Faire mieux avec moins
« Faire mieux avec moins », tel est le leitmotiv de Claude Meisch, président du groupe parlementaire du Parti Démocratique (DP), qui décrie les choix de politique sociale faits par l’actuelle majorité, laquelle, malgré l’augmentation des impôts, n’a selon lui ni su contenir les finances publiques ni relever les défis qui se sont présentés à elle.
Interview de Claude Meisch.
Principal parti d’opposition, le DP a mis à mal la coalition CSV/LSAP dans les affaires qui ont secoué le pays, avec le dénouement que nous connaissons. Les motifs étaient donc, selon vous, suffisamment graves pour appeler à des élections anticipées ? Ne pouvait-t-on pas attendre un an comme le prévoyait le calendrier ?
Etant données les dissensions existant au sein de la coalition CSV/LSAP, je ne vois pas comment celle-ci aurait pu gouverner ensemble ne fût-ce que six mois de plus. En effet, il serait erroné que de vouloir résumer l’appel à ces élections anticipées au seul motif du scandale du SREL, qui n’est autre que la raison officielle invoquée.
Sans surprise, le DP s’est montré depuis des années très critique à l’égard de la politique du gouvernement dans un contexte marqué par la montée du chômage et du creusement du déficit. Qu’auriez-vous fait autrement ?
Nous ne nous sommes pas contentés de critiquer le travail effectué par le gouvernement au pouvoir, mais bel et bien fait des propositions concrètes.
Au lieu d’augmenter les impôts, nous aurions avant tout réalisé une radiographie des dépenses publiques et cherché par tous les moyens à les réduire, ce qui n’a nullement été fait.
En ce qui concerne le chômage, nous avons toujours préconisé une politique incitative plutôt qu’une politique d’assistanat, qui passe essentiellement par la formation professionnelle continue. A cette fin, nous avons toujours plaidé pour une refonte complète de l’ADEM – et non un simple « relifting » -, une ADEM qui se verrait également endosser le rôle d’agence de formation continue. C’est le seul moyen de contrecarrer l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi.
Nous estimons que dans de nombreux domaines, on peut faire mieux avec moins d’argent : je pense là notamment aux subventions dans le domaine des énergies renouvelables et de la performance énergétique, qui profitent avant tout aux ménages aisés, au système du crédit d’impôt pour les trajets personnels domicile-travail, qu’il faudrait revoir, à certains choix en matière de politique familiale, tels que les chèques-services et les boni pour enfants, qui devraient être remplacés par une offre de services adaptés. Quant à la politique du logement, elle est très coûteuse et inefficace, les prix poursuivant leur ascension. En résumé, il s’agit de verser moins d’aides afin de pouvoir financer des infrastructures et des services de qualité. Car compte tenu de l’état des finances publiques, on ne peut pas se permettre le luxe de faire les deux.
Accepteriez-vous une coalition avec l’un ou l’autre des partis que vous avez tant décriés ?
Nous n’accepterons de coalition avec le CSV ou le LSAP que si ces derniers changent radicalement de cap, sinon cela n’aurait aucun intérêt. Vous savez, Xavier Bettel et moi-même sommes à peine quarantenaires et très bien dans nos fonctions actuelles. Nous ne sommes donc pas pressés.
Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine