En piste… cyclable !
Avant d’être un loisir, le vélo est un moyen de transport pratique, flexible et sain tant pour la planète que pour l’individu. Il retrouve aujourd’hui progressivement sa fonction première dans nos villes saturées. Interview de Monique Goldschmit, présidente de la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ a.s.b.l.
Pourquoi promouvoir le vélo ? Quels sont ses avantages ?
La première raison évoquée par les cyclistes quand on leur demande pourquoi ils utilisent le vélo est qu’il leur permet de gagner du temps et de se rendre où ils le souhaitent, non seulement très rapidement, mais en plus avec un horaire précis : en vélo, parcourir une distance donnée prend toujours le même temps.
La deuxième raison qui motive le choix de ce mode de déplacement est le fait de faire quelque chose pour sa santé : on bouge, on prend l’air et on arrive beaucoup plus frais et dispo au bureau (ou ailleurs) que si on avait passé du temps enfermé dans sa voiture au milieu des embouteillages.
Et, évidemment, l’utilisation du vélo permet aussi de réduire les émissions de CO2 et le bruit.
Quelle place le vélo occupe-t-il aujourd’hui dans les déplacements au Luxembourg ?
Lorsque j’ai commencé à circuler en ville avec mon vélo il y a 25 ans, j’étais une des seules à le faire et je connaissais de vue les rares autres usagers. Aujourd’hui, ce n’est naturellement plus le cas et nous ne sommes plus des pionniers. 100.000 passages avaient déjà été enregistrés sur la passerelle qui relie Bonnevoie à la gare en juillet alors que ce chiffre n’était atteint qu’en septembre au cours des années précédentes. Cela démontre une progression de l’utilisation du vélo. Cette tendance se confirme lorsque l’on s’installe sur un banc ou à une terrasse, par exemple boulevard Roosevelt, et que l’on observe les allées et venues : on voit effectivement de plus en plus de cyclistes.
Quelles sont les entraves à son utilisation ? Quel genre d’initiatives pourrait-on imaginer pour favoriser son utilisation ?
Dans le cadre de la vélo-école*, nous constatons que de nombreuses personnes ne roulent pas à vélo en ville parce qu’elles ont peur et cette peur naît du fait qu’il n’y a pas suffisamment d’espaces sécurisés. Rouler à vélo en soi ne présente pas de risques. Le risque vient des voitures, des bus, des camions et des autres véhicules motorisés qui nous entourent. La sensibilisation et la formation sont à développer pour permettre aux personnes qui souhaiteraient utiliser plus souvent leur vélo de se sentir à l’aise, même dans un environnement où le trafic est multimodal et dense.
Les cyclistes auraient également besoin, en plus de pistes sécurisées, d’un réseau fini et d’itinéraires directs. Les itinéraires cyclistes serpentent beaucoup et le cycliste doit souvent parcourir 3 kilomètres là où l’automobiliste n’en parcourt que 2.
Il y a là un message à faire passer aux autorités ?
La Lëtzebuerger Vëlos-Intiativ regroupe 1.400 membres, et ce chiffre est en augmentation constante, ce qui signifie que de plus en plus de citoyens soutiennent notre cause. Notre objectif est de faire en sorte qu’il soit possible pour chacun de se rendre à vélo où il le souhaite et en toute sécurité. C’est le message clé que nous martelons lors de réunions au ministère du Développement durable et des Infrastructures ou à la Ville de Luxembourg. Nous souhaitons être inclus dans le développement des infrastructures routières afin de favoriser la création de nouvelles pistes cyclables et de garantir qu’elles soient conçues de manière à être sûres pour leurs usagers.
Il faut que les responsables politiques aient le courage d’amorcer le changement vers la mobilité douce qui nous donne de nouvelles chances en termes de qualité de vie, bien sûr, mais aussi en termes économiques. Les cyclistes sont des clients potentiels dans les zones piétonnes. Là où les commerçants craignent de perdre des clients parce qu’ils ne peuvent pas garer leur voiture devant leur boutique, ils gagnent les clients à vélo. Dans le même ordre d’idées, pour un patron, favoriser l’utilisation du vélo pour se rendre au travail en créant des places de stationnement dédiées ou en mettant une douche à disposition des employés, est une possibilité d’avoir des employés plus en forme, plus motivés, plus réceptifs, plus à l’aise.
*La vélo-école est une initiative conjointe de la Ville de Luxembourg et de la LVI dont la mission est de proposer des cours d’apprentissage du vélo aux adultes qui ne se sentent pas à l’aise sur un deux-roues.
Crédit photo : Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ
Mélanie Trélat