Comme un dimanche sans voiture…
On sait que la crise du COVID-19 a des conséquences énormes, sur tout le monde. Il y a aussi des effets bénéfiques pour la planète, toutes proportions gardées. Infogreen a décidé de relayer aussi quelques tendances à l’opposé des « dégâts collatéraux ». Exemple parmi d’autres : le niveau de pollution de l’air qui baisse en parallèle de la baisse du trafic automobile.
Le confinement est difficile pour tout le monde. Mais on sait aussi que les restrictions, évidemment nécessaires à la lutte contre la propagation du virus, ont des effets induits, déjà mesurables, sur l’environnement. Positif, cela a aussi un sens autre que dans la virologie et l’épidémiologie, même s’il faut se garder de comparer les grands malheurs des uns aux petits bonheurs des autres.
On a vu par exemple que la Chine, pays source du COVID-19 qui a été le premier frappé de quarantaine stricte, a vu baisser significativement le taux de particules fines dans l’atmosphère.
Autre exemple marquant dans l’actualité de ces derniers jours, Venise et ses lagunes, avec le coup d’arrêt au tourisme de masse, retrouvent des eaux claires et poissonneuses.
Moins de NO2 à Bruxelles
En Belgique, les observations et mesures effectuées par la Cellule interrégionale de l’Environnement (Celine) démontrent que la baisse du trafic automobile, induite par les restrictions de déplacement et le confinement des travailleurs, a des conséquences sur la pollution de l’air. Cité par la RTBf, Philippe Maetz, expert auprès de Celine, évoque une situation proche des « opérations » dimanche sans voiture.
La Cellule note par exemple des taux de NO2 en baisse - le dioxyde d’azote, issu notamment des émanations et combustions de moteurs automobiles, provoque des irritations de la gorge, du nez, des yeux, des problèmes pulmonaires, de l’asthme… Selon les données de Celine, depuis le confinement, on atteint en semaine des niveaux d’émission similaires voire plus bas que ceux observés un week-end. Ainsi, au cœur de Bruxelles, les capteurs situés à Arts-Loi – un quartier parmi les plus fréquentés de la capitale – ont enregistré lundi dernier un maximum de 32 microgrammes de NO2 par mètre cube, contre des valeurs « habituelles » régulièrement comprises entre 80 et 110.
10 fois moins que le seuil d’alerte
L’expert interrogé précise que des concentrations plus élevées peuvent aussi être dues à des conditions météorologiques défavorables, comme l’absence de vent ou de pluies. Mais il confirme une évolution favorable, comparable à celles constatées en Chine ou en Italie, et même à l’échelle planétaire.
Les mesures belges montrent que les concentrations de NO2, observées par les stations de surveillance de la qualité de l’air à Anvers, Charleroi, Namur, Mons ou Liège, sont en recul partout, avec des taux oscillant entre 17 et 27 microgrammes/m3. Pour le dioxyde d’azote, le seuil horaire d’alerte de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Union européenne est fixé à 200 microgrammes par mètre cube. « Nous sommes aujourd’hui dix fois en dessous. Et en temps normal, nous avons déjà du mal à respecter la moyenne qui est de 40 microgrammes/m3 », souligne l’expert belge.
Une conclusion s’impose et peut éclairer l’après-crise que chacun souhaite meilleur : en proposant de meilleures alternatives pour la mobilité, en les utilisant intelligemment et de façon librement consentie cette fois, on pourra améliorer durablement les choses.
Alain Ducat
Photo : La sortie du tunnel Belliard donnant sur la rue de la Loi et le quartier européen de Bruxelles (Trougnouf/Licence Creative Commons){{}}