L’artisanat, durable par nature
Parce qu’il offre des emplois et des services de proximité, l’artisanat est le pivot du maintien d’une économie locale et a, de ce fait, un impact sociétal tangible. Et parce que l’optimisation des ressources est dans l’ADN des entreprises qui le compose, il a aussi un rôle prépondérant à jouer au niveau environnemental.
Avec, en 2018, environ 7.500 entreprises et 95.000 personnes occupées, tous niveaux de qualification confondus, l’artisanat est le 1er employeur du pays. Il représente 23% de l’emploi, 21% des entreprises au Luxembourg. « L’artisanat est un acteur économique local et régional. Si on prend le cas du boulanger, les matières premières qu’il utilise sont de la farine et de l’eau, qui sont des produits disponibles à l’échelle du pays, et il vend ses produits à la clientèle locale et régionale », explique Norry Dondelinger, directeur du département Affaires économiques à la Chambre des Métiers.
En plus de cet ancrage qui en fait un des principaux pourvoyeurs d’emplois et de services à l’échelle du pays et de la Grande Région, les entreprises artisanales ont la volonté d’aller vers des modèles économiques plus durables, voire circulaires, comme le note Gilles Reding, directeur du département Affaires environnementales, technologiques et innovation : « Plus de 1.190 entreprises artisanales adhèrent à la SuperDrecksKëscht, soit 25% des entreprises de ce réseau qui fait la promotion de la durabilité et de l’économie circulaire. Parmi celles-ci, près de 700 sont labellisées. Par nature, les artisans sont intéressés à travailler avec le moins de ressources possibles ou à valoriser les résidus de matière première. Le boucher, par exemple, utilise les restes de viande pour réaliser des pâtés ou d’autres produits ».
La Chambre des Métiers souhaiterait qu’un instrument étatique permettant aux PME d’être soutenues dans leurs démarches soit mis en place, à l’image du Pacte Climat pour les communes ou de l’accord volontaire pour les entreprises industrielles, et elle a déjà fait des propositions au gouvernement pour l’extension du Pacte Climat aux PME artisanales annoncée dans le nouvel accord de coalition.
Un autre cheval de bataille de la Chambre des Métiers est la mobilité électrique. « Les entreprises artisanales se réjouissent qu’une prime de 5.000 euros pour l’achat de véhicules électriques ait été lancée en avril. Le problème est qu’il n’existe à l’heure actuelle pas assez de modèles abordables pour qu’un chef d’entreprise prenne la décision de changer sa flotte. Cela devrait changer avec les nouvelles normes qui vont arriver d’ici 2030 en matière de mobilité. Il serait bien aussi que l’installation de bornes de rechargement par les entreprises soit subventionnée afin d’encourager les employés à choisir des véhicules électriques à titre personnel (puisqu’ils pourront les charger pendant leur journée de travail) et de rendre les entreprises qui choisiront de se doter de ce type d’équipement plus attractives », précise-t-il.
En matière de durabilité, la construction est un secteur de pointe. Le label Energie Fir D’Zukunft+ a été remis à plus de 850 artisans du parachèvement et du génie technique depuis sa création en 2014, et des séances d’information sur les innovations ou les régimes d’aide qui touchent le secteur (les Midis de la construction durable) sont régulièrement organisées à leur attention en collaboration avec myenergy. La Chambre des Métiers travaille également avec Betriber & Emwelt, association qui regroupe le LIST, les organisations patronales et l’Administration de l’environnement, pour sensibiliser ses membres sur des thématiques environnementales comme la déconstruction, le recyclage ou les plastiques à usage unique. Elle est membre de EREK (European Resource Efficiency and Knowledge Center), une plateforme qui rassemble des informations sur l’économie circulaire et l’efficacité des ressources, informations qui sont rediffusées ensuite aux entreprises artisanales luxembourgeoises.
Mélanie Trélat
Article tiré du dossier du mois Infogreen « Actifs alternatifs »