La chasse au glyphosate dans la vallée de l’Attert
Dans la commune belge frontalière d’Attert, le député-bourgmestre Josy Arens applaudit la « décision géniale » du gouvernement luxembourgeois. Et, directement concerné par la question, il entend aussi supprimer ce produit sur son sol communal, quitte à remuer quelques pans du Royaume.
Josy Arens est aux commandes de la commune d’Attert depuis 1995. Une commune frontalière, au cœur d’un parc naturel, zone préservée qui fut une des premières en Wallonie. Et cette vallée de l’Attert est belgo-luxembourgeoise par nature, transfrontalière par essence, animée par une association de fait entre communes voisines, notamment Beckerich, Ell, Préizerdaul ou Redange/Attert.
Arens, accessoirement né Luxembourgeois, est aussi fils d’agriculteur, attaché à la valeur des terres et de la ruralité, attaché à l’environnement. « Régulièrement, il y a ici des réunions entre agriculteurs de part et d’autre de la frontière ».
1 700 hectares exploités par des Luxembourgeois
Et pour cause : plus de la moitié des terres disponibles, soit environ 1 700 hectares, sur la commune d’Attert sont exploitées par des agriculteurs du Grand-Duché…
Alors les questions de pesticides, d’herbicides et autres produits, il connaît, le remuant bourgmestre. « On ne peut pas accepter plus longtemps que l’on nous empoisonne au quotidien ». Aussi, quand le gouvernement Bettel annonce qu’il interdit le glyphosate, Josy Arens applaudit à tout rompre. « C’est une décision géniale et je l’en félicite ».
Mais, pas du genre à laisser filer un « bout de gras » qui lui tient à cœur, Arens veut aller plus loin. Et il annonce, Urbi et Orbi : « Je veux aussi interdire l’utilisation du glyphosate dans ma commune ».
Règlement de police et produits locaux
À l’heure actuelle, le Roundup et ses cousins sont déjà interdits à la vente aux particuliers en Belgique, par décision fédérale. Et la Région wallonne est responsable de l’utilisation, toujours possible donc, par les professionnels. Le député entend porter le débat à tous les étages de la politique belge, pour accélérer et coordonner un processus de retrait total du glyphosate. Et le bourgmestre lance le défi local : « Je crois que j’obtiendrai une majorité dans ma commune, pour interdire l’utilisation du glyphosate chez nous. Auquel cas, on peut imaginer couler cette interdiction dans un arrêté, inclus dans notre règlement de police. Je verrai bien si, à un autre niveau de pouvoir, quelqu’un essaie de nous en empêcher ».
Il est conscient qu’il faudra réfléchir, comme l’a fait le Luxembourg, à des mesures d’aide, d’appui, voire de compensations. « Ce qui est important, c’est que nos produits locaux soient sains, bien faits, et que les agriculteurs-producteurs aient une juste rémunération pour leur travail de qualité ».
Pour l’heure, Josy Arens fait le buzz avec ce nouveau combat, attaché à la défense du monde rural. Et selon lui, des collègues de communes voisines viennent aux nouvelles, en se disant intéressés par la démarche. Dans la vallée de l’Attert, la chasse au glyphosate est clairement ouverte…
Alain Ducat