La Culture à l’école pour Apprendre sans limite
Educ’Art était présent au Salon de l’Education de Charleroi (Belgique). Depuis 2008, cette association réunit neuropsy, pédagogues, artistes, orthophonistes.. et invite à une pédagogie créative, ludique, humaine.
« La culture, c’est ce qui relie les savoirs et les féconde. » Edgar MORIN, sociologue.
On peut difficilement nier l’importance de la culture dans l’éducation des jeunes, et ce, dès la petite enfance. En effet, selon l’écrivain Milan Kundera : « La culture, c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre. »
Cette vision de la culture en tant que patrimoine de l’humanité ne peut que renforcer la fonction de l’école qui est là non seulement pour enseigner des savoirs-faire mais également des savoirs-être. Leur rôle commun n’est-il pas de donner à chaque être humain les clés du monde dans lequel il vit, les règles -et les joies- du « vivre ensemble » ?
Plaisir d’apprendre
Aller au musée avec sa classe, inviter une musicienne à travailler avec l’enseignante, proposer des ateliers d’écriture poétique au cours de français, des fresques dans les cours de récréation, de la danse en maternelle… tous ces projets créatifs illustrent l’apport magique de la culture à l’école et (re)connectent l’enfant au plaisir d’apprendre.
Lorsqu’on demande à Bobby Mc Ferrin , célèbre jazzman américain, pourquoi il fait de la musique, son visage s’illumine : « It makes me feel good ! » . L’enfant qui s’émerveille face à son mandala, l’écrivain en herbe… ils ont ce même regard. L’art éveille le meilleur de nous-même, il nous fait nous « sentir bien » !
Combien d’élèves sont-ils heureux d’aller à l’école ? Combien d’enseignants se demandent-ils avec inquiétude comment motiver les élèves ?
Nous apprenons et retenons lorsque le corps, le cœur et la tête fonctionnent en cohérence. Les neurosciences montrent comment les perceptions sensorielles et émotives nourrissent les représentations mentales.
Comment, concrètement, retrouver ce plaisir d’apprendre si important pour la construction des savoirs ? Il existe une multitude d’outils, de formations pour vous aider dans vos démarches en proposant des animations dans les classes, des formations d’enseignants, des stages pour enfants … Par exemple, inviter l’enfant à entrer dans l’écrit par la créativité. Danser les lettres de l’alphabet fait vivre la trace par le corps avant de la projeter sur le papier, libre et fluide.
« Vivre ensemble »
Dans ces moments de tensions internationales, l’école fait face aux préjugés et à la discrimination. « La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre avec d’autres imaginaires et d’autres cultures » , affirmait Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la culture français, en 2004.
Parler « culture » force à débattre des valeurs et des croyances. Comment les partager sans les imposer ? Inviter des artistes à l’école, c’est provoquer cette rencontre des valeurs et prendre le risque de sortir de son espace de confort : l’artistique déstabilise le pédagogique et réciproquement. Mais à partir de ce déséquilibre, on se transforme
« L’art, ça sert à rien ! »
Et l’évaluation dans tout ça ? Voici une question qui préoccupe parents et enseignants encore trop souvent prêts à se rassurer par les « notes ». Quel enseignant ne s’est-il pas senti désespéré face à la question lancinante : « Ça compte pour des points ? » Et ce, depuis la première primaire jusqu’à l’université !
Evaluer les activités culturelles en classe pose des questions de fond : pourquoi on le fait, qu’est-ce que cela nous apporte ? Quel impact sur les enfants ? Les réponses se co-construisent, intègrent la diversité des points de vue, ouvrent de nouvelles perspectives pédagogiques. Tout cela exige du temps, du soin et de l’implication personnelle. L’occasion d’une réflexion profonde sur le sens de l’évaluation ?
Une pédagogie de l’intention
Plus fondamentalement : Eduquer ne peut se résumer à enseigner des savoirs. Il s’agit de donner aux enfants qui nous sont confiés les atouts qui leur permettent de comprendre le monde dans lequel ils vivent et d’interagir sur lui.
Nous pensons qu’il est indispensable de réfléchir à une pédagogie de l’intention, une pédagogie qui prenne en compte les objectifs essentiels de l’éducation, qui donne un vrai sens aux apprentissages, qui considère chaque enfant comme un être à part entière, dans la bienveillance, dans le plaisir d’apprendre, de se former.
Dans cette époque passionnante qu’il nous est donnée de vivre, ouvrir l’école à la culture, c’est évoluer sans oublier qui et avec qui nous sommes. Avec les parents, les artistes, les intellectuels, les scientifiques, autour d’un même projet humain, puisons dans les racines de notre histoire la force du futur.
Tatiana De Barelli, coordinatrice Educ’Art asbl, psycho-pédagogue et graphothérapeute.
Source : www.pressenza.com