L’humain au cœur de la réinsertion socio-professionnelle
L’intégration de personnes en situation de handicap ou socialement défavorisées au sein du monde du travail est encouragée par le gouvernement. L’Adem, comme de nombreuses autres organisations, met tout en œuvre pour qu’elle se fasse naturellement.
« Les compétences avant la situation », tel doit être le leitmotiv pour être actif sur le marché du travail. Les initiatives ne manquent pas pour que chacun ait accès au marché du travail, que cela soit directement ou par l’entremise d’associations. Georges Engel, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, apporte son point de vue sur la situation au Luxembourg.
L’Adem propose de nombreuses formations au niveau de l’insertion socio-professionnelle. Y a-t-il beaucoup d’interactions avec le gouvernement ?
« En tant qu’agence nationale de l’emploi et en tant qu’administration qui dépend directement de mon ministère, il est évident que l’Adem est un acteur essentiel pour le marché de l’emploi luxembourgeois. Les échanges avec mon ministère sont quotidiens. Par de nombreuses initiatives, l’Adem a réussi, tout au long des dernières années, à se moderniser et à diversifier ses services dans l’intérêt des bénéficiaires. »
Quels sont les secteurs à renforcer au Luxembourg ?
« Nous constatons que pour beaucoup d’entreprises, le manque de main-d’œuvre est un véritable problème. Il faut donc rendre plus attractifs les métiers de l’artisanat ou de l’industrie, par exemple. Après des années compliquées, il y a également beaucoup de postes à pourvoir dans le domaine de l’Horeca. Les salariés qualifiés sont en tout cas les plus recherchés. »
De nombreux organismes aident les personnes en situation de handicap à prendre une part active dans le monde professionnel. Quelles sont les aides et éventuellement les projets pour améliorer davantage ces inclusions ?
« Le Luxembourg a mis en place toute une série d’aides étatiques pour soutenir les entreprises qui embauchent des personnes en situation de handicap. Elles peuvent bénéficier d’une participation aux frais liés à l’aménagement du poste de travail du salarié pour en améliorer son accès et ainsi, faciliter le travail quotidien. Je pense, par exemple, à une chaise ergonomique ou un clavier spécifique pour malvoyants. L’employeur profite aussi d’une participation aux frais de salaire pour chaque employé en situation de handicap engagé. En fonction de la diminution de la capacité de travail, cette participation peut varier de 30 à 100% du salaire.
Un assistant à l’inclusion peut venir en aide à l’employeur aussi bien qu’au salarié handicapé afin de mettre en place des actions concrètes qui favorisent l’accès ou le maintien en emploi. Chaque salarié bénéficie d’un congé supplémentaire de six jours ouvrables qui est intégralement à charge de l’État. Ce congé peut, par exemple, servir au bénéficiaire à mieux concilier sa vie professionnelle avec d’éventuelles contraintes (visites médicales plus fréquentes) liées à son handicap.
Chaque employeur qui remplit son quota de salariés en situation de handicap (25 salariés : un salarié handicapé ; 50 salariés : au moins 2 % de salariés handicapés de l’effectif total ; 300 salariés au moins 4 % de salariés handicapés de l’effectif total) peut bénéficier de la prise en charge de ses frais de charges patronales. Sur demande, les salariés handicapés indépendants peuvent bénéficier de la prise en charge de leurs frais de cotisations de sécurité sociale.
Le contrat de réinsertion emploi permet aux patrons de transmettre leur expérience et de donner une réelle perspective d’emploi aux salariés en situation de handicap. Ce contrat met en avant les capacités des travailleurs de manière concrète, tout en leur donnant la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences. Le stage de professionnalisation permet aux bénéficiaires de montrer aux employeurs leurs capacités et compétences. Le stagiaire a droit à une indemnité.
De même, nous soutenons de nombreuses initiatives dans ce domaine. Il s’agit, par exemple, de projets de sensibilisation auprès des employeurs du secteur privé. Dans le cadre des dossiers cofinancés par le Fonds social européen, un travail de sensibilisation sur les différents types de collaborations entre le milieu protégé et non-protégé a été réalisé. Il a débouché sur la réalisation d’une brochure, accessible en ligne sur www.ims.lu. Elle offre, à tout employeur intéressé par la thématique du handicap, une série de mesures concrètes à mettre en place.
Pour faciliter les passerelles des salariés handicapés du milieu protégé vers le marché du travail ordinaire, les bénéficiaires ont la possibilité de travailler à mi-temps en entreprise privée et à mi-temps en atelier d’inclusion professionnelle. Le salarié peut ainsi répartir sa tâche complète entre le marché ordinaire et le milieu protégé.
D’un côté, cette répartition de travail lui permet de développer davantage ses compétences et d’interagir dans un contexte ’moins protégé’. De l’autre côté, l’employeur peut également se rendre compte des capacités de l’employé. En cas d’insatisfaction, ce dernier est toujours en droit de retourner à temps plein dans son atelier d’inclusion professionnelle.
Ces ateliers organisent des stages en entreprises. Il s’agit d’une possibilité de rapprocher le salarié du marché ordinaire. Au-delà du développement de compétences pour le bénéficiaire, les stages permettent également de travailler les idées préconçues sur le handicap et de dédramatiser cette situation en entreprise.
Le 19 mai 2023 aura lieu une journée handicap et reclassement professionnel à Dudelange. Elle combine la sensibilisation sur la thématique du handicap dans le monde du travail et un salon de l’emploi spécifiquement dédié à l’embauche des personnes en situation de handicap et/ou en reclassement. »
Le Luxembourg est-il en haut du « classement européen » en termes d’aides pour les personnes en situation de handicap ?
« À la différence de certains autres pays de l’Europe, au Luxembourg, les personnes en situation de handicap jouissent des mêmes protections et droits en matière de travail que les personnes n’ayant pas un handicap. Au-delà, comme expliqué précédemment, certaines mesures spéciales ont été mises en place afin d’encourager davantage l’inclusion professionnelle des salariés handicapés.
À titre d’exemple, les salariés handicapés travaillant en atelier d’inclusion professionnelle touchent au moins le salaire social minimum non qualifié. Une pratique qui n’est pas appliquée dans les ’Werkstätten für Meschen mit Behinderungen’, l’équivalent des ateliers d’inclusion professionnelle en Allemagne. »
Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photo : ©Fanny Krackenberger
Extrait du dossier du mois « Former pour agir »