Fast fashion : l’industrie peut-elle trouver un équilibre ?
Le secteur de la mode subit des changements importants sous l’effet de divers facteurs, notamment les pressions réglementaires, les perspectives de profit et l’évolution des comportements des consommateurs. Ces dynamiques ont conduit à une augmentation notable de la fast fashion, principalement en raison de l’augmentation du pouvoir d’achat.
Que savons-nous de l’industrie de la mode ?
D’après Statista*, le Luxembourg est le pays de l’UE où les déchets textiles ménagers par habitant étaient les plus élevés en 2020, soit 8 kilogrammes par personne. Dans la même ligne, les dépenses prévues par habitant pour l’habillement et les chaussures au Luxembourg devraient s’élever à 1.820 euros en 2024, soit l’une des plus élevées d’Europe.
L’adoption des comportements des consommateurs, motivée par des dynamiques générationnelles et des expériences de vie différentes, contribue à un cycle continu de consommation au sein de l’industrie de la mode. Comme les consommateurs continuent d’acheter régulièrement des articles de mode, les grands groupes réagissent en augmentant leur production afin de répondre à la demande croissante. Cette augmentation constante de la consommation n’a pas seulement un impact sur notre économie, mais aussi sur notre planète et notre société.
Par définition, l’industrie de la mode est témoin d’une interaction complexe de facteurs qui façonnent les modèles de consommation et stimulent les activités économiques. Il est essentiel pour les entreprises et les décideurs politiques de comprendre cette dynamique afin de naviguer efficacement dans un paysage en évolution et de répondre à l’adaptation des modes de consommation.
Les dispositions réglementaires peuvent-elles atténuer les incidences socio-environnementales ?
D’ici à 2030, un ensemble de réglementations modifiera fondamentalement le paysage industriel en vue de lutter contre la production et la consommation excessives. Ces réglementations englobent diverses initiatives telles que la stratégie pour les textiles durables et circulaires dans le cadre du Green Deal de l’UE, le règlement sur l’écoconception des produits durables intégrant le cadre pour une conception sûre et durable afin d’atténuer l’impact environnemental des productions de l’UE, la directive sur les rapports de durabilité des entreprises visant à normaliser les informations non financières pour améliorer la transparence, la directive-cadre sur les déchets et le règlement sur les transferts de déchets visant à réduire les déchets locaux et exportés, ainsi que la voie de transition pour un écosystème de la mode durable.
Tandis que les régulateurs tracent la voie à suivre, comment pouvons-nous espérer que les consommateurs adoptent un changement ?
Dans un contexte général, nous observons deux principaux segments de consommateurs distincts, dont les habitudes de consommation sont guidées par des motivations différentes. D’une part, une partie des jeunes générations est fortement influencée par les dernières tendances et accorde une grande importance à la mode. D’autre part, les personnes âgées de plus de 50 ans, qui ont connu des conditions économiques différentes ou qui ont eu un accès limité aux options d’achat plus tôt dans leur vie, en raison de situations économiques et politiques antérieures, manifestent aujourd’hui un désir croissant de posséder davantage de produits.
Parallèlement, un nombre croissant de consommateurs s’intéressent de plus en plus à une mode consciente, en mettant l’accent sur l’impact environnemental et sociétal de leurs achats. Ces consommateurs reconnaissent que pour aller vers un avenir plus durable, il faut non seulement acheter des produits durables, mais aussi réduire la consommation globale. Une tendance notable dans cette direction est le concept connu sous le nom de « règle des 5 », préconisé par un chercheur de l’Université de Genève, qui suggère de limiter les achats de mode à seulement cinq articles par an, y compris les bijoux, les vêtements et les chaussures. Toutefois, l’adoption de cette approche reste limitée par rapport à l’ensemble de la population, seule une minorité d’individus y adhérant activement.
Acheter ou ne pas acheter ?
La question est de savoir si les entreprises sont prêtes à réduire leur production et à adopter la mode consciente. Il s’agit là d’un défi de taille, car cela implique une réduction de la production, ce qui se répercute inévitablement sur les résultats. Par conséquent, une question pertinente se pose : les prix des produits doivent-ils être augmentés pour compenser l’inévitable perte de bénéfices ? Cette question soulève un débat intriguant sur la responsabilité : qui porte la responsabilité ? Les régulateurs, les clients qui doivent adapter leurs habitudes de consommation ou les entreprises qui doivent réduire leur production ? La gestion de ces aspects est indéniablement complexe, et la solution réside dans l’effort collectif. Chaque partie doit contribuer à la promotion d’une société plus éthique et durable.
* EU per capita household textile waste by country 2020 | Statista, https://www.statista.com/outlook/co/consumption-indicators/consumer-goods/luxembourg
Fani Xylouri and Andrada Nastase, Grant Thornton Luxembourg
Contact : sustainability@lu.gt.com
Photo : Grant Thornton
Cet article est extrait du ➡️ dossier du mois consacré aux transitions et qui a pour titre « Embarquement immédiat »