Des lieux de stockage provisoires pour des flux optimisés
Solution logistique innovante pour réguler les livraisons sur chantier, le Centre de Consolidation de la Construction est le fruit d’une collaboration entre CLE, le LIST et les CFL. Interview d’Omar Maatar, directeur de travaux chez CLE.
L’entreprise générale CLE a conçu, avec le LIST et les CFL, un Centre de Consolidation de la Construction. Ce CCC, qu’est-ce que c’est ?
À l’origine de cette initiative, un constat : le matériel livré sur un chantier doit être déplacé 8 fois en moyenne avant d’être utilisé et ce, parce qu’il a été livré en avance sur le planning et placé en attendant qu’on en ait besoin sur des zones de stockage déjà très encombrées. Conséquences : une perte de visibilité, de temps et de compétences des salariés.
Mettre sur la route des camions chargés à la moitié de leurs capacités pour livrer au moment opportun n’étant pas rationnel en termes de transports et risquant de générer une pollution inutile, la solution pour optimiser les flux d’approvisionnement se trouve dans la mise en place de lieux de stockage transitoires dont partent des kits de matériaux préparés en fonction de l’avancée du chantier, qui sont livrés par un véhicule justement dimensionné au bon endroit et au bon moment.
C’est le principe même du CCC, et CLE est la 1re entreprise au Luxembourg à l’expérimenter. L’objectif est double : maîtriser les délais d’exécution et les coûts.
La tour Aurea à Differdange a été une première expérience concluante. Pouvez-vous nous en dire plus sur la plus-value apportée par le CCC dans ce projet ?
Plusieurs contraintes logistiques étaient à surmonter dans cet immeuble de 14 étages et 138 logements qui prend place en plein cœur d’une zone urbanisée qui n’offre qu’un seul accès au chantier alors que tous les corps de métier sont amenés à travailler au même moment et qu’aucune zone de stockage n’est disponible. Une approche de gestion des flux parfaitement maîtrisée était donc nécessaire. C’était l’occasion pour CLE d’y tester en conditions réelles la réception et la consolidation des kits, l’identification des commandes en lien avec le planning dans le sens des flux tirés et du tracking des livraisons, la mise à disposition du matériel pour le second œuvre « just-in-time », et les livraisons en horaires décalés qui ont l’avantage d’éviter les embouteillages.
Cette expérience, menée entre septembre 2019 et décembre 2020, a révélé que l’approche CCC permettait de réduire de 50% le nombre de livraisons - donc le nombre de véhicules sur la route et les émissions de CO2 -, de diminuer les coûts de 20%, d’éviter les vols, de satisfaire 98,5% des livraisons et de permettre à l’encadrement de se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée.
Parmi les pistes d’amélioration envisagées après cette expérience : le passage à la mobilité électrique, l’évacuation des déchets via les camions de livraison pour qu’ils ne repartent pas à vide, l’élimination des emballages plastiques, la mise en place d’un système de tournées où un dépôt intermédiaire sera au service de 2 chantiers desservis successivement ou encore la limitation de la période de stockage à 5 jours maximum.
Quel est le rôle de la digitalisation dans cette évolution ?
Parmi les améliorations notables apportées au processus, on peut en effet souligner l’importance de la digitalisation. Un site internet a été créé pour chaque chantier qui intègre le dispositif afin de donner à toutes les parties prenantes une vue d’ensemble sur les réceptions et leur permettre de planifier les livraisons des kits. Les nombreuses fonctionnalités de cette plateforme digitale permettent à chacun de suivre sereinement l’état d’avancement du projet.
Propos recueillis par Mélanie Trélat
Article paru aussi dans le NEOMAG #43
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