La première application de gestion de la qualité de l’air en temps réel
Interview de Jean-Gabriel Winkler, fondateur et CEO de : Pando2 et Julien Blaise, business developer chez LLuCS (laboratoire luxembourgeois de contrôle sanitaire).
Huit fois plus pollué que l’air extérieur, l’air intérieur est responsable de millions de morts prématurées chaque année. S’appuyant sur les microcapteurs, l’internet des objets et la data science, Pando2 a développé la première application métier qui permet de rendre visible cette réalité invisible et de veiller en temps réel sur la qualité de l’air extérieur et intérieur car « on ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas ».
De quel constat est née l’application Pando2 ?
Jean-Gabriel Winkler : La mauvaise qualité de l’air est la 1re cause de mortalité prématurée en Europe et pour l’améliorer, les bureaux d’études recourent le plus souvent à des mesures passives et ponctuelles. L’émergence des microcapteurs connectés ouvre de nouvelles possibilités en termes de surveillance, avec la possibilité de mesurer des paramètres de plus en plus nombreux - que ce soit en intérieur ou en extérieur -, de manière fiable et en continu. Par ailleurs, les fabricants de capteurs proposent traditionnellement des solutions fermées et un seul fabricant ne peut couvrir l’ensemble des besoins du marché en ce qui concerne le type de polluants, l’exactitude des mesures, le protocole de communication, le design, etc.
Quelle est la plus-value de cette solution ?
JGW : Pando2 est la 1re solution complètement interopérable, ce qui lui permet de proposer une surveillance sur-mesure. Elle intègre tous les capteurs connectés du marché, sous réserve qu’ils soient ouverts, soit une soixantaine de modèles provenant d’une vingtaine de fabricants, ce qui représente jusqu’à une quarantaine de paramètres qui peuvent être mesurés et suivis en temps réel. Cette offre permet de couvrir 95 % des besoins de nos clients. Parmi les plus importants de ces polluants figurent le CO2 , les particules fines, les composés organiques volatils, le dioxyde d’azote, le monoxyde de carbone, le radon, le dioxyde de soufre, mais aussi des données relatives au confort comme la température, l’humidité relative, la luminosité, le bruit ou les vibrations, auxquels peuvent s’ajouter davantage de données de suivi du bâtiment : comptage de personnes, détection d’ouverture des fenêtres et des portes, débit de ventilation et consommations énergétiques. Autre particularité, Pando2 intègre également de nombreuses données ouvertes fournies par les organismes officiels, ce qui lui permet de qualifier l’environnement extérieur de manière géolocalisée. Sachant que l’air extérieur est un des principaux facteurs de pollution de l’air intérieur, il est primordial d’identifier ces transferts de la pollution.
Que deviennent ces données une fois qu’elles ont été recueillies par des capteurs ?
JGW : Nous sommes spécialisés dans la surveillance, le traitement et l’analyse de ces données. Notre objectif est de transformer ces mesures en informations compréhensibles et en recommandations concrètes. Nous disposons notamment d’une plateforme d’analyse avancée Big Data qui permet d’établir des tableaux de bord personnalisés et de conduire des analyses spécifiques. Nous nous concentrons sur l’applicatif, les capteurs connectés et le traitement des données environnementales.
À quel moment le LLuCS intervient-il ?
JGW : Le LLuCS est le pendant parfait de Pando2 pour le marché luxembourgeois en raison de sa présence locale, sa capacité à accompagner les clients sur le terrain avec les moyens et compétences humaines dont il dispose et surtout parce que c’est un laboratoire qui peut fournir des mesures de laboratoire complémentaires à celles des microcapteurs.
Julien Blaise : Pando2, avec son application qui est très bien faite et qui a une prise en main très rapide, nous a permis de compléter nos prestations sur la partie monitoring. En tant que laboratoire, nous proposons des analyses ponctuelles en chimie, microbiologie et physique. Grâce à Pando2, nous pouvons désormais voir l’influence de certains facteurs sur l’évolution de la qualité de l’air.
Quel est le rôle du LLuCS ?
JB : Nous nous mettons en relation avec les acteurs luxembourgeois qui souhaitent avoir un suivi de la qualité de l’air, puis nous déployons les capteurs qui seront connectés à l’application Pando2. Nous assurons également un accompagnement axé sur notre expertise en contrôle sanitaire et nous conseillons sur les mesures à prendre en cas de dépassement de certains seuils. Nous nous occupons aussi de sensibiliser, de faire de la pédagogie car la qualité de l’air reste un sujet encore novateur au Luxembourg. Nous montrons que, pour améliorer la qualité de l’air intérieur, il existe des solutions clé en mains, faciles à mettre en place et qui donnent de réels résultats, sur lesquels nous avons avec Pando2 une longue expertise et un grand retour d’expérience (ndlr : 3 500 capteurs déployés dans 8 pays).
JGW : À travers cette collaboration, nous sommes capables de proposer une offre globale et d’accompagner nos clients avec un accompagnement dès la phase de conception, des mesures de contrôle à la livraison et une surveillance en continu en phase d’exploitation – phase qui représente 70 % du coût total d’un bâtiment sur sa durée de vie. N’oublions pas que de plus en plus de labels et certifications intègrent ce critère.
En quoi l’application Pando2 peut-elle entrer dans un projet smart ?
JB : Les projets immobiliers actuels impliquent d’énormes investissements, donc autant réfléchir dès le départ à la qualité de l’air. La conception devrait aujourd’hui prendre en compte ce paramètre dès le choix des matériaux qui seront mis en œuvre. Il est également primordial de suivre la qualité sanitaire d’un bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie. En ce sens, Pando2 est un outil qui entre parfaitement dans un smart building. Par ailleurs, le volet monitoring énergétique, en cours de développement, peut s’inscrire dans un système automatisé qui permet de réaliser des économies d’énergie.
Sur quel type de projets avez-vous déjà travaillé ensemble ?
JB : Des capteurs ont déjà été mis en place au Luxembourg. Nous avons notamment travaillé avec un architecte d’intérieur qui souhaitait voir l’influence de certains matériaux sur le taux de polluants chimiques présents dans l’air. Grâce aux capteurs et au suivi, nous avons pu émettre un rapport et recommander certains matériaux moins émissifs. Nous sommes également en phase de test avec une entreprise de construction qui a mis en place une campagne de mesure d’un mois dans ses bureaux en vue de proposer cette solution par la suite à ses clients.
Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#54
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