Islande : concilier croissance de la production d’électricité et secteur du tourisme avec la protection de la nature
L’Islande est l’un des pays du monde où le milieu naturel est le plus proche de son état originel. Ses glaciers, volcans et sources chaudes lui procurent d’importants avantages économiques en soutenant l’activité touristique et la production d’énergie renouvelable. Pour préserver ces actifs naturels, le pays devra gérer très attentivement la croissance continue du nombre de touristes et de la production d’électricité destinée aux fonderies d’aluminium, comme le souligne l’OCDE dans un nouveau rapport.
Dans son troisième Examen environnemental de l’Islande , publié début septembre 2014, l’OCDE observe que la production d’électricité islandaise a plus que doublé depuis 2000 pour atteindre un niveau presque cinq fois supérieur aux besoins des 320.000 habitants du pays, et ce essentiellement pour alimenter trois fonderies d’aluminium à capitaux étrangers. Parallèlement, le nombre de touristes attirés chaque année par les paysages tourmentés de l’Islande a également plus que doublé pour s’établir à 700.000. Ces deux évolutions ne vont pas sans exercer des pressions sur l’environnement.
« La combinaison entre énergies renouvelables et attractions touristiques naturelles spectaculaires offre à l’Islande l’opportunité de jouer un rôle de pionnier dans la transition mondiale vers une croissance verte », a déclaré Simon Upton, directeur de la Direction de l’environnement de l’OCDE, lors de la présentation du rapport à Reykjavik. « Mais il faut que ces atouts soient bien gérés et que les conflits entre usages fonciers concurrents soient pris à bras le corps. »
Pressions sur l’environnement
Les sources renouvelables entrent pour 85% dans les approvisionnements totaux en énergie, soit beaucoup plus que dans tous les autres pays de l’OCDE. Elles couvrent l’intégralité des besoins en électricité du pays et 95% de ses besoins en chaleur. Les combustibles fossiles importés sont principalement destinés aux transports et à la pêche.
La production d’électricité hydraulique et géothermique n’émet quasiment pas de gaz à effet de serre, mais elle peut exercer des pressions sur l’environnement local et produit des eaux usées et des polluants qui peuvent nuire à la biodiversité et à la santé humaine. Il n’est pas certain que le rendement actuel des contrats de fourniture d’électricité à bas coût passés avec les fonderies d’aluminium permette de couvrir les coûts environnementaux correspondants.
Le tourisme contribue à hauteur d’environ 6% au PIB de l’Islande, mais comme les arrivées de touristes sont en hausse et concentrées sur la courte période estivale, il fait peser des pressions sur les écosystèmes fragiles. Dans les sites touristiques, les infrastructures dimensionnées pour une population peu nombreuse doivent être adaptées et de nouvelles capacités d’hébergement doivent être créées, ce qui est parfois difficile faute de financements disponibles.
Plan d’action pour un tourisme durable
L’Islande a pris une mesure importante pour concilier au mieux production d’électricité, tourisme et protection de la nature en adoptant un schéma directeur pour les ressources énergétiques hydrauliques et géothermiques. Cet instrument donne des indications claires sur les endroits où les ressources énergétiques peuvent et ne peuvent pas être mises en valeur.
L’Examen environnemental de l’OCDE recommande de faire une plus grande place à l’analyse scientifique et économique lors de la prochaine phase et du réexamen du Schéma directeur, ainsi que de réévaluer les tarifs de l’électricité appliqués par l’Islande pour y intégrer les coûts de bonne gestion de l’environnement. Il propose également d’élaborer un plan d’action pour un tourisme durable, ainsi que des mécanismes assurant qu’une partie des recettes touristiques finance la protection de la nature.
Communiqué par l’OCDE / Photo ©Dimitry B sur Flickr