation énergétique est fondamental. De plus, une fois cette première étape franchie, il est relativement aisé d’entreprendre une évaluation de son empreinte carbone (Scope 1 et 2). Il est essentiel d’informer les entreprises sur la réelle valeur ajoutée que cela apporte à leur gestion. La maîtrise de la consommation permet de réduire les dépenses inutiles. De plus, il est préférable de s’engager dans cette démarche dès à présent, afin de mettre en place des actions de manière réfléchie, plutôt que de se retrouver contraint par une obligation imminente en 2025 (publication obligatoire en 2025 pour l’année 2024 pour les grandes entreprises). »

Personne ne souhaite être le dernier

En ce qui concerne le secteur de la construction, une nouvelle loi sur les déchets est en préparation pour instaurer un passeport des matériaux. « Ce passeport devra intégrer un bilan carbone. Pour le mettre en œuvre de manière optimale, il sera nécessaire de recueillir des informations sur les émissions de carbone de chaque matériau. Nous collaborons donc actuellement avec des producteurs de ciment, de béton et d’acier au Luxembourg pour élaborer ces fiches techniques (EPD). Pour l’instant, de telles demandes sont principalement formulées dans le cadre de certifications durables comme DGNB et BREEAM. »

Une fois de plus, il est d’une importance capitale, car les banques ne financeront que les entreprises conformes aux critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). « Cette exigence est également valable dans le secteur de la construction, où ces certifications garantissent la conformité à la taxonomie. Tout gravite autour du Green Deal et de son objectif de zéro émission d’ici 2050. Bien que cela représente un défi considérable, je suis convaincu que c’est réalisable si tout le monde s’y engage. Chez LSC, nous avons 35 experts dédiés à l’environnement et à la durabilité. Je suis sûr que nous pouvons atteindre cet objectif, mais il ne faut pas attendre qu’il devienne obligatoire. Personne ne veut être en retard dans cette transition, et il nous incombe d’accompagner nos clients dans cette transition. »

En ce qui concerne l’économie circulaire dans le secteur de la construction en Europe, comment se positionnent les pays ? La France a déjà mis en place des obligations dans la construction. Les pays nordiques sont également en avance. De nombreux appels d’offres publics dans ces pays exigent des bilans environnementaux, avec des classements correspondants. De plus, ils ont déjà défini des seuils à ne pas dépasser. Par exemple, en Suède, si l’on souhaite construire des voies ferrées, il est nécessaire de prouver que les rails respectent un certain niveau d’émissions de CO2. Cette approche est ancrée dans leur mode de fonctionnement depuis des années et a fait ses preuves. Au Luxembourg, bien que nous n’ayons pas encore atteint ce stade, il est encourageant de constater que cela reste envisageable en vertu des lois actuelles régissant les marchés publics. Ces mêmes stratégies seront progressivement introduites pour les bâtiments. Une fois cette phase en place, les autorités publiques, qu’il s’agisse de l’État ou des communes, suivront la même démarche pour leurs appels d’offres. Elles pourront exiger des matériaux prouvant leur bilan carbone. Le Luxembourg a un beau chemin à parcourir pour se mettre au niveau des pays scandinaves, mais il est essentiel de souligner que des subventions sont actuellement disponibles, bien que leur disponibilité disparaîtra une fois que les obligations sont pleinement instaurées. »

Et quid de l’économie circulaire ?

Au Grand-Duché, l’impératif de construction rapide et à moindre coût prédomine souvent, laissant les anciennes pratiques de l’économie linéaire s’imposer. Pourtant, même si la construction d’un bâtiment circulaire peut représenter un coût initial plus élevé, il se révèle nettement plus rentable sur une période de 50 ans par rapport à une construction traditionnelle. Malheureusement, dans un projet de construction, les budgets sont répartis en différentes catégories, notamment les coûts d’exploitation et les investissements, qui sont souvent considérés comme distincts. Lorsqu’il est nécessaire de réaliser des économies, le volet de la durabilité est fréquemment négligé. Il incombe donc à l’État de donner l’exemple en favorisant des pratiques de construction durables. Il est également nécessaire de stimuler les entreprises à s’engager dans cette voie. Il y a encore relativement peu d’entreprises actives dans le domaine de la construction en bois. Cependant, à mesure que leur nombre augmentera, il est plus probable que d’autres entreprises se réorientent vers cette option.

Et en ce qui concerne le bilan carbone chez LSC, quels sont les développements récents ? « Nous avons élaboré un bilan carbone (Scope 1 à 3) et un rapport environnemental qui seront rendus public à la fin de l’année. Le rapport comportera des objectifs concrets visant à parvenir à la neutralité carbone. Chaque année, nous effectuerons une évaluation pour déterminer si nous progressons vers la réalisation de nos objectifs. En ce qui concerne notre siège, nous sommes relativement confiants, car ils ont été conçus pour minimiser au maximum notre impact environnemental. Toutefois, nous devons encore faire des efforts pour réduire nos émissions indirectes (Scope 3), notamment en encourageant nos collaborateurs à opter pour des transports publics plutôt que des véhicules thermiques. Chacune de nos actions a un impact, donc il est essentiel que ces actions soient positives et réfléchies dès le départ. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : Fanny Krackenberger
Aricle tiré du dossier du mois « INCO₂MPATIBLES »

Article
Publié le lundi 20 novembre 2023
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