Grand-messe pour l’agriculture durable
Un « Agrarsommet » a rassemblé tous les représentants d’un secteur en quête d’avenir. Parmi les grandes préoccupations, la protection de l’environnement, les modèles durables et les besoins d’une stratégie pour la transition agricole.
Un « sommet », au plus haut niveau possible. C’était une demande émanant du secteur agricole, qui fait son poids dans l’économie et la politique du pays. Et qui est, comme tout le monde, en transition, parfois un peu poussée par les programmes gouvernementaux et/ou européens, notamment en matière d’usage de pesticides (proscrits au Luxembourg), de culture bio et de qualité sanitaire, d’usage ou de disponibilité des terres… Surtout dans un contexte où, fréquemment, dans les visions exprimées ces dernières années, l’agriculture traditionnelle (parfois conservatrice) est pointée comme en grande partie responsable de la perte de biodiversité ou de soucis pour la qualité de l’eau, notamment.
Bref, de grands enjeux pour l’agriculture, la viticulture, l’horticulture, le maraîchage, l’élevage, les cultures… Et de grandes orientations avec lesquelles il faut gérer une situation économique.
La loi agraire en question
Un « Agrarsommet » s’est donc tenu au château de Senningen, en présence d’un panel complet : le Premier ministre Xavier Bettel, Claude Haagen, pour les charges gouvernementales de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural et Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, y ont invité les nombreux représentants de la profession agricole, viticole et horticole et leurs fédérations ou associations respectives.
L’ordre du jour ? La situation économique du secteur, l’avenir des jeunes agriculteurs, l’état d’avancement des travaux législatifs en rapport avec la loi agraire, la volatilité des marchés... ainsi que des thématiques de terrain ayant trait à la protection de l’environnement.
Les échanges, en direct façon hémicycle ou parfois prolongés dans les coulisses en petit comité, ont été, selon les termes consacrés repris par le communiqué officiel, « très constructifs ».
« Plusieurs acteurs ont souligné l’importance de disposer d’une stratégie nationale pour assurer la transition écologique dans le secteur agricole », précise le communiqué de presse gouvernemental, soulignant le « soutien réitéré » du gouvernement Bettel à l’égard du secteur. « La future loi concernant le soutien au développement durable des zones rurales, couramment nommée « loi agraire », tend à assurer la pérennité d’un secteur agricole largement porté par les entreprises de type familiales et offre des incitations pour mieux prendre en compte les exigences environnementales et la fragilité de notre écosystème. »
Que ressort-il de cette réunion ? Le ministre de l’Agriculture s’est engagé à prolonger les échanges réguliers qu’il entretient avec le secteur agricole, « un contact permanent pour l’accompagner lors de la mise en œuvre des nouvelles dispositions émanant de la future loi agraire ». Claude Haagen a une nouvelle fois souligné que « ses services suivront de très près la situation fragile et volatile des marchés agricoles, afin de pouvoir réagir rapidement en cas de détérioration soudaine de l’activité agricole ». Et il se dit persuadé que cette future loi agraire (pour la période 2023-2027) « réussira à assurer un revenu équitable aux producteurs, à soutenir leur compétitivité, à leur garantir de la prévisibilité, à aider mieux les filières en difficulté et à diversifier davantage la production agricole indigène ».
Think Tank pour l’avenir
Alors que tout le monde agricole ne marche pas nécessairement au bio, mais que tous sont encouragés à la durabilité du système, la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring a voulu d’abord rassurer les représentants du secteur agricole. Son ministère « épaulera le secteur dans ses efforts pour mettre en place des modes de culture et d’élevage adaptés à la situation environnementale spécifique de notre pays, particulièrement en matière de protection des eaux et de la biodiversité. Les nouvelles normes et les futurs règlements seront élaborés moyennant un dialogue ouvert où toutes les propositions seront entendues ».
Dans le droit fil des promesses de suivi très étroit, le Premier ministre et les représentants des jeunes agriculteurs ont proposé de créer un « Think Tank » spécifique.
Il a ainsi été convenu d’instaurer un groupe de réflexion, « Zukunftsdësch Landwirtschaft », qui ait pour vocation à se pencher « sur les questions liées à l’entreprise agricole familiale du futur et les conditions-cadres qu’il y aura lieu de considérer aux niveaux environnementaux, économiques et sociaux ».
Les résultats de ces discussions pourront alors animer et stimuler le débat, et ce, est-il précisé, « aussi bien au Luxembourg qu’au niveau de l’Union européenne » où les instances nationales les feront remonter.
Alain Ducat
Photos © SIP / Luc Deflorenne
(de g. à dr.) André Loos, premier conseiller de gouvernement - coordination générale du ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural ; Claude Haagen, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural ; Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d’État ; Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable
(de g. à dr.) Paul Funck, membre du Conseil d’administration de la Chambre d’agriculture ; Louis Boonen, membre du Conseil d’administration de la Chambre d’agriculture ; Guy Feyder, président de la Chambre d’agriculture ; Marc Fisch, membre du Conseil d’administration de la Chambre d’agriculture
(de g. à dr.) Marc Fisch, membre du Conseil d’administration de la Chambre d’agriculture ; Daniela Noesen-Steiger, directrice de la Vereenegung firBiolandwirtschaft Lëtzebuerg a.s.b.l. ; Christian Wester, président de la Centrale paysanne luxembourgeoise (CLP) ; Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable ; n.c. ; Luc Emering, président, Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren ; Marc Weyland, directeur de l’Administration des services techniques de l’agriculture (ASTA)