L'eau au Luxembourg : une ressource à préserver et à partager

L’eau au Luxembourg : une ressource à préserver et à partager

Au Grand-Duché, où l’eau potable est considérée comme un acquis, la sensibilisation, la consommation intelligente et la collaboration entre secteurs sont essentielles pour garantir une gestion durable de cette ressource précieuse. Plongée dans les différentes initiatives pour une gestion exemplaire de l’eau.

Créer une culture de respect de l’eau

La sensibilisation à la protection de l’eau est importante aux yeux de l’État. Il se base sur la logique d’impliquer les citoyens, d’aujourd’hui et de demain. « L’eau est une denrée alimentaire précieuse », souligne Marc Hans, directeur de l’Administration de la gestion de l’eau. À travers des campagnes de sensibilisation ou des expositions itinérantes dans les lycées, l’objectif est clair : sensibiliser dès le plus jeune âge. « Ces initiatives s’accompagnent de formations pour les enseignants afin de transmettre des messages-clés sur la préservation de l’eau. »

Le site teamwaasser.lu vient renforcer cette approche pédagogique, fournissant exercices et jeux aux écoles. « Les enfants jouent un rôle essentiel en expliquant à leurs parents l’importance de réduire le gaspillage », ajoute Tom Schaul, responsable du groupe « Eau » au ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité.

Marc Hans (directeur de l'Administration de la gestion de l'eau) et Tom Schaul (responsable du groupe « Eau » au ministère de l'Environnement, du Climat et de la Biodiversité)
Marc Hans (directeur de l’Administration de la gestion de l’eau) et Tom Schaul (responsable du groupe « Eau » au ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité)

Une prise de conscience collective

Les Luxembourgeois consomment en moyenne moins d’eau par habitant qu’il y a 15 ans - 130 litres par jour actuellement -, un résultat attribué à une meilleure qualité des services fournis par les communes et syndicats de communes, et à une prise de conscience progressive suite notamment à des campagnes éducatives.


« La sensibilisation est un travail de longue haleine. Nous collaborons avec l’ALUSEAU, l’association luxembourgeoise des services d’eau pour améliorer les comportements. »

Marc Hans, directeur de l’Administration de la gestion de l’eau

Sensibiliser sur le traitement de l’eau

Un autre axe de sensibilisation concerne la qualité des eaux usées. En incitant les citoyens à ne pas jeter de produits inappropriés comme des lingettes humides dans les toilettes, les campagnes améliorent le fonctionnement des stations d’épuration. « Ce geste simple contribue directement à la qualité de nos rivières », poursuit Marc Hans.

Limiter les excès dans un pays en croissance

La consommation intelligente est une « sobriété » nécessaire pour le bien-être de l’environnement. Face à une population croissante et à des étés plus secs, le Luxembourg doit innover pour éviter de futures pénuries. « Nous devons repenser la façon dont nous utilisons l’eau potable, notamment en privilégiant l’eau de pluie pour certaines activités domestiques », explique Tom Schaul.

Des mesures incitatives, telles que les subventions pour l’installation de récupérateurs d’eau de pluie, encouragent les ménages à adopter des pratiques durables. « La modernisation des infrastructures contribue également à réduire les pertes. La professionnalisation de la gestion des réseaux par les communes et les syndicats de communes a permis de diminuer les fuites et d’assurer une meilleure distribution », précise Marc Hans.

Une distinction selon les usages

Si les ménages représentent 60 % de la consommation d’eau potable, d’autres secteurs, tels que l’agriculture et l’industrie, doivent aussi adapter leurs pratiques. « Pourquoi utiliser de l’eau potable pour l’irrigation quand des alternatives existent ? », s’interroge Tom Schaul, soulignant la nécessité d’une approche plus rationnelle.

Au-delà des grandes campagnes, des solutions simples comme les mousseurs pour robinets et douches peuvent réduire la consommation domestique. Les programmes d’incitation à leur adoption, financés par le Fonds de la gestion de l’eau, permettent d’équilibrer économie et écologie.

Protéger les ressources à la source

La collaboration avec le monde agricole est une politique intelligente qui mène vers une gestion globale de l’eau.


« La qualité de l’eau commence bien avant le robinet. Des zones de protection couvrent désormais 80 % des ressources en eau potable du pays, renforcées par des règlements stricts et des mesures collaboratives avec les agriculteurs. Réduire les pesticides et les engrais demande un dialogue constant entre tous les acteurs. »

Tom Schaul, responsable du groupe « Eau » au ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité

Une collaboration active avec les agriculteurs

L’introduction de zones de protection des ressources s’accompagne d’un dialogue avec le secteur agricole. « Les agriculteurs ne sont pas des pollueurs intentionnés. Ils subissent aussi des pressions économiques. Un échange constant est nécessaire pour garantir des pratiques durables », explique Tom Schaul. L’Administration de la gestion de l’eau travaille en étroite collaboration avec des gestionnaires de projets régionaux (« animateurs ressources eau potable »), qui jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre des solutions sur le terrain.

Selon les deux experts, le Luxembourg se distingue par une gestion proactive et collaborative de l’eau, alliant sensibilisation, innovation et coopération. Dans ce contexte, chaque citoyen et secteur a un rôle à jouer pour préserver ce bien vital, aujourd’hui et pour les générations futures.

Sébastien Yernaux

Portraits : Fanny Krackenberger
Photo : LCC

Article tiré du dossier du mois « Eau-delà »

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Publié le vendredi 31 janvier 2025
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