Des indicateurs de bien-être en hausse
Selon le rapport PIBien-être du STATEC, qui informe sur la qualité de vie au Luxembourg par l’approche de ses habitants, 2021 a vu bien rebondir des indicateurs malmenés en 2020, pour l’emploi, l’éducation ou encore la santé…
Durant quelques jours, Luxembourg a accueilli la conférence internationale « Wellbeing 2022 : Connaissances pour des décisions éclairées ». Organisée par l’office statistique national, le STATEC, elle a réuni des chercheurs, des administrations, des organismes ou des entreprises engagées autour de la question du bien-être, de la qualité de vie, et surtout de sa mesure dans une société donnée, afin de pouvoir lui donner un impact quantifiable. La notion de PIB, très économique, peut ainsi se trouver un alter ego, le PIBien-être ou Luxembourg Index of Well-being (LIW).
Entre autres débats animés, ce fut l’occasion pour le Directeur du STATEC, Dr. Serge Allegrezza, de présenter les résultats du nouveau rapport sur la qualité de vie au Luxembourg, au travers du PIBien-être 2021. L’ouvrage est co-signé par les spécialistes du STATEC, Fofo Senyo Ametepe, Anne Hartung et Francesco Sarracino.
Les indicateurs disponibles pour le Luxembourg en 2021 renseignent sur les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé, ainsi qu’un indicateur sur les difficultés à joindre les deux bouts, dans le domaine « revenu et patrimoine », comme le PIB par tête. Et, c’est clair, « tous ces indicateurs ont rebondi en 2021, certains très fortement après une baisse plus ou moins importante en 2020 », soulignent les auteurs.
2020 avait parfois frappé dur, malmenant les indicateurs sensibles. C’est là que les hausses sont les plus fortes, en l’occurrence pour la formation continue des adultes, le taux de chômage ou les difficultés financières en fin de mois.
En regardant les perspectives sur un terme plus long, les indicateurs concernant l’éducation restent les seuls à avoir progressé depuis 2010, à l’image du niveau d’études supérieures, passé à 147 points sur une base 100 en 2010. Le STATEC observe en revanche que les indicateurs sur l’emploi (hormis le taux d’emploi, à 105 points), restent en deçà du niveau de 2010 bien qu’ils aient repris du poil de la bête l’an passé, comme le taux de chômage (87 points) ou le temps partiel involontaire (85 points). L’état de santé est un indicateur qui croît continuellement depuis 2018 ; il a retrouvé en 2021 son niveau de 2010.
Les émissions en hausse, la solitude aussi
Il y a aussi des indicateurs qui fâchent… Comme les émissions de gaz à effet de serre, qui sont reparties à la hausse après une forte chute en 2020. L’indice bien-être et qualité de vie en prend un sérieux coup… Mais, et ce n’est sans doute pas un hasard statistique absolu, le PIB/tête, passé à 137 points (toujours sur base 100 en 2010) a aussi solidement rebondi en 2021, attestant de la forte reprise économique…
Inquiétant aussi pour le futur : la solitude a augmenté et la satisfaction de la vie a diminué chez les jeunes !
« Durant chaque trimestre de l’année 2021 », explique le STATEC, « on a demandé aux résidents d’attribuer une note sur 10 à la satisfaction de leur vie actuelle, de leur bonheur actuel, et à la satisfaction de leur vie future ». La meilleure note a été attribuée à la satisfaction dans la vie actuelle, avec un score de 7.0 et de 6.7/10 pour les deux derniers trimestres. Suit le sentiment d’être heureux actuellement, avec des notes moyennes de 6.4 et 6.7/10. Enfin, l’appréciation de leur vie future présente des scores de 6.3 et 6.5/10.
On a également sondé le sentiment de solitude. « Au 3e trimestre 2021, 8.1% des résidents déclarent se sentir toujours ou la plupart du temps seuls - dont 12.9% des personnes âgées de 16 à 24 ans et 9% des personnes âgées de 50-64 ans. Au 4e trimestre, le taux augmente même à 9.1% ».
On peut a contrario noter que 4 résidents sur 5 n’ont que rarement eu ce sentiment, 41% d’entre eux affirmant ne jamais l’avoir connu.
Mais il ressort de ces sondages de bien-être que la solitude devient un problème important pour la jeunesse. Elle touche 15.5% des 16-24 ans.
En parallèle, se manifeste une baisse de la satisfaction dans la vie et du sentiment de bonheur dans cette même tranche d’âge.
Insatisfaction au travail et subjectivité
Le STATEC a aussi interrogé les résidents sur leur niveau de satisfaction au travail. Les personnes faisant des heures supplémentaires et du travail posté, les jeunes salariés aussi, semblent les moins comblés (entre 19 et 15% d’insatisfaits dans ces catégories). Constat interpellant : les non-Luxembourgeois qui résident et travaillent au Grand-Duché, de même que les personnes ayant une ancienneté de 10 ans ou plus chez leur employeur, ont la plus forte probabilité d’être insatisfaits.
L’ouvrage du STATEC propose également une analyse originale « International perspectives on Quality of Life in Luxembourg ». On y compare les pays par le bien-être subjectif, selon la capacité à jouir des ressources dont il dispose (« well-being efficiency »). « L’étude montre que le Luxembourg, bien qu’il bénéficie d’avantages comparatifs comme l’état de santé, le niveau de revenu, la longévité et de capital social, n’en tire pas pleinement partie et peine à transformer ses richesses en bien-être ressenti par les citoyens ».
Ce Luxembourg qui peut mieux faire reste néanmoins dans le groupe des pays les mieux lotis en terme de bien-être subjectif. Ce qui renforce encore l’idée de travailler, ici, chacun à son niveau, à ce bien-être collectif, mesurable et salutaire.
Alain Ducat
Plus d’infos sur le site du STATEC
Photos-Illustrations : STATEC, Infogreen, Shutterstock