L’eau, une problématique mondiale
Le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), qui entérinera la fusion entre les deux plus grands centres de recherche publics luxembourgeois Henri Tudor et Gabriel Lippmann, devrait être opérationnel le 1er janvier 2015. Parmi les thématiques de recherche et d’innovation phares du LIST figurera la gestion de l’eau que le futur département "Environnement et Agro-biotechnologies" sera en mesure d’appréhender sous les aspects quantitatif, qualitatif et technologique, avec près de 70 personnes.
Interview de Dr Lucien Hoffmann, directeur scientifique de l’actuel département Environnement et Agro-biotechnologies au CRP - Gabriel Lippmann.
Pourquoi avoir désigné la gestion de l’eau comme un axe de recherche prioritaire pour le futur LIST ?
Une des raisons pour lesquelles nous avons choisi de travailler sur cette thématique est qu’il s’agit d’une problématique importante et ce, au niveau mondial, de même qu’au niveau national. Avec l’augmentation constante de la population et l’accroissement des activités industrielles, la ressource disponible pour l’utilisation humaine se raréfie, même si le volume total d’eau sur la planète reste identique.
Par ailleurs, le changement climatique a des retombées dramatiques. Il provoque un stress hydrique qui induit une baisse du rendement agricole ou un manque d’eau potable dans les régions où il pleut moins que par le passé (comme la région méditerranéenne, par exemple) alors que, dans des régions comme la nôtre, l’accroissement de la pluviosité en hiver s’accompagne d’une hausse des risques d’inondations.
Sous quels angles ce sujet sera-t-il traité ?
Grâce aux compétences multidisciplinaires qu’il regroupera, le département Environnement et Agro-biotechnologies du LIST abordera de manière intégrée les différentes facettes de la problématique de la gestion de l’eau. Il travaillera à la fois sur les aspects quantitatif et qualitatif, mais aussi sur le volet technologique.
Ce dernier consiste à utiliser les techniques les plus pointues afin de développer des outils innovants qui serviront sur base d’une meilleure connaissance de cycle de l’eau, par exemple, à mieux protéger les ressources en eaux souterraines en utilisant de nouveaux traceurs, à mieux prévenir et gérer les inondations en employant la télédétection au moyen de données satellitaires et de drones, respectivement à mieux comprendre le transport et le devenir des contaminants en développant de nouveaux senseurs.
Quel sera le retentissement de ces travaux de recherche au Luxembourg ?
Parmi les missions du futur LIST, figurent le fait d’acquérir une visibilité internationale mais aussi celui d’avoir un impact socio-économique au Luxembourg et de participer ainsi à la diversification de l’économie du pays, notamment dans le développement des technologies environnementales, une des priorités gouvernementales.
Cette volonté se reflète de différentes manières. D’abord, nous proposons un support scientifique à des institutions publiques comme l’Administration de la gestion de l’eau, à des syndicats intercommunaux comme le SEBES, à des communes comme la Ville de Luxembourg ou d’autres qui ont des ressources souterraines à gérer.
Ensuite, les brevets des nouvelles technologies et des nouveaux outils que nous développons peuvent être vendus à des entreprises ou être repris par des sociétés spin-off en vue de leur commercialisation. La masse critique que nous atteindrons au sein du LIST nous permettra de couvrir toute la chaîne de l’innovation depuis la recherche fondamentale jusqu’à des applications concrètes ou des prototypes qui pourront être brevetés.
En plus des avantages que vous venez d’évoquer, qu’est-ce que le regroupement des centres de recherche publics Gabriel Lippmann et Henri Tudor permettra encore ?
Dans l’état actuel des choses, il peut parfois être difficile pour nos partenaires d’identifier qui faisait quoi, d’autant plus que certains sujets de recherche sont redondants. Avec la création du LIST, ces partenaires auront un guichet unique auquel se référer.
En plus, en regroupant les équipes des deux CRP, le LIST atteindra une certaine masse critique qui permettra de renforcer la compétitivité de la recherche luxembourgeoise au niveau international, et ainsi de continuer à développer les activités collaboratives internationales actuelles, par exemple avec les agences de l’eau ou des grands groupes actifs dans le domaine de l’eau comme Veolia et Suez. Le futur département ‘Environnement et Agro-biotechnologies’ réunira les compétences de près de 70 personnes dans le secteur de l’eau, ce qui lui permettra de traiter les différents volets de la thématique de la gestion de l’eau.
Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine