La biodiversité au Luxembourg sous les projecteurs

La biodiversité au Luxembourg sous les projecteurs

Mercredi 22 novembre 2017, le LIST en collaboration avec le ministère du Développement durable et des Infrastructures a présenté les programmes de surveillance de la biodiversité existante au Luxembourg ainsi que les efforts à faire en la matière.

La surveillance de la biodiversité au Luxembourg est un enjeu majeur permettant d’établir des connaissances sur l’état de santé et de conservation des différents espèces et habitats présents sur son territoire. Certaines données à observer sont imposées par la Commission européenne, avec notamment les Directives Habitats, Oiseaux et la Directive Cadre sur l’Eau, transposées dans la législation luxembourgeoise, ou bien encore le règlement européen sur les espèces exotiques envahissantes. Ces données peuvent être utilisées pour valider des demandes de construction, des modifications d’infrastructure et bien sûr pour cibler les sites sensibles dans lesquels des efforts de conservation doivent être menés. Pour d’autres données, leur collecte répond à une initiative nationale destinée à mettre à jour les connaissances sur la biodiversité et à estimer l’impact de certaines mesures de gestion.

Le premier rapport destiné à la Commission européenne, daté de 2007, portait sur la période 2001 à 2006 et comportait un pourcentage important d’espèces et d’habitats dont la situation était inconnue au Luxembourg. Cette problématique a été comblée par une amélioration de la surveillance des sites mis en route pour la seconde période de rapport (de 2007 à 2012) sous la houlette du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). C’est en effet sous sa coordination qu’a été mis en place au Luxembourg un système de surveillance global. Celui-ci se répartit en plusieurs programmes ciblés : les plantes non-vasculaires (lichens et mousses), les invertébrés, les amphibiens et reptiles, et enfin, les mammifères. Les observations réalisées dans chacun de ces programmes permettent de décrire les changements de notre environnement et servent d’indicateur pour un développement durable.

Déclin, apparition et extension d’espèces

Le constat concernant l’état de conservation des différentes espèces est contrasté. Alors que pour certaines espèces la situation s’est améliorée, à la suite, notamment, des mesures de protection des milieux, pour d’autres, la situation s’est détériorée, notamment en raison de l’urbanisation croissante et des pratiques agricoles menant à la perte d’habitats favorables.

En termes de plantes non-vasculaires, les Cladines (groupe de lichens) recherchées par les observateurs se concentrent notamment dans la région de l’Oesling, et le Coussinet des Bois, mousse se rencontrant dans les plantations d’épicéa, se retrouve surtout dans la région du Gutland. La Dicrâne verte, mousse que l’on rencontre généralement sur la base des troncs de feuillus, se propage vers le nord du pays. Enfin, une nouvelle espèce de Sphaignes, la Sphagnum angustifolium, a été découverte sur le sol luxembourgeois.

Au niveau des invertébrés, la Sangsue médicinale n’a pu être observée que dans le Gutland, malgré l’existence de nombreux sites favorables sur l’ensemble du pays. Sur les 2 espèces d’écrevisses indigènes, seule subsiste et dans un seul complexe d’étangs, l’Écrevisse à pattes rouges. En parallèle, l’Écrevisse signale, forte consommatrice d’invertébrés aquatiques, est en train de coloniser le Wollefsbaach à Useldange et doit faire l’objet de mesures de contrôle. Alors que la présence des deux odonates, Agrion de mercure et Leucchorine à large queue est stable, ces espèces restent isolées et vulnérables. Enfin, pour les papillons, des analyses sont actuellement en cours dans le cadre de l’atlas des papillons de jour du Luxembourg, et des suivis d’abondance ont été initiés dans les aires protégées.

Pour les espèces d’amphibiens et de reptiles, les connaissances de distribution du Crapaud accoucheur et du Triton crêté, ainsi que du Lézard des souches et du Lézard des murailles, ont été élargies. De même, de nouveaux sites pour la Couleuvre, l’Orvet et le Lézard vivipare ont pu être observés. Quant aux populations déjà présentes, la Rainette arboricole, le Crapaud Calamite et le Sonneur à ventre jaune, celles-ci sont stables et localisées. Autant d’observations qui ont permis de mettre à jour les atlas des amphibiens et des reptiles au Luxembourg, avec une publication actualisée en 2016.

Enfin, en termes de mammifères, le Chat sauvage est relativement bien réparti au Luxembourg, avec une présence accrue d’individus hybrides dans certaines régions comme l’Alzette supérieure. À l’instar du Chat sauvage, la Martre occupe la plupart des régions du pays, une occupation stable depuis plusieurs années. Le Putois européen, difficile à observer, a pu être repéré dans les mois de mars-avril à proximité de points d’eau. Le Muscardin, espèce dont la distribution était méconnue avant la mise en place du programme de surveillance, se révèle être présent de manière assez homogène dans l’ensemble du pays, alors que la Loutre d’Europe, n’est plus observée de nos jours au Luxembourg.

Espèces exotiques envahissantes

Une préoccupation récente au niveau européen est la présence et l’extension des espèces exotiques envahissantes telles que le Raton laveur, le Ragondin ou certaines plantes aquatiques. Un nouveau programme dédié vient ainsi d’être lancé. Dans ce programme, l’accent est mis sur la prévention, la détection précoce et l’éradication de ces espèces et enfin la gestion dans les sites exposés.

Un système de surveillance couvrant le territoire, utilisant les données déjà existantes, est en cours de mise en place, notamment via le développement d’applications pour smartphones. Ici encore, la participation des citoyens est primordiale pour l’observation de ces espèces.

En route pour 2019

Après avoir rapporté pour la première fois, en 2013, ces observations à la Commission européenne à la suite de la mise en place de son programme de surveillance, l’ensemble des acteurs se préparent désormais à la prochaine échéance. En 2019, le Luxembourg devra en effet transmettre, aux autorités européennes, les toutes dernières observations portant sur la période 2013 à 2018.

Afin d’améliorer encore la qualité des données pour la prochaine période d’observations, de 2019 à 2024, plusieurs stratégies sont explorées. Elles incluent :

  • la standardisation des méthodes utilisées grâce, notamment, à la sensibilisation et à la formation du public,
  • l’utilisation accrue de piégeage automatisé, tels que des caméras et enregistreurs sonores, permettant d’augmenter la quantité et la qualité des données,
  • la mutualisation et la validation de données issues de programmes menés par différents acteurs tels que l’administration de la Nature et des Forêts, le ministère du Développement durable et des Infrastructures, l’administration de la Gestion de l’eau, Natur&Emwelt, le Musée national d’Histoire naturelle, le Syndicat intercommunal de l’Ouest pour la Conservation de la Nature et le LIST,
  • l’inclusion d’autres espèces indicatrices,
  • l’utilisation d’approches moléculaires pour l’identification d’espèces proches comme chez les grenouilles vertes ou bien encore l’utilisation de l’ADN environnemental, c’est-à-dire prélevé dans l’environnement et non sur les individus.

Photo d’illustration : Agrion de Mercure - Par Gilles San Martin — originally posted to Flickr as Coenagrion mercuriale, CC BY-SA 2.0

Communiqué par le LIST

Communiqué
Publié le mardi 28 novembre 2017
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