Les fonds verts à l'épreuve des faits

Les fonds verts à l’épreuve des faits

Entre réglementation, transparence et opportunités stratégiques, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) analyse les défis et apporte des solutions pour contribuer à une finance réellement durable et compétitive.

L’essor de la finance durable : un levier stratégique

Avec plus de 50% des actifs gérés en Europe intégrant des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), la finance durable s’impose comme un moteur de transformation économique. Pour les investisseurs, elle représente une opportunité d’anticiper les risques, de suivre la croissance des secteurs en transition et d’améliorer leur accès aux financements dédiés aux technologies durables.

Pourtant, une étude du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) montre que de nombreux fonds classés sous les articles 8 et 9 du règlement Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) n’ont pas toujours l’impact escompté, voire financent des entreprises à forte empreinte carbone.

Les régulations européennes, comme la Taxonomie et le SFDR, visent à structurer ce marché en fixant des critères précis et standardisés. Des efforts sont en cours pour améliorer leur efficacité : développement de critères, simplification des procédures d’application et harmonisation des données. Enrico Benetto, responsable de l’unité Environmental Sustainability Assessment and Circularity du LIST, y participe en tant que membre de la European Platform on Sustainable Finance.

Garantir un impact tangible

L’un des principaux défis réside dans l’évaluation des critères ESG. Les notations actuelles, souvent établies par des agences privées, restent disparates et parfois opaques. De plus, la disponibilité et la qualité des données ESG varient d’un pays à l’autre, complexifiant les comparaisons. « Nous avons besoin de davantage de transparence sur les données environnementales et sociales des activités ainsi que sur leurs chaînes de valeur pour montrer que les investissements contribuent réellement à la transition verte », souligne Enrico Benetto.

Depuis une vingtaine d’années, son unité développe des méthodes d’évaluation d’impact basées sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV). Cette approche évalue les impacts environnementaux des ressources consommées et des émissions de polluants générées tout au long du cycle de vie de produits et technologies. Appliquée à la finance durable, l’ACV permet d’évaluer l’ensemble des impacts directs et indirects associés.


« Nos études montrent que les impacts indirects, notamment liés aux chaînes d’approvisionnement, peuvent représenter 60 à 80% de l’impact total des activités financées par le fonds. »

Enrico Benetto, responsable de l’unité Environmental Sustainability Assessment and Circularity du LIST

Les défis de la gouvernance et des critères sociaux

Au-delà des aspects environnementaux, les critères sociaux et de gouvernance sont aussi déterminants. « Il est déjà difficile d’obtenir des données fiables sur l’empreinte carbone d’une entreprise ; alors quantifier des critères comme le respect des droits humains ou l’égalité des chances sur une chaîne d’approvisionnement mondiale est encore plus délicat », illustre Enrico Benetto.

Les chercheurs ont toutefois réussi à développer une méthodologie, reposant sur des bases de données scientifiques, permettant d’intégrer ces critères dans l’analyse de 230 fonds d’investissement classés durables. Cette avancée, publiée en 2024 dans Nature Communications Earth & Environment, montre que les critères ESG peuvent être évalués de manière scientifiquement fondée. À mesure que de meilleures données deviendront disponibles, des avancées significatives vers une finance durable plus transparente et performante seront possibles.

Vers une finance durable mieux encadrée et compétitive

Les réglementations européennes (CSRD, CSDDD) visent à renforcer la transparence et réduire les risques de greenwashing, en imposant aux entreprises de publier des données sur les critères ESG. Si elles doivent garantir aux investisseurs une prise de décision éclairée, ces lois soulèvent aussi des défis pour les entreprises en raison des exigences de reporting détaillées et des coûts associés à la vérification des données.

Pour répondre au besoin de flexibilité des entreprises, la Commission européenne a proposé fin février 2025 de simplifier certaines de ces obligations. L’enjeu est maintenant de trouver un équilibre entre l’allègement des contraintes et la préservation de la transparence. « Ces ajustements posent le défi de maintenir les finalités des directives environnementales, indispensables à une évaluation rigoureuse des fonds par rapport à leur contribution à la transition énergétique et environnementale, le tout en supportant la compétitivité des entreprises européennes », précise Enrico Benetto.

Le LIST, un partenaire pour la finance durable

Face à ces évolutions, le LIST souhaite aider les acteurs de la finance à mieux aligner leurs financements avec les exigences et opportunités réglementaires ainsi que les objectifs climatiques. En plus de son expertise en ACV et évaluation des investissements durables, il développe des applications pour détecter les chevauchements réglementaires, les incohérences et les lacunes en matière de conformité, et pour faciliter la collecte et la validation des données ESG.


« L’avenir de la finance durable repose sur des méthodologies robustes, des données transparentes et des outils fiables pour mesurer l’impact des investissements. C’est ainsi que nous éviterons le greenwashing et construirons une finance qui contribue réellement à la transition vers un futur où les bénéfices sociaux et environnementaux seront au centre de notre action. »

Enrico Benetto, responsable de l’unité Environmental Sustainability Assessment and Circularity du LIST

Texte du Luxembourg Institute of Science and Technology

Contribution partenaire in4green
Publié le mardi 25 mars 2025
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