En route vers plus de responsabilité pour l’ensemble du secteur financier
ADA est spécialisée dans la finance inclusive dans les pays en développement. Elle porte une attention croissante à l’évolution des pratiques et standards en matière de finance durable afin d’intégrer au mieux cette dimension à ses actions.
ADA (Appui au développement autonome) est une ONG luxembourgeoise qui a comme objectif de soutenir le secteur de la finance inclusive. Elle vise les populations qui n’ont pas accès à la finance traditionnelle. C’est ce que l’on a appelé pendant des années, la microfinance. « Nous intervenons dans les pays en développement où les populations n’ont pas accès aux systèmes bancaires traditionnels », souligne Mathilde Bauwin, responsable gestion des connaissances ADA, leader changements climatiques. « Nous appuyons les institutions financières de ces pays, en particulier les institutions de microfinance, pour qu’elles offrent des services adaptés à ces populations. »
Par nature, parce qu’elle s’adresse à des populations exclues, la finance inclusive vise depuis toujours à avoir un impact positif sur le plan social. « Toutefois, depuis quelques années, on intègre de plus en plus les questions environnementales dans nos projets. On accompagne les acteurs financiers dans les pays en développement dans l’analyse de leurs propres performances sociales et environnementales. Ainsi, ils peuvent se fixer des critères à suivre. On les appuie également pour développer des services financiers qui vont répondre à des besoins sur le plan social et environnemental. Pour prendre un exemple concret, nous aidons à développer des crédits adaptés à l’acquisition d’équipements fonctionnant aux énergies renouvelables (lampes solaires, chauffe-eau solaires, etc.) ou aux activités économiques liées à la chaîne de valeur du bois produit de manière durable. Ces crédits peuvent être destinés aux menuisiers qui vont utiliser du bois local, ou directement aux producteurs de bois qui gèrent des plantations forestières. »
Une réglementation plus transparente
C’est en 2012 que les standards de bonnes pratiques, en termes de gestion de la performance sociale de la finance inclusive, ont été établis. « Dans le secteur financier classique, il n’y a pas de standards déclinés en bonnes pratiques de façon aussi concrète que pour la finance inclusive », poursuit Mathilde Bauwin. « Il y a, en revanche, l’investissement responsable depuis quelques années qui intègre notamment les critères ESG (Environnement Social Gouvernance). Le problème est que, jusqu’il y a peu, chacun pouvait les définir comme il le souhaitait. Il n’y avait donc pas d’homogénéité. Cela a facilité les accusations de greenwashing ou impactwashing. »
Pour répondre à cette problématique, une nouvelle réglementation a vu le jour : la taxonomie établie par l’Union Européenne. « Elle permet d’identifier les activités qui sont durables sur le plan environnemental. Les autres volets (notamment sociaux) seront intégrés dans les années à venir. Cela permet en principe d’avoir des définitions communes sur le caractère durable ou non, même s’il y aura certainement des améliorations à apporter à ces définitions à l’avenir. »
C’est un premier pas qui va dans le bon sens selon ADA, même si ce n’est qu’un début et que des difficultés se posent au niveau de l’application de cette réglementation. « Il y a par exemple de nombreuses nouvelles exigences en termes de reporting pour les acteurs du secteur financier, pour démontrer les résultats des investissements. On commence par identifier la part d’investissements dans des secteurs durables d’après la taxonomie et ensuite, il va falloir mesurer leur impact. C’est une nouvelle démarche qui pèse beaucoup sur les acteurs financiers. Il faut se donner le temps de collecter les informations, de les calculer… Néanmoins, cela reflète la tendance à l’amélioration des pratiques et aux possibilités de diminuer le greenwashing. »
Au niveau du Luxembourg, on retrouve la Luxembourg Sustainable Finance Initiative. « La LSFI a lancé une initiative pour la création d’un groupe de travail, dont ADA fait partie, pour choisir un outil pertinent afin d’évaluer l’impact climatique des investissements financiers. Actuellement, il existe plusieurs méthodes sur le marché et le but est que les acteurs du secteur eux-mêmes sélectionnent la meilleure à appliquer selon leur domaine. Une diversité d’acteurs sont représentés afin que chacun puisse apporter son expertise. »
Tous les moyens sont donc sur la table pour que chacun avance dans la même direction.
Sébastien Yernaux
Photo : ©ADA
Article tiré du dossier du mois « L’âme de fonds »