
Eau potable : disponible au Luxembourg, compromise au Népal
Les défis d’une bonne gestion de l’eau au Luxembourg, aussi réels soient-ils, paraissent bien anecdotiques dès que l’on s’intéresse à l’accès à l’eau dans les pays en développement. Des ONGD rassemblent ici les fonds nécessaires pour la création de raccordements à l’eau potable là-bas. Exemples avec AEIN, Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal.
Les périodes estivales dans les zones rurales arides de pays en développement, comme le Népal, sont bien souvent synonymes de pénurie d’eau pour les communautés locales. Culture, élevage, hygiène mais aussi l’accès fondamental à l’eau potable pour l’alimentation sont dans ces cas très compromis. Pour pallier ces problèmes, des populations entières comptent sur le soutien des occidentaux.
Au Luxembourg, des Organisations non gouvernementale de développement (ONGD) s’attèlent à améliorer le quotidien de ces communautés. Grâce à des accords-cadres avec le gouvernement luxembourgeois et à une mobilisation des entreprises, des associations et du grand public, elles parviennent à récolter des fonds pour venir en aide aux pays dans le besoin et remplir ainsi certains des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, notamment l’ODD6 : « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ».
Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN) a développé trois projets ces dernières années, au Népal.
Un château d’eau pour Birendranagar
Dans la municipalité de Birendranagar (district de Surkhet), AEIN a fait construire un château d’eau d’une capacité de 100 m³ à proximité d’un réservoir déjà finalisé en 2019. 553 ménages, soit 2.750 personnes, disposent depuis lors d’un raccordement à cette ressource, filtrée pour garantir sa potabilité. Le dispositif peut s’étendre à 2.000 ménages, si bien que de nombreuses personnes des villages alentours souhaitent déménager pour y être intégrées.
« Nous sommes particulièrement fiers des résultats de ce projet, qui revêt une importance critique dans un contexte où le changement climatique aggrave la pénurie d’eau », explique Françoise Binsfeld, directrice de l’ONGD. Quelques tremblements de terre ont également fait disparaître des sources d’eau essentielles.
Birendranagar - Budget de 83.858 euros :
- 80% par le ministère des Affaires étrangères et européennes
- 20% par les clubs Soroptimist Clairefontaine et Melusina
De l’eau potable à Bhattegari et Parseni
Les femmes et enfants consacrent parfois beaucoup de temps à l’acheminement de l’eau depuis des rivières éloignées, vers leurs villages et leurs cultures. À Bhattegari, un projet réalisé en 2024 a permis de créer une nouvelle source d’eau potable pour 245 foyers, regroupant plus de 1.000 personnes, soit l’ensemble du village. Les femmes peuvent allouer le temps gagné à des activités rémunératrices, et les enfants retrouvent les bancs de l’école.
Pour y parvenir, une conduite de huit kilomètres a été creusée pour que l’eau s’y écoule, par gravité, depuis la montagne. Chaque foyer dispose à présent de son propre robinet, contre un seul pour le village auparavant.
2025 est à présent bien lancée, et avec elle un nouveau projet, dans le village de Parseni, où 573 foyers vont profiter d’un accès à l’or bleu tout au long de l’année. Les conditions sanitaires y seront - comme pour les autres régions soutenues -, grandement améliorées, minimisant de la sorte les risques de maladies hydriques et d’autres troubles de la santé liés au manque d’hygiène. « Le Navjyoti Center, un acteur local clé partageant nos valeurs et nos objectifs en matière de développement durable, nous a aidés pour cette mission ».
Bhattegari - Budget de 78.500 euros
- 80% par le ministère des Affaires étrangères et européennes
- 20% par le Groupe Foyer, à travers le programme Payroll Giving et d’autres initiatives de collecte de fonds
Parseni – Budget de 90.808 euros
- 80% par le ministère des Affaires étrangères et européennes
- 15% par la Ville de Luxembourg
- 5% par divers donateurs privés
Une approche participative, du Luxembourg au Népal
« Nous privilégions toujours une approche participative et durable dans nos initiatives, permettant de renforcer l’autonomie des communautés locales tout en assurant la pérennité des infrastructures mises en place », souligne la directrice d’AEIN. Les habitants sont par exemple formés à l’entretien du matériel, afin d’en préserver l’efficacité. Et si l’accès à l’eau est garanti, la frugalité reste de mise, entre autres avec des accès limités à certaines heures par jour. Il n’y a pas une goutte à gaspiller, et les populations sont malgré elles bien habituées à cette sobriété qui les ont menées à une gestion efficace.
« Enfin, nous souhaitons rappeler que l’accès à l’eau potable est un droit fondamental et une condition essentielle pour le développement économique, social et sanitaire des communautés rurales du Népal. Ces projets montrent que, grâce à des actions locales soutenues par des acteurs luxembourgeois, il est possible d’avoir un impact durable et significatif sur les populations les plus vulnérables. »
Françoise Binsfeld, directrice d’AEIN
Pour aller plus loin, ne manquez pas cette vidéo en anglais « From Dreams to Drops : Transforming Nepal with Clean Water »
Marie-Astrid Heyde
Photos : AEIN
Article tiré du dossier du mois « Eau-delà »