La France ou la déception écologique

La France ou la déception écologique

Face à l’importante, et parfois violente, contestation bretonne du 26 octobre dernier, le gouvernement français a finalement décidé de suspendre l’écotaxe. Une reculade écologique de plus qui donne le sentiment que la France n’est décidement pas désireuse d’offrir un avenir plus vert à ses enfants, ni à lutter contre le réchauffement climatique.

L’échec cuisant d’une transition écologique aux contours plus que flous, le limogeage, assez violent, de la ministre de l’Environnement Delphine Batho, l’absence de taxe sur le diesel dans le budget 2014 et maintenant la suspension de l’écotaxe, pour les écolos français, la messe est dite : « Le gouvernement n’a pas envie de changer de modèle énergétique, de modèle de mobilité ni de modèle agricole », selon Matthieu Orphelin, de la Fondation Nicolas Hulot. Un avis largement partagé par d’autres écologistes comme Bruno Genty, président de France Nature Environnement, qui juge « lamentable » la décision du gouvernement Ayrault.

Toujours la faute de quelqu’un d’autre

Cette taxe, que les politiques de droite et de gauche se passent comme une patate chaude est née des volontés du quinquennat de Nicolas Sarkozy, suite à la directive de l’UE d’apporter un cadre plus harmonieux aux calculs des montants des péages des transports de marchandises sur certaines routes et adaptable selon les désirs des Etats.

En France, ce furent les routes nationales (RN) qui furent visées. En 2007, le Grenelle de l’Environnement, organisé par Nicolas Sarkozy, accoucha de nombreux principe dont la création d’une éco-redevance kilomètrique pour les poids lourds, bref une taxe qui se calcule en fonction de la distance qu’ils parcourent et de la pollution que cela implique.

Comme toutes les autres taxes écologiques, cette taxe à pour but de changer les comportements (argument dèjà entendu à la rentrée au sujet de la contribution climat-énergie ) et inciter ainsi les transporteurs à opter pour des moyens de frêt moins polluants comme le train. D’ailleurs, ses bénéfices doivent servir aux financements d’infrastructures ferroviaires.

A l’époque applaudit et même attendue (certains politiques se demandant pourquoi elle n’avait pas été adoptée plus tôt), la taxe n’a pas à se faire désirer pour être votée et il ne manque plus que quelques ajustements pour la faire entrer en vigueur. Seuls quelques élus bretons élèvent la voix. En 2009 les contours se précisent, autorisant notemment les transporteurs à répercuter le prix de cette taxe sur leurs clients.

La mise en place de la taxe est à chaque fois reportée, la majoritée change et, lorsque le PS, qui vient d’arriver au pouvoir décide enfin de l’appliquer, voilà qu’une soixantaine d’élus UMP s’y opposent. Elle est reportée, encore, est mise au calendrier de janviers 2014.

C’est qu’entre temps, la crise est venue saboter les combats pour notre environnement . Les Français en ont marre de payer et les réductions qu’accordaient le gouvernement à des régions particulièrement touchées par la crise comme la Bretagne (50%), l’Aquitaine et les Midi-Pyréenées (-30%) ne suffisent pas à apaiser les tensions et après de vives manifestations le dernier week-end d’octobre, le gouvernement a décidé de « suspendre » momentanément l’écotaxe, le temps de « discuter » avec toutes les parties engagées.

Carton rouge

Cette décision est un gâchis à plusieurs titres. Tout d’abord parce que c’est, en France, un nouveau combat pour l’environnement de perdu. Même si l’annonce de la fermeture de la centrale de Fessenheim était censé apaiser les esprits elle est loin de contenter les défenseurs d’une France durable puisque que la doyenne des centrales françaises ne sera pas démantelée avant 2018.

Par ailleurs, cette écotaxe, qui devait rapporter 1,2 milliard d’€ ne rapportera, finalement, rien. Du moins, pour le moment. Par contre, elle coûtera. En effet, selon nos confrères d’Europe 1, le remboursement de l’investissement dans les infrastructures (installations des portiques comptabilisateurs et rétribution de la société collectrice Ecomouv) 15 millions d’euros par mois pendant 12 ans au gouvernement pour le remboursemer. Un remboursement qui devra commencer dès janvier, écotaxe en vigueur...ou pas ! Si, toutefois, le gouvernement décidait de supprimer purement et simplement l’impôt, une clause du contrat avec Ecomouv (alors signé sous l’ère Sarkozy) promet, quoi qu’il se passe, 800 millions d’€ à la société italienne à charge de la France, bien entendu !

Le Réseau Action-Climat France à publié, hier, l’article Politique climat-énergie du Gouvernement un an après la conférence environnementale : 1 carton vert, 5 cartons jaunes, 9 cartons rouges dans lequel il dénonce notamment l’immobilisme et les reculades du gouvernement français.

Photo ©Gickel sur Pixabay

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Publié le mercredi 30 octobre 2013
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