L’ONU confirme la quête des ODD
Malgré deux ans de lutte contre la pandémie et des défis planétaires toujours plus nombreux, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable espère inverser les effets négatifs.
Chaque année, pendant quelques jours, des représentants des États, de la société civile, des entreprises engagées, se réunissent pour le « Forum politique de haut niveau sur le développement durable » sous l’égide du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). La base de travail, ce sont les 17 ODD (objectifs de développement durable) mis en place par l’ONU, et les échanges internationaux se focalisent sur les bonnes pratiques, les stratégies, les menaces à éviter…
Cet été, le Forum s’est penché en détails sur l’objectif 4 (l’éducation), l’objectif 5 (égalité des chances, notamment entre genres), l’objectif 14 (la vie aquatique), l’objectif 15 (la vie terrestre) et sur l’objectif 17, incluant les partenariats, coopérations et initiatives à encourager pour la réalisation des ODD.
Examen national, détermination internationale
Une quarantaine de pays (dont la moitié de pays africains), développés ou en voie de développement, y ont présenté leurs « examens nationaux volontaires » quant à la mise en œuvre nationale des ODD.
Pour rappel, le Luxembourg s’est à nouveau livré à l’exercice dans l’enceinte des Nations unies et la délégation emmenée par les ministres Joëlle Welfring (environnement, développement durable) et Franz Fayot (économie et coopération) a présenté le bilan et les perspectives d’un pays qui s’engage sur plusieurs fronts en la matière.
Par ailleurs, réunis dans la salle de l’Assemblée générale pour ce Forum politique de haut niveau sur le développement durable, les membres ont examiné comment des politiques de relance pourraient inverser les effets négatifs de la pandémie sur les efforts pour parvenir au développement durable. « L’optimisme pour parvenir au développement durable ne faiblit pas, a déclaré le Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Collen Vixen Kelapile. Il est vrai que nous vivons désormais dans un monde où les conflits, les inégalités, la pauvreté et la souffrance s’aggravent, où l’on observe une instabilité économique, une crise énergétique et alimentaire imminente, une augmentation des niveaux d’endettement, un ralentissement des progrès vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », a-t-il énuméré, en précisant que ces défis mondiaux étaient autant de raisons supplémentaires pour la détermination à agir.
S’attaquer aux crises et aux inégalités
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre un cadre pour reconstruire en mieux. « Nous sommes loin d’être impuissants », a déclaré le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, devant le forum. Pour lui, il est très important de produire un gros effort pour élargir le nombre de pays capables de produire des vaccins, des diagnostics et d’autres technologies médicales d’avenir ; les états doivent également redoubler d’efforts pour s’assurer que les futures épidémies soient mieux gérées, en renforçant les systèmes de santé et en garantissant une couverture sanitaire universelle.
Le chef de l’ONU a également souligné la nécessité de s’attaquer aux crises alimentaires, énergétiques et financières, l’exemple de l’Ukraine étant mis en avant.
« Toutefois, les crises actuelles ne peuvent être résolues sans une solution à la crise des inégalités économiques dans le monde en développement », a-t-il ajouté. « Nous ne devons pas oublier que la majorité des personnes pauvres ne vivent pas dans les pays les plus pauvres ; elles vivent dans les pays à revenu intermédiaire. Si elles ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin, les perspectives de développement des pays à revenu intermédiaire fortement endettés seront sérieusement compromises ».
Le Secrétaire général en a une nouvelle fois appelé à une « nouvelle donne mondiale » pour que les pays en développement puissent obtenir une chance équitable de construire leur propre avenir, et à une réforme du système financier mondial pour qu’il « fonctionne pour les vulnérables, et pas seulement pour les puissants ».
La révolution des énergies renouvelables, l’évolution de l’éducation
António Guterres a encore plaidé en faveur d’une action climatique ambitieuse. « La bataille pour maintenir la hausse de la température mondiale à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels sera gagnée ou perdue durant la décennie actuelle ».
« Mettre fin à la dépendance mondiale aux combustibles fossiles par une révolution des énergies renouvelables est la priorité numéro un. Financer les combustibles fossiles est délirant, financer les énergies renouvelables est rationnel ».
La tête de l’ONU organisera également, en septembre, un sommet afin que les dirigeants mondiaux s’engagent à nouveau à faire de l’éducation un bien public mondial. « Il est temps de donner la priorité à l’investissement dans les personnes, de construire un nouveau contrat social, fondé sur une protection sociale universelle, et de remanier les systèmes d’aide sociale mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale », a déclaré M. Guterres.
Tout espoir de résoudre les défis du monde commence par des investissements dans l’éducation, a-t-il ajouté, alors que ce secteur « est aussi en proie à une crise d’équité, de qualité et de pertinence »,
Les ODD au rapport
Le Rapport sur les Objectifs de développement durable 2022, qui fournit un aperçu global des progrès vers les ODD sur la base des données les plus récentes, démontre les effets dévastateurs des crises mondiales multiples et interdépendantes. Ces crises « mettent en péril l’ambition de transformer le monde que les 193 États membres de l’ONU avaient dessiné, en 2015, pour l’horizon 2030, en adoptant les 17 Objectifs de développement durable.
Le rapport cite des conséquences des crises – pandémie, conflits armés - comme l’inflation économique mondiale, la montée des inégalités et les crises étroitement liées en matière de sécurité alimentaire, d’approvisionnement énergétique ou de finances.
Pour le président du Conseil économique et social des Nations unies, Collen Vixen Kelapile, « nous sommes sur une voie dangereuse qui pourrait nuire aux générations futures, si nous n’agissons pas maintenant. Il est en notre pouvoir d’inverser la tendance ».
On ne saurait trop insister sur le besoin urgent de solidarité internationale et de coopération multilatérale
Le Forum a ainsi lancé les préparatifs du prochain Sommet sur les Objectifs de développement durable, qui se tiendra en 2023.
Alain Ducat
Photos : Ecosoc / United Nations / Délégation luxembourgeoise