La protection de l'eau douce montre des signes de progrès

La protection de l’eau douce montre des signes de progrès

Les écosystèmes d’eau douce comme les lacs, les rivières et les zones humides sont essentiels à la survie, à la santé et aux moyens de subsistance. Également connus sous le nom de plans d’eau intérieurs ou d’écosystèmes aquatiques terrestres, ils assurent la fourniture de notre eau potable, industrielle et énergétique. En plus de représenter des ressources utilisables, les masses d’eau douce sont aussi des habitats essentiels pour la biodiversité : bien que l’eau douce ne représente que 0,01 % de l’eau mondiale, elle abrite près de 6 % de toutes les espèces dénombrées.

Cela place ces écosystèmes dans une position unique.

« Leur rôle essentiel dans la société et leurs multiples utilisations montrent que les écosystèmes d’eau douce sont d’une importance exceptionnelle », explique Lis Mullin Bernhardt, spécialiste des écosystèmes d’eau douce à ONU Environnement. « Malheureusement, ils sont également menacés de manière disproportionnée : ils supportent le poids de l’activité humaine, les changements climatiques et un certain nombre d’autres facteurs. »

Au cours des 40 dernières années, les populations d’espèces d’eau douce ont diminué de 81 %, soit plus du double des taux observés chez les espèces terrestres et océaniques. En même temps, on estime que, depuis 1900, environ 70 % des masses d’eau intérieures ont disparues, et les chiffres sont encore plus élevés dans certaines régions, comme l’Asie. Les zones humides intérieures disparaissent à un rythme plus rapide que les zones côtières.
 

Image satellite du lac Naivasha, vallée du grand rift, Kenya, octobre 2017. Les couleurs vertes montrent la croissance de la végétation autour des centres horticoles et agricoles, fortement concentrés autour du lac et formant l'épine dorsale de l'économie kenyane. (Photo de Sentinel-2 MSI, Agence spatiale européenne)
Image satellite du lac Naivasha, vallée du grand rift, Kenya, octobre 2017. Les couleurs vertes montrent la croissance de la végétation autour des centres horticoles et agricoles, fortement concentrés autour du lac et formant l’épine dorsale de l’économie kenyane. (Photo de Sentinel-2 MSI, Agence spatiale européenne)

En outre, on estime que 80 % des eaux usées du monde entier sont rejetées directement dans des plans d’eau sans avoir été préalablement traitées, ce qui entraîne de graves répercussions sur les écosystèmes et la santé des êtres humains.

Les conséquences de la perte d’écosystèmes d’eau douce et de leur fonctionnalité sont une réalité que beaucoup de pays comprennent déjà trop bien. Webster Chiyangwa, de l’Ambassade de la République du Zimbabwe auprès de l’ONU, est depuis longtemps un ardent défenseur des efforts croissants déployés pour protéger et restaurer les importants écosystèmes d’eau douce que l’on trouve dans son pays : « Au Zimbabwe, explique-t-il, nous assistons aux compromis faits au profit du développement des infrastructures et aux dépens de la protection des écosystèmes. Par exemple, des zones humides essentielles sont asséchées pour construire des bâtiments résidentiels et des centres commerciaux. »

Il affirme que de nombreux projets de développement ont conduit à l’asséchement des zones humides - qui fournissent une purification naturelle ou une protection contre les inondations - pour assurer la construction d’infrastructures destinées à stimuler l’économie.

« Ce qu’il est plus difficile de comprendre, cependant, poursuit-il, est le rôle crucial que jouent ces zones humides en termes de protection contre les inondations, d’approvisionnement en eau pour les rivières utilisées pour l’hydroélectricité et la régulation de l’approvisionnement en eau. Le résultat peut conduire à une mauvaise régulation de l’eau, y compris les inondations, et à la propagation des maladies d’origine hydrique. »

En réponse aux exigences des pays en développement de ce type, les délégués réunis à l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement en décembre ont pris des mesures historiques pour protéger et restaurer les écosystèmes liés à l’eau. Dans une résolution inédite, les États membres ont pris des mesures pour restaurer et protéger les écosystèmes liés à l’eau, dont les activités humaines et le changement climatique, afin qu’ils puissent continuer à fournir durablement les services et les biens dont les pays ont besoin de manière socialement et écologiquement durable.

« Au Zimbabwe, nous assistons aux compromis faits au profit du développement des infrastructures et aux dépens de la protection des écosystèmes. Par exemple, des zones humides essentielles sont asséchées pour assurer la construction de bâtiments résidentiels et de centre commerciaux. »

S’appuyant sur une demande formulée en 2012, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement a exhorté les pays à s’appuyer sur le nouveau Cadre pour la gestion des écosystèmes d’eau douce pour prendre des mesures visant à surveiller et protéger leurs écosystèmes liés à l’eau.

Selon Joakim Harlin, chef de l’Unité de l’eau douce d’ONU Environnement et responsable de la finalisation du Cadre pour la gestion des écosystèmes d’eau douce, il est clair que ces plans d’eau sont directement menacés par le développement et aggravés par la conversions des sols et le changement climatique. Les masses d’eau douce se situent principalement à l’intérieur des frontières des pays et il est donc de leur mandat et de leur capacité d’agir pour les protéger et assurer leur utilisation durable pour assurer la fourniture de l’eau potable, de l’irrigation, du tourisme, de la pêche, de la baignade ou de l’industrie. Le Cadre sert de guide aux pays pour surveiller, protéger et restaurer leurs principaux écosystèmes liés à l’eau.

Hartwig Kremer, responsable du programme de surveillance de la qualité de l’eau/GEMS, note le besoin urgent de surveillance de la qualité de l’eau pour lutter contre la pollution de l’eau. « Nous n’avons tout simplement pas assez de données pour la plupart des pays pour prendre des décisions éclairées sur l’étendue, les conséquences et les sources de la pollution de l’eau douce. Nos estimations montrent que jusqu’à un tiers des rivières des pays en développement souffrent d’une grave pollution pathogène, souvent liée à un manque d’accès et de traitement sanitaires sûrs et à la propagation de maladies d’origine hydrique. Mais il nous faut beaucoup plus d’informations, et c’est là qu’interviennent les systèmes de surveillance de base et la capacité à les mettre en place et à les maintenir. »

Il note également que des évaluations récentes (Un instantané de la qualité de l’eau dans le monde, PNUE, 2016) montrent que la plupart des plans d’eau terrestres se trouvent encore dans un état raisonnable, ce qui souligne l’importance de ce qu’il appelle les « technologies perturbatrices » permettant de prendre de nouvelles mesures pour détecter, protéger et restaurer les plans d’eau touchés par la pollution et maintenir ceux qui sont en bon état.

La récente résolution de l’Assemblée mondiale de l’environnement sur la pollution de l’eau et le cadre auquel elle se réfère sont des étapes importantes vers cet objectif.

Télécharger le cadre de gestion des écosystèmes d’eau douce

Source : ONU environnement

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Publié le mercredi 17 janvier 2018
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