La taxonomie européenne : opportunités et défis pour les PME
Retour sur les temps forts de la conférence organisée par la House of Sutainability et consacrée aux implications de la taxonomie européenne pour les petites et moyennes entreprises.
Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability & Business Development à la Chambre de Commerce, a inauguré l’événement en mettant en lumière les opportunités et les défis que représente la taxonomie verte pour les petites et moyennes entreprises (PME).
La taxonomie européenne, en tant qu’avancée majeure dans le domaine de la finance durable, est un système de classification des activités économiques qui ont un impact positif sur l’environnement. Son objectif est de promouvoir l’investissement dans ces activités. Cette nouvelle réglementation offre une réelle opportunité pour les entreprises qui adoptent une démarche de développement durable et qui se conforment aux critères définis par la taxonomie.
Les banques sont actuellement sous pression pour mettre en œuvre cette réglementation et classer les entreprises selon les critères de la taxonomie verte. Les PME seront donc confrontées à de nouvelles exigences de la part des grandes entreprises qui cherchent à se conformer à ces critères.
Il est donc essentiel de développer des stratégies et de prévoir l’avenir autant que possible. La House of Sustainability, ainsi que son écosystème de partenaires, ont un rôle crucial à jouer en tant que facilitateurs, en sensibilisant les PME à ces nouvelles exigences.
Cadre réglementaire européen pour l’investissement durable, Nicoletta Centofanti, LSFI
La Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) a pour mission de sensibiliser le secteur financier aux enjeux de la finance durable. Nicoletta Centofanti, directrice de la LSFI, a mis en avant l’augmentation des attentes du secteur privé en matière de durabilité, en parallèle avec les ambitions croissantes de l’Union européenne visant à canaliser davantage de fonds vers les investissements durables.
Alors que le développement durable était autrefois considéré comme un simple bonus, quelque chose qui n’était pas soumis à des réglementations, il est maintenant devenu essentiel, un impératif pour toutes les entreprises. Lors de son discours, Nicoletta Centofanti a souligné la corrélation entre les directives européennes de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et de la MiFID (Markets in Financial Instruments Directive) ainsi que la réglementation de la taxonomie européenne. Elle a illustré la façon dont ces instruments sont conçus pour orienter les flux de capitaux vers des projets commerciaux durables, contribuant ainsi à atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Union européenne.
Nicoletta Centofanti a présenté en détail les différentes actions de l’UE, notamment le plan d’action sur la finance durable (2018), le Pacte vert pour l’Europe (2019), le paquet financement durable (2023) et la réglementation de l’UE sur la finance durable (en cours).
Au sein du plan d’action sur la finance durable, l’instrument de la taxonomie européenne joue un rôle central. Il s’agit d’établir un système de classification clair et détaillé des activités durables. Trois acteurs clés requièrent une réglementation des activités et des relations : les investisseurs, les institutions financières et les entreprises.
LSFI est en train de développer un outil afin d’aider les entreprises à comprendre les réglementations et comment les implémenter : définir les réglementations, objectifs et timeline, impact pour les parties prenantes. Plus d’informations ici : https://lsfi.lu/fr/professionnels-de-la-finance/#
Taxonomie européenne et implications pour les PME, Stéphanie Deltenre, Forethix
Stéphanie Deltenre a également mis en évidence l’importance de toutes les réglementations européennes, en particulier parce qu’elles concernent tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement d’une grande entreprise. Par exemple, si une entreprise souhaite investir dans sa transition durable et solliciter un financement auprès d’une banque pour un projet, elle devra prouver à cette banque que le projet est vert. C’est la taxonomie qui définit les critères et les seuils requis.
Quel est l’intérêt d’effectuer un alignement taxonomique dans un rapport de développement durable pour une entreprise qui n’est pas directement concernée par la taxonomie ?
En effectuant un alignement taxonomique, même en dehors des exigences légales, l’entreprise démontre son engagement envers la durabilité et sa volonté de communiquer de manière transparente sur son impact environnemental. Cela renforce la confiance des parties prenantes, notamment les investisseurs, les clients et les régulateurs.
Il est important de souligner que les entreprises directement touchées par la taxonomie sont celles qui comptent plus de 500 employés, avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros ou un bilan de 20 millions d’euros. Cependant, ces entreprises demandent également à leurs PME de respecter certains critères ESG tout au long de la chaîne d’approvisionnement, ce qui oblige les petites entreprises à s’y conformer. Une entreprise qui se prépare dès maintenant bénéficie d’un avantage en anticipant les questions que pourrait lui poser une institution financière lors d’une demande de financement.
Exigences des banques envers les PME en matière de refinancement, Romy Reding, Spuerkeess
La Spuerkeess vise à préparer et accompagner ses clients et surtout les petites et moyennes entreprises pour se conformer aux exigences de la taxonomie européenne.
Selon Romy Reding, il est essentiel que les entreprises se préparent à répondre aux différentes questions relatives aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Une tendance se dessine sur le marché, consistant à intégrer une prime de risque aux produits considérés comme non verts, comme les politiques et les régulateurs imposent cela aux banques.
Cela se traduira donc par une augmentation des intérêts et dans certains cas par des difficultés de refinancement de certaines activités non durables.
Après avoir constaté que les PME ont souvent des difficultés pour collecter les informations requises par la taxonomie, la Spuerkeess a rejoint l’initiative lancée par l’ABBL afin de mettre à disposition des entreprises un questionnaire unique pour l’établissement d’un score ESG sectoriel par entreprise.
Comment une PME se prépare aux exigences de la taxonomie européenne, Sébastien Jungen, Bamolux
Bamolux, une entreprise spécialisée dans l’aménagement d’intérieur, avait déjà démontré son engagement en faveur du développement durable lors de notre lancement de la House of Sustainability. La présence de Sébastien Jungen, directeur de Bamolux, a témoigné de l’importance accordée par l’entreprise à une véritable démarche durable. Pour Sébastien Jungen, il ne s’agit pas de refaire le monde, mais de l’améliorer progressivement.
Lors de son intervention, Sébastien Jungen a partagé les différentes initiatives mises en place par Bamolux pour intégrer la durabilité au cœur de ses activités. L’obtention du label ESR (Entreprise Socialement Responsable) et le travail en cours sur l’obtention d’une certification B-Corp fournissent à l’entreprise un cadre pour ses initiatives de développement durable. Cela a permis à Bamolux de certifier l’atteinte de certains objectifs liés aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Bamolux réalise également un bilan carbone tous les deux ans et compense ses émissions en soutenant un projet de reboisement au Togo, tout en veillant à impliquer les communautés locales et à promouvoir la gestion durable des forêts. En parallèle, Bamolux s’engage dans une transition vers une économie circulaire en repensant son modèle d’affaires pour promouvoir la réutilisation et la valorisation des matériaux.
Sébastien Jungen souligne également l’importance des réglementations dans la réduction des déchets, reconnaissant leur rôle essentiel pour faire évoluer les pratiques de l’entreprise. Cette démarche de développement durable de Bamolux témoigne l’engagement du secteur privé à trouver des solutions durables et à contribuer à un avenir plus respectueux de l’environnement.
Programmes de soutien aux entreprises, Philippe Scholten, House of Sustainability
En conclusion de l’événement, Philippe Scholten a exposé les programmes d’aide aux entreprises visant à promouvoir leur transition durable. Ces mesures sont accordées par le Ministère des Classes moyennes et sont accessibles aux PME dotées d’une autorisation d’établissement.
Le starter kit RSE consiste en une auto-évaluation en ligne où l’entreprise évalue son niveau de maturité en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Cette évaluation permet ensuite de bénéficier d’un conseil individuel de la part du réseau de l’INDR, d’une durée de 3,5 jours. Une fois le starter kit finalisé, l’entreprise peut obtenir un remboursement de 5 000 €. Pour en savoir plus sur le starter kit RSE, rendez-vous ici.
Les SME Packages - Sustainability offrent une autre opportunité de co-financement pour les entreprises qui souhaitent mettre en place des mesures concrètes de protection du climat. Ces mesures visent à améliorer l’empreinte carbone, la gestion des déchets, la gestion de l’eau et la consommation d’énergie au sein de l’entreprise. Cette aide est accordée à hauteur de 5 000 € pour un investissement total compris entre 6 650 € et 25 000 € hors TVA. Découvrez ici les SME Packages - Sutainability.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter les services de la House of Sustainability : sustainability@cc.lu
Communiqué par la House of Sustainability / Chambre de Commerce Luxembourg / Chambre des Métiers Luxembourg
Source originelle : Les enjeux et défis de la taxonomie européenne à la loupe
Photos : House of Sustainability