Climat : un programme d’action sanitaire pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris
Les participants à la Deuxième Conférence mondiale sur la santé et le climat, organisée par le gouvernement français qui assure la Présidence de la COP21 à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ont proposé des mesures clé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris en vue de réduire les risques sanitaires liés au changement climatique.
Ce programme d’action est une contribution à la COP22, qui se tiendra sous la présidence du gouvernement marocain en novembre 2016 à Marrakech.
Changement climatique et santé
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le changement climatique est déjà à l’origine de dizaines de milliers de décès chaque année. Ces décès sont dus à des épidémies survenant plus fréquemment de maladies telles que le choléra, à la répartition géographique beaucoup plus étendue de maladies comme la dengue et à des événements climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur et les inondations.
Dans le même temps, près de 7 millions de personnes chaque année meurent de maladies causées par la pollution de l’air, telles que le cancer du poumon et l’accident vasculaire cérébral.
Les experts prévoient que, d’ici 2030, les changements climatiques causeront chaque année 250.000 décès supplémentaires imputables seulement au paludisme, aux maladies diarrhéiques, au stress thermique et à la dénutrition. Ce sont les enfants, les femmes, les personnes âgées et les pauvres qui paieront le plus lourd tribut, aggravant les inégalités déjà existantes dans le domaine de la santé, aussi bien entre les populations qu’en leur sein.
Nécessité d’une intervention d’urgence
La conférence a mis en évidence les avantages que représente le passage à des sources d’énergie plus propres. Ces dernières permettront en effet de diminuer les niveaux des polluants climatiques et atmosphériques et de fournir de l’électricité nécessaire de toute urgence aux établissements de santé des pays à revenu faible.
Le secteur de la santé devrait faire de plus grands efforts pour promouvoir des établissements de santé et des technologies à faibles émissions de carbone, qui peuvent en effet simultanément améliorer la prestation de services et réduire les coûts ainsi que l’impact climatique et environnemental.
Les participants ont recommandé le passage à une production alimentaire plus viable et à une alimentation plus saine pour un environnement plus agréable et pour réduire les maladies non transmissibles. Un moyen d’y parvenir serait de promouvoir une alimentation riche en fruits et en légumes, notamment les variétés locales de saison.
Ils ont appelé les pays à adopter une nouvelle approche afin d’établir le lien entre l’évaluation économique des effets sanitaires et le changement climatique, par exemple en calculant les coûts des soins pouvant être évités lorsque les pays investissent dans l’atténuation des émissions et dans la protection contre les risques liés au climat. Afin de poursuivre ces travaux, l’OMS a annoncé la création d’un nouveau groupe de travail qui exposera clairement une approche cohérente de l’économie de la santé et du changement climatique.
Pour ce faire, il est recommandé que les pays consacrent davantage leurs dépenses à la protection de la santé contre les risques liés au climat, tels que les événements climatiques extrêmes et les flambées de maladies infectieuses ; aux sources d’énergie plus propres ; à des systèmes de transports plus viables et à l’urbanisme qui permet également de réduire les risques majeurs pour la santé, par exemple la pollution de l’air dans les villes et les habitations.
Les recommandations mettent également l’accent sur l’intensification du financement consacré au changement climatique et à la santé moyennant des ressources et mécanismes supplémentaires ainsi que des ressources existantes réservées à l’adaptation.
Ils ont prié les différents groupes de parties prenantes de collaborer afin de mettre en évidence des moyens de faire face au changement climatique et d’améliorer la santé, par exemple par l’intermédiaire d’une large coalition pour le climat englobant la santé et l’environnement.
Les participants se sont aussi concentrés sur la nécessité de mesurer les progrès accomplis par les pays en matière de protection de la santé contre le changement climatique et de notification par l’intermédiaire des profils de pays santé et climat OMS/CCNUCC et des indicateurs des objectifs de développement durable. L’OMS a déjà publié des profils portant sur 40 pays.
Pour conclure, ils ont souligné combien il était important que le secteur de la santé assume le rôle de chef de file pour ce qui est d’informer les responsables de l’élaboration des politiques et le public du caractère urgent que revêt le changement climatique, de ses risques graves et croissants pour la santé, des bénéfices que l’on peut obtenir en s’attaquant aux risques liés au climat et aux liens avec des questions connexes ; par exemple le changement climatique et la pollution de l’air. C’est l’objectif de la campagne BreatheLife de l’OMS et de la Coalition pour le climat et l’air pur qui a été lancée durant la conférence.
La Conférence, organisée par l’OMS et le gouvernement français en étroite collaboration avec le gouvernement marocain, a rassemblé plus de 300 ministères, des experts en santé et des praticiens, de organisations non gouvernementales et des experts dans le domaine du changement climatique et du développement durable.
Source illustrations : OMS - brochures Qui est menacé par les changements climatiques ? et Les changements climatiques menacent notre santé
Communiqué par l’OMS - http://www.who.int/