Créer de la valeur partagée
Créé en 2007 à l’initiative de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises, l’INDR propose une vision à long terme de la responsabilité sociétale des entreprises, en tant qu’outil de contribution au développement durable, qui est la base de leur pérennité, et en tant que vecteur d’amélioration de leur image de marque. Créer davantage de valeur partagée, tant pour la société que pour les entreprises, c’est le défi que permettra de relever l’édition d’une nouvelle version du Guide d’évaluation à l’intention des entreprises visant le label "Entreprise Socialement Responsable – ESR".
Interview de Norman Fisch, coordinateur.
Comment l’INDR aide-t-il les entreprises à devenir socialement responsables ?
Les attentes des entreprises sont différentes en fonction de leur degré de compréhension et d’intégration de la RSE, c’est pourquoi l’INDR est actif à plusieurs niveaux. Nous travaillons d’abord sur l’éducation, c’est-à-dire la sensibilisation à ce qu’est la RSE et à ce qu’elle peut apporter à l’entreprise et, plus globalement, à la société. Vient ensuite l’évaluation. Il s’agit pour l’entreprise de comparer son comportement à celui qui est défini comme socialement responsable selon les principes de la RSE. C’est notre guide d’évaluation, structuré en quatre chapitres reflétant les multiples thématiques de la RSE, qui permet de faire ce travail. L’entreprise obtient ensuite une note et des recommandations. Elle peut valoriser cette première approche en se lançant dans un engagement RSE. Trois conditions doivent être remplies pour entamer cette démarche : que l’entreprise se soit auto-évaluée, qu’un responsable, formé sur le sujet, ait été désigné pour prendre en charge le projet et, enfin, qu’elle déclare souhaiter être responsable. La dernière phase est celle de l’obtention du label ESR. L’INDR envoie alors un vérificateur qui revoit environ 30% des questions abordées, justificatifs à l’appui.
Pourquoi le label ESR a-t-il été créé ?
Ce label a été élaboré par l’INDR pour avoir un standard luxembourgeois et valoriser ceux qui adhèrent à ce standard, en les distinguant et en communiquant leurs efforts aux différentes parties prenantes afin de créer un cercle vertueux.
En quoi consiste le nouveau Guide d’évaluation ?
Le Guide d’évaluation est un formulaire en ligne disponible gratuitement, à condition de s’inscrire. La taille de l’entreprise, ainsi que son domaine d’activité, doivent être renseignés parce qu’ils ont évidemment une incidence sur leur responsabilité sociétale. Le questionnaire est ensuite adapté en fonction de ces deux critères.
Nous sommes partis de 500 questions, dont nous avons extrait l’essentiel, c’est-à-dire une centaine de thématiques s’accompagnant chacune d’un texte explicatif. L’entreprise peut évaluer son degré de maturité sur chacune de ces thématiques. Les différents niveaux vont de « aucune action » à « partage », qui est la base de la connaissance dans chaque entreprise pour s’améliorer et générer un cycle vertueux en informant les différentes parties prenantes. Les niveaux intermédiaires sont, dans l’ordre, la sensibilisation, la mise en œuvre et le reporting.
Comment les différentes thématiques sont-elles organisées ?
Elles ne sont bien sûr pas abordées en vrac, mais s’articulent autour de quatre chapitres, dont trois sont les piliers de base de la RSE : gouvernance, social et environnement et le quatrième, qui vient chapeauter les trois premiers est la stratégie RSE.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce quatrième pilier ?
La base du système est de créer de la valeur partagée. Autrement dit, avant d’essayer de résoudre ici et là quelques problématiques, essayons de bien comprendre le fonctionnement de notre entreprise, ce que nous voulons en faire, quels impacts économiques, sociaux et environnementaux elle génère et comment elle peut créer de la valeur pour elle-même et, par extension, pour la société. Ce n’est qu’à cette condition qu’une stratégie RSE est pertinente et durable. Chaque entreprise évolue dans un contexte. Elle ne peut pas être compétitive dans une société malade. Protéger les biens, les ressources et les valeurs dont on dépend est ce qui fait que l’approche RSE dégage des impacts positifs tout en étant pérenne.
Quatorze entreprises viennent d’être labellisées, ce qui porte leur nombre à combien au total ?
Actuellement, nous avons généré 74 labels. Mais huit des entreprises pionnières en matière de RSE au Luxembourg ont déjà été re-labelisées et deux d’entre elles ont fusionné donc, arithmétiquement, 65 entreprises ont actuellement le label ESR. Responsabiliser 65 entreprises est une belle réussite pour nous car c’est une vraie masse critique qui a été atteinte pour un petit pays comme le nôtre. Le label ESR est aussi et surtout un des premiers labels de ce type en Europe, un précurseur en la matière. 600 entreprises ont, par ailleurs, été sensibilisées.
Certaines entreprises ont été re-labellisées, ce qui signifie que le label n’est pas définitivement acquis ?
Le label a une durée de trois ans. Dans sa version actuelle, nous essayons chaque année d’obtenir un retour de l’entreprise qui peuvent nous communique ce qui s’est amélioré par rapport au questionnaire initial qu’elle a rempli.
Photo INDR