Ces géants qui tombent
Le passage à la nouvelle décade a été tristement terni par les incendies massifs qui ont ravagé une vaste partie des forêts australiennes. Plus de 11 millions d’hectares sont désormais réduits en cendres, soit 3 fois la surface de la Belgique.
Quasi inextinguibles, ce sont les méga feux, un phénomène d’un genre nouveau qui sévit désormais de façon récurrente de part et d’autre du globe.
Le GIEC souligne le rôle central des émissions de gaz à effet de serre dans ce processus : à l’origine des bouleversements climatiques favorisant les incendies, elles en sont aussi la résultante lorsque les forêts partent en fumée, formant ainsi une véritable boucle de rétroaction. Un cycle infernal qu’il est urgent d’enrayer par une politique volontariste bas carbone, car, il faut le rappeler, après les océans, les forêts constituent le 2e réservoir de carbone. Elles séquestrent annuellement 19 % des émissions anthropiques mondiales.
La principale cause de la déforestation généralisée est la demande agro-industrielle. Selon Mongabay, une plateforme d’information à but non lucratif sur la conservation et les sciences de l’environnement, l’élevage de bétail représente 65 à 70 % de la déforestation en Amazonie, suivi par l’agriculture. L’IPBES relève ainsi que 50 % de l’expansion agricole s’est faite au détriment des forêts, conduisant à une perte ou dégradation rapide des habitats naturels particulièrement dommageables.
Expansion de la culture du soja au Brésil, en Argentine et au Paraguay.
Alors que l’IPBES comptabilise que « plus d’un tiers de la surface terrestre mondiale et près de 75 % des ressources en eau douce sont désormais consacrés à la production végétale ou animale, il semble déterminant de penser la production alimentaire accrue avec des modèles plus efficients ».
Au cœur de la déforestation se trouvent les produits référencés dans les rayons de nos supermarchés. Céréales, viande, papier, avocats, huile de palme… D’où la nécessité de sensibiliser et d’impliquer citoyens et acteurs privés dans les politiques de préservation des écosystèmes forestiers. Des organismes tels que TRASE (Transparent Supply Chains for Sustainable Economies) permettent ainsi de fournir les informations nécessaires aux entreprises afin de comprendre les impacts de leurs chaînes d’approvisionnement sur les forêts.
Aussi, les entreprises qui souscrivent à un principe de compensation de leurs émissions par la plantation se doivent d’aborder le sujet avec précaution car replanter d’un côté ce que l’on a « consommé » de l’autre sans avoir mis en place une stratégie approfondie de réduction des émissions est une ineptie. La limitation des émissions à la source reste la première des priorités. Une politique de replantation doit venir s’inscrire dans un dispositif solide de développement durable de l’entreprise à tous les niveaux.
IMS Luxembourg
Note : Cet article est un extrait du dossier « Le pouvoir empêché des arbres » du Sustainability Mag, magazine édité par IMS depuis 2015.
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IMS (Inspring More Sustainability), association sans but lucratif et réseau leader de la RSE au Luxembourg, accompagne ses entreprises membres vers des pratiques plus durables en termes entre autres d’émissions carbones et de protection de la nature. Plus d’informations sur : www.imslux.lu
Crédit photo : ©TRASE, yearbook 2018
Article paru dans le dossier du mois « Arborescence »