Comprendre le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement
L’association Fairtrade Luxembourg se fixe pour objectif d’attirer l’attention sur les inégalités dans le commerce mondial et promeut un système économique fondé sur des échanges durables et équitables. Pour cela, la formation est une démarche essentielle aussi bien au niveau des générations futures que des responsables achat et des responsables politiques car, pour pouvoir s’identifier comme acteur du changement, il faut comprendre comment ces filières très complexes fonctionnent.
Quels sont vos publics cibles ?
Nous avons déterminé différents publics cibles que sont, pour commencer, les générations futures, que ce soit dans le cadre formel (écoles, lycées, universités) ou non formel (maisons relais, maisons des jeunes). Nos partenaires Fairtrade Zone, Fairtrade Gemeng ou Fairtrade School sont un 2e public cible, adulte cette fois. Le 3e public cible, pour lequel nous sommes en train de développer une offre qui sera mise en place à partir de 2018, est le monde de l’entreprise auquel nous souhaitons proposer des formations qui s’inscrivent dans les politiques de responsabilité sociétale.
En quoi ces formations consistent-elles ?
Elles consistent à expliquer comment fonctionne le commerce conventionnel, d’où proviennent les produits et ce qui ne fonctionne pas dans la chaîne d’approvisionnement. Pour les plus jeunes, nous prenons l’exemple de matières premières qui font partie de leur quotidien comme le cacao ou la banane. Avec les adultes, nous entrons plus en détail sur le fonctionnement du commerce équitable, sur la façon dont la chaîne d’approvisionnement est certifiée et contrôlée et nous abordons des filières plus complexes comme le coton et le textile ou encore les minerais comme l’or qui viennent de zones de conflit et sont utilisés dans la fabrication des bijoux, mais aussi dans celle des smartphones et des laptops.
Qui est à l’initiative de cette démarche dans les entreprises ?
Nous rencontrons deux cas de figure. Certaines entreprises sont au courant que nous proposons ce type de formations. C’est le cas, par exemple, de nos partenaires Fairtrade Zone qui reçoivent chaque année, au moment de leur re-certification, une notification de notre part pour leur rappeler que nous pouvons intervenir pour former leur personnel au sein de leur établissement. Il s’agit donc là d’une démarche proactive de notre part, mais il y a aussi des entreprises qui nous contactent, via un « ambassadeur » Fairtrade interne, pour faire que le personnel ou le dirigeant comprenne la signification du label Fairtrade et adhère à la démarche.
Quel est le format des formations ?
Ils sont très flexibles et vont d’une heure à une demi-journée, en fonction de l’attente de nos partenaires. À partir de l’année prochaine, nous ferons appel à des intervenants externes qui pourront nous appuyer pour des formations plus longues.
Comment se passe la collaboration avec les écoles ?
Nous présentons chaque début d’année notre offre pédagogique qui se compose de différents dossiers (cacao, banane, roses, etc.). Nous avons du personnel qui se déplace pour réaliser ces animations auprès des enfants. Nous avons également déjà organisé une formation pour les enseignants de manière à ce qu’ils puissent répercuter l’information à leurs élèves au cours de différentes sessions tout au long de l’année. Nous privilégions les formations et les actions qui se déroulent en plusieurs interventions, mais la demande concrète reste souvent celle d’une animation de 2 heures.
Et, au niveau des Fairtrade School, qui sont les lycées, comment cela se déroule-t-il ?
Au moment de la certification du lycée Fairtrade School, un groupe d’action en charge de sensibiliser et de déployer le commerce équitable au sein du lycée est formé, auquel nous apportons une formation. Il arrive aussi que des enseignants demandent que notre équipe intervienne dans les classes pour former et sensibiliser les élèves. Ce travail est cofinancé par le ministère de la Coopération.
De quel matériel pédagogique disposez-vous ?
Nous avons développé plusieurs outils, par exemple des jeux de l’oie géants sur les thèmes du cacao et de la banane. On y joue par groupes sur une grande toile posée au sol avec de gros dés. Nous avons aussi édité des bandes dessinées. Nous venons tout juste de publier la dernière. Elle aborde le thème du café et a été dessinée par un jeune artiste luxembourgeois, Antoine Grimée. En parallèle, nous sommes en train d’élaborer un dossier pédagogique qui sera présenté début 2018. Nous avons aussi des sacs pédagogiques qui regroupent plusieurs jeux autour d’une même thématique pour apprendre aux enfants à placer correctement la matière première, puis la matière travaillée à chaque étape de la chaîne de transformation. Nous proposons des jeux de rôle aux adolescents, dans lesquels ils peuvent s’identifier au producteur, à l’exportateur, à l’importateur, au distributeur ou au consommateur et où chacun, en fonction des informations qui figurent sur sa fiche, doit négocier le prix le plus juste. Nous nous basons également sur des films réalisés soit au Luxembourg, soit au niveau international. Nous déployons continuellement notre matériel pédagogique et nous allons travailler sur la partie digitale, afin de proposer des outils innovants pour 2018-2020.
Crédit photo principale : ©TransFair
Mélanie Trélat