« Chaque année, nous permettons d’économiser 100.000 tonnes de CO2 »
La production d’énergie verte par l’intermédiaire de panneaux solaires a le vent en poupe. Les entreprises l’ont bien compris en utilisant leurs immenses toits et parkings. Un choix décisif pour être autonome et anticiper l’arrivée massive de l’électromobilité. Rencontre avec François Neu, General Manager d’Enerdeal Luxembourg & Group CMO.
Depuis 2009, Enerdeal est un acteur important du marché photovoltaïque, focalisé sur les entreprises. Et pour cause, les projets clés en main de centrales solaires sont proposés aux industries ayant au moins 3.000 m2 de surface.
« Nous apportons une solution all-in pour des gros propriétaires immobiliers et des clients industriels qui ont des projets au sol, en toiture ou sur des parkings. Nous avons réalisé, en 15 ans, un peu plus de 250 Mégawatts. Chaque année, nous permettons d’économiser 100.000 tonnes de CO2. »
La rentabilité au seconde plan
Durant ces dernières années, François Neu constate un changement fort du comportement de ses clients. « Jusqu’en 2019, les gens étaient surtout focalisés sur l’investissement et la rentabilité. Depuis lors, les mentalités diffèrent avec la prise en compte des aspects RSE et des actionnaires, voire des clients et des banques, qui mettent la pression sur les entreprises pour qu’elles investissent dans le solaire. Il y a une véritable prise de conscience par rapport au changement climatique. Beaucoup ont également peur de perdre des clients qui ne souhaitent travailler qu’avec des sociétés non polluantes. Le côté rentabilité est passé au second plan. »
Il y a donc ceux qui redoutent d’être montrés du doigt, et il y a les avant-gardistes qui ont investi dans le solaire depuis de nombreuses années. « C’est le cas de Ceratizit qui a un objectif net zero pour 2030, chez qui nous avons installé un immense carport solaire il y a 3 ans. Idem chez Eurofoil dont le patron m’a expliqué qu’il souhaitait montrer l’exemple avec une approche responsable en plaçant des panneaux sur le toit. Je peux encore citer Streff et la Brasserie Nationale parmi tant d’autres. Il faut vraiment penser sur le long terme et aux nombreux espaces perdus qui peuvent être rentabilisés pour le bien-être de la planète. »
Des investissements, certes onéreux à la base, mais qui s’amortissent assez rapidement. Sans oublier l’électromobilité. « C’est un double challenge facilement gérable. Bien équipées, les entreprises peuvent proposer une solution de recharge tout en produisant leur propre électricité verte. C’est une question de cohérence. Si on continue à charger sa voiture avec de l’électricité venue d’Allemagne, ça n’a pas de sens. Nous apportons des solutions. Il y a une véritable volonté de réaliser de grandes installations au lieu d’y aller progressivement. »
Quid de l’augmentation des prix de l’électricité ? « Le solaire n’est pas la seule solution, elle fait partie d’un ensemble. Son grand intérêt, c’est que la technologie peut être installée en un an, contrairement à l’éolien par exemple, qui peut prendre jusqu’à 10 ans. C’est une technologie extrêmement fiable et ultra maîtrisée. Il n’y a aucune technologie au monde qui a un temps de retour énergétique aussi rapide. Comme tout le monde a des voitures ou des parkings, il faut franchir le pas sans hésiter. »
Passer de la prévention aux amendes
Et François Neu de reprendre les propos de Bertrand Piccard, patron de la fondation Solar Impulse. « Plutôt que de faire peur aux gens, il faut mettre en avant les impacts positifs, l’économie d’énergie et le confort d’utilisation. Ce qui est important, c’est de donner confiance aux investisseurs. Le gouvernement luxembourgeois est proactif dans le secteur et c’est une bonne chose. Maintenant, il peut encore aller plus loin. Je prends l’exemple de la Belgique, et plus particulièrement de la Flandre. Cette dernière oblige toutes les entreprises qui ont des toits de plus de 2.500 m2 et qui consomment plus de 1.000 MWh par an, de s’équiper en solaire pour juin 2025, sinon ce sont des fortes amendes. »
La logique de l’exemplarité est importante aux yeux de François Neu. « Même si les grands groupes ont plus de moyens, c’est important qu’ils montrent l’exemple en consommant une énergie moins chère et propre. Il faut que cela devienne une évidence. Surtout si on intègre le facteur de l’électromobilité. Chez Enerdeal, tous nos collaborateurs roulent en voiture full électrique. Nous avons installé une grosse batterie sur le parking avec des bornes de recharge et du solaire. Bilan, nous sommes totalement autonomes et net zero emission. Personnellement, j’ai une moyenne annuelle de 50.000 kilomètres et tout fonctionne à merveille. »
Et François Neu de conclure en invitant chacun à apporter sa petite pierre à l’édifice. « Un panneau solaire à Luxembourg permet de produire l’énergie nécessaire pour parcourir 1.000 km par an. En moyenne, les gens roulent 15.000 km par an. Ça veut dire que sur une maison, si vous mettez 15 panneaux solaires, vous êtes net zéro. Vous produisez autant d’énergie que ce que vous consommez. Vous allez sauver le monde avec ça ? Non ! Mais si un million de personnes le font, c’est déjà substantiel. »
Sébastien Yernaux
Photos : Enerdeal
Cet article est extrait du ➡️ dossier du mois consacré aux transitions et qui a pour titre « Embarquement immédiat »