L’agriculture urbaine, un levier multifonctionnel
Quelles stratégies de développement proposer pour une agriculture 2050 viable et résiliente, adaptée aux défis climatiques, économiques, environnementaux et démographiques ? Eléments de réponse avec Jacques Nau, administrateur délégué d’InterAlia, bureau d’études actif dans les domaines de la protection des ressources en eau et en sol, de l’agriculture et de la bioéconomie.
Quel rôle l’agriculture classique peut-elle jouer pour répondre aux enjeux sociétaux, tout en assurant sa pérennité ?
« L’agriculture fait déjà aujourd’hui beaucoup d’efforts en termes de protection des ressources naturelles. Dans un contexte d’exigences environnementales et climatiques croissantes, ces efforts ne vont cesser d’augmenter et inciter à un réel changement de paradigmes. En relation avec la pression économique grandissante, les petites entreprises familiales vont devoir utiliser les principes de protection à leur avantage et se rendre moins dépendantes du marché mondial fluctuant et imprévisible.
L’extensification et la diversification des activités peuvent constituer la clé du succès pour les entreprises traditionnelles en permettant de réduire charge de travail et investissements. En guise d’exemple, le recours à des cultures à faible impact et le développement des filières biosourcées y relatives vont créer des piliers économiques supplémentaires. Pour l’agriculteur, mais aussi pour le Luxembourg en tant que pays moderne cherchant à rendre ses activités économiques plus durables ».
Avec l’expansion des milieux urbains, comment gérer les zones de contact avec les zones agricoles ?
« Les zones rurales et urbaines ont historiquement été définies par une grande dichotomie de valeurs et de caractéristiques. Le décloisonnement et la redéfinition d’un système de relations paritaires entre ces territoires est aujourd’hui une priorité.
L’agriculture devrait être le moteur principal de la gestion de ces zones de transition, grâce à ses potentialités pour répondre aux nouveaux besoins de la ville : qualité et proximité des aliments, protection des ressources en eau et en sol, richesse du paysage, connectivité écologique.
Il faudrait donc concevoir un modèle de gestion spécifique et multifonctionnel pour les terres périurbaines, basé sur la diversification des activités et des débouchés pour les entreprises agricoles, et assurant un continuum entre ville et campagne. »
Quels bénéfices attendez-vous du déploiement de la « Stratégie nationale Urban Farming » à court et moyen termes ?
« L’urban farming constitue une opportunité d’améliorer la qualité de vie en ville. L’apport d’éléments végétaux au cœur d’espaces bâtis rencontre nos besoins de verdure, de fraicheur, de détente…
Un autre atout de l’agriculture urbaine est qu’elle réduit certains impacts négatifs de l’urbanisation, en jouant un rôle ‘tampon’, qui permet de réguler les températures (îlots de chaleur) et de temporiser les débits pluviaux.
L’agriculture urbaine est intrinsèquement multifonctionnelle. Elle rend de nombreux services dits écosystémiques dans les domaines économique (production alimentaire, structuration des circuits courts), environnemental (enrichissement des biotopes, du maillage écologique et de la biodiversité) et socio-culturel (détente et loisirs, paysage, liens sociaux, sensibilisation et vie culturelle).
Enfin, l’urban farming constitue un levier pour renforcer les principes de l’économie circulaire dans un projet d’urbanisation, tout en créant synergies et échanges, pour une ville toujours plus vivante ! »
Une contribution de L.S.C. Engineering Group partenaire Infogreen
Photo InterAlia/L.S.C. Engineering Group : Jacques Nau, administrateur délégué d’InterAlia, bureau d’études actif dans les domaines de la protection des ressources en eau et en sol, de l’agriculture et de la bioéconomie.
Photo : Urban Farming/EITfood.eu
Article tiré du dossier du mois Infogreen « De la Terre à la terre »