"Into the process", la biennale engagée
La troisième édition de Design City, réalisée par le Mudam en collaboration avec la Ville de Luxembourg, s’annonce sous la thématique “Into the Process“ : une remise en question sociétale des fonctions du design. Réunissant un foisonnement d’expositions, un colloque, des cours sur l’histoire du design, un marché des créateurs, des visites d’ateliers et bien d’autres événements dans différents endroits de la ville, voire au-delà, elle se tiendra du 23 avril au 15 juin 2014.
En s’intéressant aux problématiques liées au design dans l’espace public et à son intégration dans la vie quotidienne, la biennale Design City se comprend comme un laboratoire d’idées, un outil de promotion et une plate-forme d’expérimentation pour la participation des designers au développement urbain. Pour cette édition, une attention particulière a été portée à l’espace public, plus précisément à la Kinnekswiss, la grande pelouse du parc municipal. Durant la biennale, trois projets spécifiques y prennent place, offrant aux utilisateurs l’occasion de fréquenter le parc d’une nouvelle manière et d’aborder sous différents angles le rôle de ce « poumon vert » situé au coeur de la capitale.
Architecture engagée
Ainsi, en bordure de la Kinnekswiss, le collectif d’architectes parisien Encore Heureux a planté une grande installation participative : une charpente, présentant huit balançoires, et surmontée de l’enseigne OVERSHOOT. Ce terme se réfère au Jour du dépassement global (Earth Overshoot Day) qui désigne le moment de l’année où l’humanité a épuisé les ressources naturelles que la terre est en mesure de produire en 365 jours ( en 2013, cette date était le 20 août ). En d’autres termes, il s’agit du jour au-delà duquel nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques. C’est l’ONG américaine Global Footprint Network qui estime cette date en établissant une corrélation entre la capacité de production de la terre et l’empreinte écologique de l’humanité. L’installation OVERSHOOT y fait référence et vise à sensibiliser les utilisateurs du parc. En adoptant une approche non seulement engagée, mais aussi ludique par le biais des balançoires, elle évoque un danger pressant qui guette l’humanité et qui représente l’un des principaux défis de notre époque.
Design social
Pour son projet de mobilier urbain, Aurélie Brunet du studio de design Wakup a quant à elle mené une enquête qualitative auprès des utilisateurs du parc et des gestionnaires de ressources (jardiniers, historiens, géographes) familiers des multiples facettes de cet espace public. Suite à l’observation que les poubelles disposées dans le parc sont trop légères et trop mobiles, en raison de quoi elles sont souvent détournées à d’autres fins, Wakup re-contextualise cet élément de mobilier urbain de manière à l’associer à des activités sportives, en l’utilisant comme support pour créer un terrain de foot par exemple. Plusieurs moutures ont ainsi étéconçues, dont une en collaboration avec des étudiants du Lycée technique des Arts et Métiers.
Les poubelles, au nombre de onze, sont toutes revêtues de miroirs, s’intégrant esthétiquement dans la végétation environnante. Elles sont plus hautes et plus lourdes, de manière à n’en plus pouvoir détourner l’usage. Ce projet collaboratif crée une cohésion entre les différents utilisateurs de la Kinnekswiss pour les responsabiliser et les sensibiliser à la pollution, tout en présentant une image positive du parc.
Signalétique ludique
Le troisième projet développé pour le parc s’intitule Pile ou Face. Imaginé par le studio de design graphique Maurice + Paula, il évoque les notions de pari, d’intuition et de hasard. Il résonne ainsi avec les activités de la Schueberfouer, la foire estivale sur la place du Glacis. Cette intervention prend la forme d’une signalétique en deux parties. Des marquages au sol invitent les passants à jouer à “pile ou face“ pour déterminer dans quelle direction continuer leur chemin, jusqu’à ce qu’ils finissent par se perdre et découvrent ainsi des endroits reculés de la Kinnekswiss. Le deuxième volet de la signalétique se concentre sur les entrées du parc, où sont érigés des totems qui mettent en évidence l’agencement du parc et invitent les utilisateurs à se repérer et se projeter dans un univers ludique avant même d’y accéder.
Design littéraire
Un quatrième projet labellisé outdoor s’approprie quant à lui les palissades du chantier de la Cour des comptes près de la Place d’Armes. Réalisée par le bureau créatif Nouvelle étiquette, il s’agit d’une installation typographique progressive intitulée HOW TO DO THINGS WITH WORDS. Oscillant entre graphisme et oeuvre sculpturale, elle s’inscrit dans l’espace public en proposant des phrases poétiques et décalées résultant d’ateliers d’écriture et de typographie menés en amont auprès de deux classes du Lycée Aline Mayrisch. Ce sont les productions textuelles issues de ces séances d’écriture Oulipiennes qui peuvent être retrouvées sur les palissades de la Cour des comptes. Pour les mettre en forme, Nouvelle étiquette a dessiné un caractère typographique “monospaced“ inspiré des machines à écrire et dont les glyphes ont une largeur et un espacement communs, basés sur les proportions d’un format A3. Ce projet a été conçu avec la collaboration de Gaëtan Naudet-Celli (Les éditions Hiatus) et le service des publics du Mudam.
INTO THE PROCESS - Exposition “outdoor“
Du 23 avril au 15 juin 2014.
Informations et programme détaillé sur www.designcity.lu ou info@designcity.lu
Communiqué par la Ville de Luxembourg / Photo ©Charles Soubry