Jeu de cartes
Quelle route, pour quelle destination ? Voici le plan à l’attention de celles et ceux qui souhaitent aller le plus près, ou le plus loin possible, mais toujours dans la bonne direction.
Une quarantaine de cartes jalonnent le Plan national de mobilité 2035 (PNM). Des lignes tracées d’un point à l’autre constellent le territoire comme autant de lieux familiers que nous rallions régulièrement, avec la plus grande difficulté.
La carte projette en nous l’image du monde tel que nous le voyons, tel que nous l’envisageons ou tel que nous voulons le parcourir. Ces perceptions sont en mouvement. La décarbonation, la décroissance des gaz à effets de serre (GES), nous en intiment un nouveau. Il va falloir se bouger et se bouger autrement.
Les cartes convoquent le réel. Aujourd’hui elles appellent aux coups de pelle. Ceux qui vont redistribuer le jeu de la mobilité nationale : les chemins de fer, le tramway, le bus, le réseau piétonnier, le réseau cyclable, le réseau routier multimodal.
Le constat ne date pas d’hier. De grands travaux transitoires se sont déjà opérés tels que le pôle multimodal de Bettembourg, le vëlodukt reliant Esch-sur-Alzette à Belval, le tram, etc.
La route locale a beau être tracée, les ambitions du Pacte Climat, adossé au Pacte Vert européen (réduction des émissions de GES de 55% d’ici 2030) imposent de relier les nécessités, au premier rang desquelles, les enjeux transfrontaliers et le tourisme.
Peu de cartes peuvent se targuer d’être aussi consultées que celles qui préludent au voyage. En soi, le plan est déjà voyage.
Cependant, aucune des deux cartographies ne peut se lire sans l’autre. L’écotourisme est-il sensé sans une écomobilité associée ? Son modèle est-il crédible lorsque son trajet laisse planer une empreinte carbone indélébile ? Peut-on considérer un ecolodge en Tanzanie comme une représentation du tourisme durable ?
À titre d’exemple, le passager d’un train Luxembourg/Londres émet 58 kg de CO2 équivalent contre 291 kg de CO2 pour celui d’un avion. 5 fois plus. (source : Luxembourg Institute of Science and Technology, LIST)
« Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses », jugeait Henry Miller, romancier américain adepte d’une Californie, elle-même, avide et missionnaire zélé des mythes de la route et du voyage.
Ainsi, le tourisme local et rural rebat ses cartes, joignant l’utile à l’agréable. Un prisme raccordé au cordon de la mobilité où la distance ne prime plus forcément, parfaitement illustré par le label Bed+Bike Luxembourg.
Pendant que l’avion rature le ciel, chaque coup de pédale éloigne du diable Vauvert pour rapprocher de l’instant, de la langueur, de l’authenticité, de la biodiversité et de la pérennité. Ça vaut toujours le coup d’essayer, car toutes les infrastructures, les réglementations et les incitations ne peuvent remplacer l’action collective. Pour que le jeu de cartes ne devienne pas un jeu de dupes.
Ne manquez surtout pas notre dossier du mois consacré aux mobilités durables et à l’écotourisme, en ligne dès aujourd’hui. Des interviews, des innovations, des bons plans, des solutions...