La plateforme pour passer les frontières du « manger local »

La plateforme pour passer les frontières du « manger local »

AROMA, un projet transfrontalier, collaboratif et rassembleur, pour l’approvisionnement de proximité sur le territoire de la Grande Région, ciblé sur la restauration de collectivités.

Manger local, ce n’est ni un luxe ni une lubie protectionniste ou altermondialiste. C’est, entre autres, une façon de s’alimenter sainement et le cas échéant bio, de favoriser la production régionale et de saison, d’éviter la dépendance par rapport à l’agroalimentaire mondial… Remis en lumière par la période de confinement, ébloui par les pénuries sur certaines denrées importées, ce mode de consommation est, au fond, un mode de vie, un choix conscient…

Les producteurs existent, les initiatives publiques, privées ou coopératives aussi… La conscience politique et même économique tend à aller dans ce sens

Autour d’un projet Interreg, une série d’organisations ont lancé AROMA, acronyme pour « Approvisionnement Régional Organisé pour une Meilleure Alimentation ». Transfrontalier, centré sur la Grande Région, ce projet innovant entend organiser un approvisionnement alimentaire de proximité, destiné avant tout aux acteurs de la restauration hors domicile, collectivités en tête de gondole. Il rassemble une vingtaine de partenaires, sous la houlette du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, issus de la province belge de Luxembourg, des Länder allemands de Rhénanie-Palatinat et de Sarre, de Lorraine française et du Grand-Duché de Luxembourg.

Du partenariat à la plateforme d’approvisionnement

Ces partenaires sont des opérateurs de terrains, comme le GEIE EcoTransFaire ou le collectif Citoyens et territoires Grand Est (Lorraine), la Halle de Han ou le Parc Naturel de Gaume (Belgique) ou encore, pour le Luxembourg, CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg), particulièrement actif dans les projets de participation citoyenne à la transition écologique, économique et sociétale.

Pour compléter le tableau, une douzaine de partenaires méthodologiques, dont l’Université du Luxembourg, le GECT Alzette Belval, la Commune de Sanem, ALTERINNOV, Convis ou le Parc Naturel de Mëllerdal…

Financé pour plus de la moitié par les fonds Feder du programme européen Interreg, le projet AROMA a constitué un véritable réseau transfrontalier d’acteurs des filières agricole et alimentaire, pour favoriser et garantir l’approvisionnement en produits régionaux de qualité.

Au fil des rencontres, séminaires et autres actions de sensibilisation, AROMA touche à présent à sa phase concrète : un centre de ressources couvrant le territoire de la Grande Région, une plateforme d’approvisionnement transfrontalier. L’objectif est aussi d’accompagner les acteurs et responsables de la restauration collective, leur clientèle aussi – dans les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise, les hôpitaux, les collectivités locales – pour arriver à créer un marché régional et néanmoins sans frontière physique, pour une redistribution de la valeur ajoutée à l’échelle de voisins coopérant dans l’espace singulier de la Grande Région.

Rapprocher l’offre et la demande

Selon les responsables du projet, le constat de base était est que « la filière agroalimentaire n’est pas organisée pour travailler en autonomie, au sens de l’autosuffisance alimentaire des régions, alors que les productions sont bien présentes en quantité suffisante et en qualité pour alimenter la restauration hors domicile ».

Au 1er semestre 2021, la plateforme Paysan Bio Lorrain a été retenue dans le cadre d’un marché public pour la mise en œuvre opérationnelle de l’expérimentation consistant à transposer le modèle « paniers collèges en transfrontalier.

On est passé aux paniers transfrontaliers AROMA, avec un service d’approvisionnement sur une gamme de plus de 40 produits bio et locaux adaptés à la restauration collective, basé sur un partenariat avec 7 producteurs belges, français et luxembourgeois, des acheteurs des 3 frontières (dont 3 épiceries luxembourgeoises) et des livraisons selon un calendrier préétabli de janvier à juin 2021.

Si le début de l’année 2022 sonne la fin du projet Interreg, il marque surtout, en ce printemps, le lancement de la plateforme transfrontalière pérenne qui permettra d’approvisionner les restaurations collectives. AROMA facilite l’achat et la vente de produits régionaux, avec toujours pour vocation de conforter les systèmes d’approvisionnement locaux, en proposant une extension transfrontalière.

« La plateforme ne se positionne pas comme un intermédiaire supplémentaire, mais plutôt comme facilitateur pour renforcer les relations entre acteurs et rapprocher offre et demande » soulignent les instigateurs.

Modèle coopératif

Les valeurs y sont essentielles, matérialisées par la charte AROMA. Elle s’engage notamment sur une distance géographique la plus courte possible entre production et consommation des produits, sur une démarche de qualité contrôlée et continue, sur une relation commerciale circulaire (contractualisation tripartite) ou encore sur l’accessibilité au plus grand nombre (incluant l’accessibilité spatiale, pratique, financière, sociale…).

Le modèle économique est de type coopératif, équitable aussi, avec 23 partenaires de la Grande Région qui accompagnent la plateforme. L’organisme se veut participatif, ouvert et évolutif, et se dote d’une gouvernance partagée.

« Ses statuts lui conféreront la garantie d’un caractère d’utilité sociale », précisent les opérateurs qui soulignent encore que, si la structure nécessite des soutiens financiers publics, ceux-ci prévoient la dégressivité des aides, pour que la structure tende vers une autonomie progressive.

(un reportage de la télévision communautaire de la Province de Luxembourg TVLux)

L’initiative est à suivre,notamment ici ou encore ici

Alain Ducat

Photos : Halle de Han/Aroma
Vidéo : (c) TV Lux

Article
Publié le mardi 5 avril 2022
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires