Des chiffres dans le vert
Il faut du courage politique pour assumer une vision environnementale, à l’échelle d’un pays comme le Luxembourg. Il faut aussi des investissements et du budget. Plongée dans les fonds de l’État.
En matière de décisions politiques au bénéfice de l’environnement et du développement durable, Il y a des gouvernements qui reculent, des présidents qui vont en marche arrière, des hésitations, des reports… Et il y a des avancées. Force est de reconnaître que le Luxembourg se démarque par une note verte qui ne tient pas uniquement de la coloration décorative.
Pour assumer un courage politique, il faut (se donner) des moyens. Le budget 2020 du Luxembourg place, selon la déclaration gouvernementale, la protection du climat et l’amélioration du quotidien des citoyens au rang des priorités. La loi budgétaire prévoit des investissements pour un demi-milliard d’euros, dans la mobilité, le transport public, l’énergie durable ou le développement de la finance durable.
Trois fonds dédiés
L’analyse du budget montre une répartition des investissements environnementaux – 502 millions – qui mise beaucoup sur le train ou le tram (50 % vont au fonds du rail, 5 % aux CFL, 14 % à LuxTram).
Trois fonds dédiés se détachent ensuite : la gestion de l’eau reçoit 17 % du total des dépenses environnementales, le fonds climat et énergie 13 % et la « protection de l’environnement » 1 %.
Ce Fonds pour la protection de l’environnement a en fait plus de 20 ans (loi du 31 mai 1999). Mais, à l’origine, il englobait l’ensemble des actions : assainissement des eaux, lutte contre la pollution, changement climatique (déjà !), gestion des déchets, réhabilitation de décharges et de sites contaminés, protection de la nature et des ressources naturelles…
Désormais, avec des fonds dédiés, le ciblage des actions gagne du terrain.
Un capital dépenses, des recettes affectées
Les détails du budget de l’État permettent de mettre des chiffres sur les choix politiques. Sur 20,62 milliards d’euros de dépenses prévues au budget 2020, près de 2 % sont assignés au ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, soit 403,6 millions d’euros.
Ses dépenses en capital vont par exemple à l’alimentation du fonds pour la gestion de l’eau (97 millions). Qui reçoit aussi 9 millions, produit de la taxe de prélèvement d’eau et de rejet des eaux usées. Et 7 millions d’euros couvrent une participation extraordinaire de l’État dans les investissements du Syndicat des Eaux du Barrage d’Esch-sur-Sûre (SEBES), véritable vivier du pays (lire par ailleurs, article « Au chevet de l’or bleu »).
Le fonds climat et énergie reçoit une contribution prélevée sur les ventes de carburants (88,5 millions), 40 % du produit de la taxe sur les véhicules automoteurs (27,2 millions) ou encore le produit de la vente de droits d’émissions (estimé à 18 millions).
Quant à l’alimentation du fonds pour la protection de l’environnement (55 millions), elle se complète notamment par quelque 4 millions, fruits du nouveau système numérique d’évaluation et de compensation en éco-points pour la protection de la nature et des ressources naturelles.
Alain Ducat
Légende (passerelle ornitho) Le Luxembourg choisit des chemins politiques verts, en se donnant des moyens d’avancer (photo natur&ëmwelt)
Article tiré du dossier du mois « Nature humaine »