Fashion Revolution Day, l'Action de solidarité pour rendre hommage aux victimes de Rana Plaza

Fashion Revolution Day, l’Action de solidarité pour rendre hommage aux victimes de Rana Plaza

Le 24 avril 2013, plus de 1 100 travailleurs et travailleuses de l’industrie textile au Bangladesh ont péri dans l’effondrement catastrophique de l’immeuble industriel du Rana Plaza. 

À l’occasion du « Fashion Revolution Day », qui depuis le drame a lieu chaque année le 24 avril pour rendre hommage aux victimes, Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg ont organisé aujourd’hui une grande action citoyenne de commémoration pour sensibiliser les consommateurs et revendiquer une « fashion revolution » en appelant les décideurs politiques et responsables de grandes chaînes de l’habillement à agir pour une industrie textile sociale, durable et équitable.

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L’industrie textile représente près de 80 % des exportations du Bangladesh et contribue pour plus de 10 % au produit national brut (PNB), employant plus de quatre millions de travailleurs, dont la grande majorité sont des femmes. Cette industrie, qui compte plus de 4 500 usines de tailles diverses qui travaillent majoritairement pour des marques européennes et américaines, joue un rôle crucial dans l’atténuation de la pauvreté au Bangladesh. Cependant, sa croissance rapide et le fait que le gouvernement bangladais a failli à sa responsabilité de faire appliquer ses propres réglementations en matière de construction, ainsi que son code du travail, ont eu pour résultat des violations des droits des travailleurs et de nombreuses usines mal construites et peu sûres.

Au cours des deux années écoulées des efforts sont en cours pour améliorer la sécurité dans les usines du Bangladesh, mais le gouvernement et les détaillants occidentaux peuvent et devraient faire davantage pour que les normes internationales en matière de droit du travail soient appliquées, afin de protéger les droits des travailleurs, y compris leur droit de créer des syndicats et de plaider pour de meilleures conditions.

Dans un rapport* publié cette semaine, l’organisation Human Rights Watch dénonce la situation dans laquelle les ouvrières et les ouvriers de l’industrie textile au Bangladesh sont confrontés encore aujourd’hui : conditions de travail déplorables, attitude antisyndicale de la part des employeurs, qui se traduit parfois par des agressions contre les représentants syndicaux, heures supplémentaires forcées et non payées, agressions physiques et mentales régulières, congés de maternité et de maladie rarement payés…

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Moins de 10% des usines de confection au Bangladesh ont une représentation syndicale, qui pourrait aider les travailleurs à négocier collectivement pour obtenir de meilleures conditions de travail et de sécurité. Dès que des ouvriers tentent de constituer des syndicats, ils sont très souvent menacés, voire licenciés.

Daniela Ragni, coordinatrice de la campagne Fashion Victims de Caritas Luxembourg, qui s’est rendue sur place pour observer de proche les conditions de vie et de travail menées par les ouvriers et leurs familles, confirme les dénonciations et ajoute : Dans cette situation d’exploitation des ouvriers, la vie de leurs enfants, qui sont souvent abandonnés à eux-mêmes pendant les longues journées de travail des parents, reste très précaire. C’est dans ce souci que Caritas Luxembourg travaille avec son partenaire sur le terrain pour améliorer la condition des enfants qui généralement n’ont aucun accès à des systèmes de garde pendant que les parents travaillent. 

Comment augmenter la pression sur le secteur textile sans nuire à l’économie du pays où ce secteur joue un rôle clé ? Quand les entreprises occidentales vont-elles assumer leur responsabilité et contribuer au changement ? Comment le consommateur peut-il s’engager pour une mode responsable et éthique ?

À l’occasion du « Fashion Revolution Day » 2015, qui compte des centaines d’actions dans plus de 70 pays à travers le monde, chacun est encouragé à exprimer son soutien avec ceux qui travaillent dans l’industrie du vêtement et à s’informer sur l’origine de ses vêtements, conformément à la devise « Who made my clothes ? »

Jean-Louis Zeien, le président de Fairtrade Lëtzebuerg, souligne l’importance d’une « fashion revolution » : La tragédie de Rana Plaza il y a deux ans, qui a coûté la vie à plus de 1 100 personnes, a de nouveau montré qu’au lieu d’une « fast fashion », avec la production de plusieurs collections en une saison et des journées de travail de 12 à 14 heures, nous avons besoin d’une « fair fashion » avec des salaires vitaux pour les ouvrières dans les fabriques de textile et les producteurs de coton.

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Pour passer de la « fast fashion » à la « fair fashion », les citoyens jouent un rôle très important. Il faut qu’ils profitent de leurs droits en s’adressant aux politiciens pour exiger des réglementations plus strictes dans le domaine des importations de textiles, et aux entreprises de l’industrie de l’habillement pour demander des pratiques commerciales plus humaines et moins polluantes. Dans les pays producteurs d’habillement, le salaire minimum légal appliqué dans le secteur se situe largement en-dessous du salaire vital. Une rémunération équitable et satisfaisante assurant une existence conforme à la dignité humaine est un droit reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, mais celui-ci est trop souvent bafoué par les grandes multinationales. L’introduction d’un salaire vital, qui est défini comme devant permettre à tout travailleur de subvenir à ses besoins fondamentaux ainsi qu’à ceux de sa famille, est primordiale pour permettre aux ouvriers du secteur textile de vivre décemment et aux pays en question de pouvoir se développer sur le long terme.

Notre façon de consommer peut influencer les conditions de vie des travailleurs dans le secteur de l’habillement. Des labels de qualité et labels sociaux aident à consommer et à se vêtir de manière plus équitable et écologique.

Le label Fairtrade par exemple garantit aux producteurs de coton un prix minimum permettant de mener une vie en dignité ainsi qu’une prime Fairtrade destinée à la réalisation de projets sociaux, le respect des droits du travail et des droits de l’Homme et une production respectueuse de l’environnement. Le système Fairtrade mettra également en place en 2015 un standard textile qui garantira que tous les ouvriers impliqués dans la longue chaîne de production du secteur textile, en plus des producteurs de coton à la base de cette chaîne, profiteront des impacts du commerce équitable.

À côté de l’action à Luxembourg-Ville, l’asbl « Fir de fairen Handel » a organisé ce 24 avril un moment de silence et une représentation à Diekirch devant la Boutique du Monde dans le cadre de leur campagne « Fair Fashion ». Cette campagne, à laquelle Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg sont associés en tant que partenaire, vise à sensibiliser le grand public par rapport aux conditions de travail dans l’industrie textile, mais essaie également d’agrandir l’offre de textiles équitables et responsables au Luxembourg, notamment en organisant une foire « Fair Fashion » les 26 et 27 juin 2015 à Diekirch.

* Rapport de Human Rights Watch intitulé « Whoever Raises Their Head Suffers the Most : Workers’ Rights in Bangladesh’s Garment Factories », publié le 22 avril 2015, basé sur des entretiens avec plus de 160 travailleuses et travailleurs dans 44 ateliers de confection, pour la plupart fabriquant des vêtements destinés à des compagnies de distribution en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.

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Ce rapport est disponible en téléchargement sur notre site www.fairtrade.lu .

Photo Copyright @Daniela Ragny pour Fairtrade Luxembourg

 

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Publié le lundi 27 avril 2015
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