Implémenter ici ce qui fonctionne là-bas

Implémenter ici ce qui fonctionne là-bas

Déployer des alternatives, c’est une des missions de LuxMobility. Bien que basée au Luxembourg, l’entreprise de consultance agit à l’international.

François Bausch le disait il y a quelques mois : « Il faut faire se déplacer des personnes, pas des véhicules ». Déployer des alternatives, c’est une des missions de LuxMobility.

Bien que basée au Luxembourg, l’entreprise de consultance agit à l’international. Et si ce qu’on mettait en place là-bas pouvait avoir du sens ici ?

Hardware, orgware et software

Le hardware, comme son nom l’indique, renvoie vers tout ce qui est matériel. Le ministre de la Mobilité et des Travaux publics François Bausch a présenté en avril le Plan national de mobilité 2035. De conséquents investissements en infrastructures sont prévus pour accueillir une augmentation de 40% de demandes de mobilité à l’échéance 2035. « Au Luxembourg, on avait vraiment du retard », commente Patrick van Egmond, managing director de LuxMobility. « Le ministre Bausch a donc tout à fait raison d’agir sur les infrastructures pour faire changer le partage modal, en déployant le tram au-delà de Luxembourg-ville, en instaurant des couloirs de covoiturage, en sortant les voitures des quartiers, etc.. Mais pour que ce plan mobilité soit tout à fait efficace, il ne faut pas négliger le orgware et le software. »

« Par orgware, on entend tout ce qui concerne l’organisation, la mise en place de solutions de mobilité, la manière de coopérer entre les acteurs concernés (autorités publiques, autres acteurs publics et privés). Et quand on parle du software de la mobilité, on s’intéresse au comportement des utilisateurs, aux attentes des citoyens, à leur engagement, etc. » Ce sont les domaines de prédilection du bureau de consultance.

En Espagne, LuxMobility a travaillé avec le ministère des Transports, de la Mobilité et du Programme urbain (MITMA), qui pilote projets et budgets du gouvernement central vers les régions. « Il fallait s’assurer que les investissements aient du sens, car ce qui est mis en place à Madrid ou Valence n’est pas forcément adapté aux villes d’Andalousie, par exemple. En étudiant les besoins des citoyens et en soutenant la coopération entre le ministère et les régions, l’argent alloué peut être justifié. » Et à Malte, l’entreprise a participé au déploiement du Sustainable Urban Mobility Plan, qui incluait une zone piétonne du centre de la capitale, le développement de la mobilité en tant que service (MaaS, Mobility as a Service), la promotion du vélo,… le tout dans une approche de logistique urbaine durable.

« Au Luxembourg, en moyenne, 72% des trajets sont effectués en voiture. Le PNM2035 prévoit d’atteindre 65%. En moyenne nationale, donc on va surtout faire diminuer cette part en ville, moins dans les zones rurales. Pour cela, il faut bien comprendre les besoins des résidents et des frontaliers - cela a été fait avec l’enquête LuxMobil en 2017 - mais aussi travailler davantage avec les employeurs. »

« Chacun a sa petite graine à planter. Les employeurs peuvent intervenir en proposant des plans de mobilité au sein de leurs entreprises. Au lieu de simplement offrir une voiture de société, elles peuvent allouer un budget mobilité et laisser au collaborateur la gestion de ce budget pour peut-être privilégier l’achat ou le leasing d’un vélo ou d’une trottinette électrique, avoir un certain montant pour du car-sharing, et toucher directement le solde restant. Elles peuvent aussi mettre en place des heures de présence obligatoire au bureau - 10h-16h - et laisser les collaborateurs arriver plus tôt ou non selon leurs préférences ou facilités de déplacement. Le télétravail fait également partie des solutions, même s’il pose encore problème pour les frontaliers. Nous travaillons sur de telles approches avec certaines grandes entreprises du Kirchberg. Elles ont ainsi pu libérer des places de parking, mieux gérer des contrats de leasing, etc. Et finalement, ces formules ‘mobilité’ améliorées permettent d’attirer de nouveaux talents. »

Patrick van Egmond cite aussi différents outils ICT qui vont se mettre en place pour faciliter cette gestion : des apps, lancées par les sociétés de leasing, les gestionnaires de parking, ou, qui sait, par des acteurs publics, qui proposeront toutes ces options aux collaborateurs qui géreront leur budget mobilité en direct. Une solution inspirée de l’app Mobiliteit, mais plus complète, orientée employés/employeurs dans une approche MaaS. « Des solutions de ce type commencent à être déployées en Belgique et en France », confirme-t-il.

La mobilité en 3D

On quitte la 2e dimension, direction le ciel. En 2022, envisager le transport de marchandises et de personnes par drone n’a rien d’utopique. L’espace aérien continue d’ailleurs à être réglementé, limitant les individus lambdas dans l’utilisation de leurs drones personnels. « D’ici 10 ans, il y aura un espace régulé, entre 120 et 500 m au-dessus de nos têtes, dédié au transport par drone. C’est une idée intéressante, mais il ne faut pas négliger l’acceptation du public. Psychologiquement, tout le monde n’est pas prêt pour cette invasion spatiale. Nous avons mené une étude dans 6 pays (Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne, Norvège, Suède, Finlande). Le cas le plus accepté est l’utilisation dans des cas d’urgence : livraison de médicaments, transfert de sang, etc. » explique l’expert.

« Vu l’état des routes dans certains pays d’Afrique, on a déjà recours aux drones pour ce type de transport vers des régions isolées. En Europe, on étudie actuellement cette possibilité avec le projet AiRMOUR ».

« Ouvrir le ciel pour des drones d’urgence médicale », c’est le postulat d’un consortium international dont LuxMobility fait partie, en coopération avec entre autres l’opérateur chinois EHang, l’EASA (l’Agence européenne de la sécurité aérienne), Eurocontrol et l’unité Urban Air Mobility de la NASA. « L’étude inclut également le transport de personnes par drone, qui remplacerait l’ambulance sous forme d’hélicoptère autonome ». AiRMOUR reçoit des fonds dans le cadre du projet Horizon 2020 de l’Union européenne. En attendant les conclusions prévues pour fin 2023, les rapports intermédiaires sont disponibles sur le site web.

Marie-Astrid Heyde
Illustration principale : Schroeder et Associés
Extrait du dossier du mois « 2035 : Lëtz go ! »

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Publié le mercredi 21 septembre 2022
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