L'équation à bénéfices multiples

L’équation à bénéfices multiples

La décarbonation est un outil majeur de la transition. Pour Bruno Renders (CDEC-IFSB), il faut « montrer que c’est possible ». Il y a des techniques à appliquer, des stratégies à manager, des organisations à adapter. Le bilan-carbone est la base objective, une étape fondamentale qui permet d’agir quantitativement et qualitativement.

« Nous sommes en transition. Il faut une approche pragmatique, pour s’adapter, faire évoluer les modèles. Et donc prendre les bonnes décisions managériales, sur base de données objectives ». Bruno Renders, Administrateur – directeur général du CDEC - Conseil de Développement Économique de la Construction, peut être considéré comme un pionnier de la vision « éconologique » (une vision holistique des activités, à la fois rentables économiquement et soucieuses de l’environnement) au Luxembourg. Pour lui, la « croissance raisonnable » n’est pas une chimère, elle peut se montrer efficace, dans le secteur de la construction bien sûr, mais plus globalement dans la société.

Pour réussir le challenge, il faut des indicateurs fiables sur l’impact de chaque activité, sur un plan quantitatif et qualitatif, et des outils qui aident à la décision. « La tonne équivalent CO2 est un indicateur-clé. C’est l’enjeu, c’est la valeur comptable aussi. Parce que, un jour ou l’autre, il y aura taxation pour les producteurs de carbone. Je suis de ceux qui plaident pour l’incitation, la valorisation des indicateurs positifs. L’IFSB, qui s’appuie sur l’écosystème CDEC, avec Neobuild, Cocert, fait son bilan carbone depuis 10 ans. Le bilan carbone est une référence. Cela permet d’éviter le greenwashing ou les fausses bonnes idées. C’est un outil indispensable désormais, selon moi, car il permet d’objectiver les choses, quantitativement et qualitativement. Avec le bilan sous les yeux et entouré de la bonne expertise, le manager peut alors se poser les bonnes questions et trouver les bons éléments de réponses ».

Plus l’opportunité que la contrainte

L’institut de Bettembourg a anticipé, préparant sa propre transition, énergétique, écologique, économique, en ayant à l’esprit son rôle formateur, sa capacité d’innovation, sa valeur d’exemple aussi, pour tout un secteur et, au-delà, pour tout un écosystème, avec une vision socioéconomique réaliste face aux défis du quotidien. Là où d’aucuns temporisent encore, attendant une forme de contrainte, l’équipe de Bruno Renders a choisi l’opportunité, l’investissement, la résilience. « On peut retourner la question dans tous les sens : la mesure carbone, c’est l’étalon. La tonne équivalent CO2 que l’on se fixe pour objectif de ne plus produire ou de compenser intelligemment. Le carbone que l’on stocke, dans les arbres ou dans la terre, c’est prégnant aussi. Tout est mesurable, tout permet de définir des ratios utiles. Sachant que l’activité humaine, de toute manière, va avoir une empreinte, il faut pouvoir activer les bons leviers pour décarboner au maximum et ramener sa propre empreinte au minimum ».

Dans un secteur que l’on sait gros consommateur de ressources mais qui dispose de bien des atouts à faire valoir pour devenir exemplaire de la transition sociétale (économie circulaire, réutilisation et recyclage, fonctions nobles des bâtiments https://www.infogreen.lu/la-valeur-ajoutee-des-fonctions-nobles-14612.html qui doivent devenir actifs et à impact négatif https://www.infogreen.lu/des-batiments-multifonctionnels-actifs-et-a-impact-societal-positif.html ...), l’IFSB œuvre sur plusieurs tableaux. « Nous sommes à la fois dans l’opérationnel et dans les services. Il faut intégrer une vision transversale des organisations, et cette approche est transposable à toute une série d’activités et de secteurs. Dans notre bilan carbone, nous avons intégré tous les paramètres mesurables. Par exemple, nous accueillons quelque 7000 stagiaires à l’année et l’activité est en croissance. L’idée n’est dons pas de faire moins, mais de faire plus avec moins pour faire mieux ! On s’attache notamment à l’impact des déplacements de nos stagiaires (par exemple en incitant à la multimodalité et à l’électromobilité), ce qui est aussi valable pour nos employés. On développe l’enseignement à distance, des modules virtuels… Idem pour les intrants, idem pour chaque poste qui influe sur le bilan carbone – et ils ont tous une influence.

Il importe donc d’avoir une vision systémique, d’avoir les bases concrètes et objectives, qui permettent de décider, d’adapter son organisation, son fonctionnement et sa réflexion. La transition est un cercle vertueux, et cela nécessite de mettre en place des solutions – elles existent – à impacts multiples, pour que l’équation devienne à bénéfices multiples ».

Alain Ducat
Photos : Fanny Krackenberger
Article paru dans le dossier du mois « Transmission en mouvement »

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Publié le mercredi 23 mars 2022
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