Greenpeace : la crise actuelle ne peut pas cacher les autres
Les directives et codes de conduite pour contenir la pandémie de Covid-19 continueront de façonner notre vie privée, sociale et professionnelle pendant des semaines et même des mois. Cependant, le réchauffement de notre planète, la destruction progressive de la biodiversité et des sols fertiles ainsi que la pollution de l’eau et de l’air entraîneront beaucoup plus de pertes économiques que le Covid-19.
Les connaissances scientifiques sur le réchauffement de la Terre et sur la perte de la biodiversité sont suffisantes pour agir rapidement sur leurs causes et déterminer de nouvelles priorités.
Deux tiers des émissions à gaz à effet de serre du Luxembourg trouvent leurs origines dans la vente de carburant. En 2019, l’importation de diesel et d’essence a augmenté. Le Luxembourg doit drastiquement réduire cette consommation de pétrole, en particulier par le transport routier qui traverse notre pays, parfois même en faisant un détour en raison du prix favorable du Diesel. L’État doit mettre fin à cette pratique. Il faut renforcer et mettre en place des mesures comme l’augmentation des accises à court termes, comme prévu dans le PNEC.
Dépendance
La crise du coronavirus illustre ce que le Conseil national du développement durable et les organisations non gouvernementales pointent du doigt depuis des années : le Luxembourg est tributaire des ventes de carburant, ce qui nuit non seulement au climat mais présente également un risque conséquent pour les finances publiques. La décision du gouvernement de suspendre l’augmentation des accises sur le carburant n’est pas un bon signal. Le financement du budget de l’État ne peut pas dépendre de sources de revenus qui peuvent disparaître du jour au lendemain. Nous devons maintenant tirer les leçons de cette crise et ne ménager aucun effort pour mettre enfin un terme à cette dépendance. Pendant la crise sanitaire, la vente de pétrole et de diesel a chuté de 50% à 90% pour les différentes pompes à essence. Pour l’État, c’est également, via les accises, une perte sèche de plusieurs millions d’euros.
Greenpeace exhorte le gouvernement à annuler la suspension des augmentations des accises sur les carburants annoncée il y a quelques semaines. La baisse des ventes d’essence et de diesel provoquée par la crise de Covid-19 ne doit pas saper les efforts du Luxembourg pour la protection du climat. Tandis qu’au niveau européen, le Grand-Duché fait campagne pour un “Green Deal”, il continue à domicile d’alimenter sa propre dépendance aux énergies fossiles. Ce sont en grande partie ces dernières qui ont fait augmenter le bilan national de CO2 de 7,5% en 2019 ! Surmonter la crise économique et sanitaire ne doit pas se faire au détriment de la protection du climat.
Servir
Le plan de relance du gouvernement luxembourgeois devra se détourner des entreprises qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité, et non pas viser le retour à une croissance économique à forte intensité de gaz à effet de serre. Le rôle de l’économie doit être de servir le bien commun de ses citoyens, et non l’inverse. À cette heure de grande solidarité, nous devons tout faire pour atteindre cet objectif le plus rapidement possible !
Pour rappel, Greenpeace Luxembourg a lancé une pétition citoyenne dans laquelle l’organisation adresse au gouvernement une série de 5 demandes jugées vitales pour « reconstruire demain », avec l’humanité et l’environnement au premier plan.
Greenpeace Luxembourg
Photo : Greenpeace
Article tiré du dossier du mois Aux actes citoyens !