Fairtrade, considérer les droits humains dans nos choix de produits
Le commerce équitable est une alternative au commerce conventionnel qui vise à atteindre plus d’équité dans les échanges entre les producteurs, au sud, et les consommateurs, au nord. Ce modèle tend à trouver des solutions pour améliorer la situation des producteurs mais aussi des travailleurs, et ainsi lutter contre les inégalités et la pauvreté.
Le label Fairtrade garantit au consommateur que chaque produit s’inscrit dans les trois piliers du développement durable. « Au niveau économique, le prix minimum garanti couvre les coûts d’une production responsable et le travailleur est assuré de percevoir un salaire garanti. Au niveau social, les critères définis par l’organisation internationale du travail sont respectés ; ils comprennent l’interdiction de l’exploitation des enfants, de toute discrimination, la liberté syndicale, etc. Au niveau écologique, une majorité de produits sont doublement certifiés – biologique et Fairtrade-, mais le label Fairtrade en tant que tel comprend déjà des éléments environnementaux comme la gestion des cultures, de l’eau et des déchets, l’interdiction des OGM et de certaines substances chimiques », explique Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg.
En plus, les producteurs, qui sont réunis en coopératives gouvernées de manière démocratique, bénéficient d’une prime de développement. « Elle leur permet d’investir dans des projets sociaux à vocation pédagogique comme la construction d’une école, la mise à disposition d’outils ou des formations, dans la lutte contre le changement climatique ou dans l’autonomie des femmes, en leur apportant les outils, les informations ou l’éducation nécessaires pour qu’elles puissent prendre des places importantes dans les coopératives, gérer un budget ou du personnel », souligne-t-elle.
Chaque acteur qui intervient dans la filière Fairtrade – coopérative, plantation, exportateur, importateur, fabricant, torréfacteurs, etc.- est enregistré et certifié par la société Flocert Gmbh qui est habilitée selon la norme ISO 19065. « Elle est en charge de contrôler tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement dans les pays producteurs ou dans ceux où se fait la transformation, ce qui signifie que la filière est entièrement traçable ».
Au Luxembourg, plus de 2 300 produits labellisés sont disponibles, dont environ 180 sont vendus sous une marque locale. Certains, comme le café et la banane, sont des produits phares. Le café a été le premier produit certifié Fairtrade introduit sur le marché luxembourgeois en 1992. L’offre de café Fairtrade s’élargit régulièrement grâce à l’engagement des torréfacteurs luxembourgeois, actuellement on décompte 7 acteurs engagés. De son côté, la banane Fairtrade, introduite en 1999, a une part de marché de plus de 30 %. Ceci est dû à une qualité exceptionnelle et à son prix abordable car le prix d’un kg de banane Fairtrade – aussi souvent certifiée biologique- est plus ou moins équivalent au prix d’une banane conventionnelle.
« À l’heure de la crise actuelle, la solidarité est nécessaire de la part de chacun d’entre nous. C’est ce que représente le commerce équitable. Nous pouvons et devons tous faire preuve de solidarité dans nos actions quotidiennes en nous protégeant et en protégeant les autres et en apportant notre soutien là où l’aide est nécessaire. Cela s’applique aux personnes qui se trouvent dans notre voisinage immédiat. Mais notre solidarité s’applique aussi aux personnes qui nous fournissent des produits tels que le café, le cacao, les bananes ou d’autres matières premières, et pour lesquelles nous nous engageons également en cette période de crise. Si les ventes de produits Fairtrade s’effondrent, l’existence de 1,7 million de petits producteurs et de travailleuses Fairtrade dans les pays en voie de développement sera menacée. En outre, la crainte que les systèmes de santé de ces pays ne soient pas en mesure de faire face à une pandémie est élevée. C’est la raison pour laquelle il est si important, surtout maintenant, de faire preuve de solidarité en achetant des produits Fairtrade », conclut Geneviève Krol.
Mélanie Trélat
Photo : CEO de Fairtrade International Dario Soto Abril et Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg
Article tiré du dossier du mois Consom’acteurs, Holmes ? Alimentaire, mon cher Watson !